jeudi 28 novembre 2019

"La Belle mort" de Mathieu Bablet

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L’histoire : La fin de l'humanité a eu lieu. Les insectes venus de l'espace infini sont maintenant les maîtres de la terre. À quoi bon résister ? Voilà ce que se répètent jour après jour Wayne, Jeremiah et Scham, uniques survivants de l'invasion dévastatrice. Cherchant un but, une destinée justifiant leur futile présence dans un monde en ruine, ils ne se doutent pas qu'ils font partie d'un plan bien plus vaste, quelque chose qui les dépasse complètement et qui implique un autre survivant...

La critique de Mr K : C’est notre séjour aux Utopiales en octobre dernier qui m’a donné envie d’aller farfouiller dans notre bibliothèque BD à la recherche de La Belle mort de Mathieu Bablet, un ouvrage que Nelfe a lu il y a déjà un certain temps et qui d’ailleurs n’en a jamais écrit la chronique (Bouuuuh la vilaine !). Ce jeune dessinateur est l’auteur de l’affiche de l’édition 2019 du festival SF nantais et le personnage est attachant et très doué (superbe expo le concernant cette année). De plus, je ne crache jamais sur de la post-apo surtout si celle-ci est précédée de bonnes critiques. Au final, ce fut une très belle lecture, pas parfaite mais très prenante et surtout très belle.

L’humanité a quasiment disparu suite à la prolifération des insectes et la destruction des villes par des vers géants. Dans ce contexte apocalyptique, l’auteur nous invite à suivre trois survivants qui subsistent comme ils peuvent dans un monde mort et très dangereux. L’essentiel est avant tout de trouver à manger (déjà 5 ans que la catastrophe a eu lieu et les denrées se font de plus en plus rares) et de ne pas tomber malade car sinon c’est la mort assurée. Ces trois gars partagent tout, se soutiennent et s’engueulent, dans une routine devenue désespérante et peut provoquer à l’occasion quelques beaux pétages de plomb.

Au détour d’une sempiternelle expédition ravitaillement, ils vont tomber sur un autre survivant, une femme de surcroît ! Cela va rebattre les cartes, redessiner les relations entre les trois hommes et créer de nouveaux rapports de force. Cette mystérieuse inconnue l’est-elle vraiment pour tout le monde ? Que cherche-t-elle réellement ? En effet, ce personnage est étrange, tient des propos parfois inquiétants et parle d’un événement à venir qui achèverait ce qui a déjà été accompli... Le récit de survie laisse place alors à quelque chose de plus initiatique où l’on en apprend plus sur le passé de chacun des protagonistes et la trajectoire finale qu’ils vont devoir emprunter de façon plus ou moins choisie car les rouages du destin sont parfois impénétrables...

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On a ici affaire à un bon récit post-apo. Il faut bien avouer qu’au départ, on est dans quelque chose de très balisé. Il n’y a rien de vraiment original tant dans le déroulé des événements et la caractérisation des personnages. Pour autant, le lecteur est pris par la trame très vite et plonge avec délice dans ce monde en pleine déliquescence où les parcelles d’humanité sont de plus en plus rares dans le peu de rapports humains qui subsistent. L’histoire décolle vraiment lors de la fameuse rencontre avec la survivante, le récit prend une ampleur insoupçonnée quasi métaphysique. J’ai adoré cet aspect à la fois mystique et philosophique. Au delà d’une histoire de fin du monde, l’auteur propose une vraie réflexion sur l’humain, sa place et ses aspirations. Alors oui, c’est totalement barré, limite subliminal par moment mais quel pied, quel jusqu’au-boutisme ! On est bien loin de la production lambda qui rabâche les mêmes éléments prémâchés, ici le lecteur est roi mais n’est pas pour autant pris pour un abruti. Bravo !

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Et quel écrin ! La Belle mort est tout bonnement magnifique? Un seul bémol: le choix opéré au niveau des personnages, très géométriques et manquant parfois d’expressivité ou de clarté dans leurs mouvements. Les décors, les couleurs, l’environnement global est magnifique. Bablet excelle dans l’évocation d’une ville en à l'abandon, détruite. Chaque case, chaque planche fourmille de détails avec un art de la perspective renversant. À l’inverse de certaines BD où l’on parcourt rapidement les pages, on se plaît ici à s’attarder sur chacune des images proposées, à scruter les détails qui en rajoutent en terme de réalisme et nourrissant un imaginaire de toute beauté. On ne sort pas indemne d’une telle expérience et dans son genre, Mathieu Bablet est un des auteurs de BD les plus talentueux de sa génération.

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Tout cela donne vraiment envie de poursuivre ma découverte de cet auteur, j’ai déjà repéré deux autres titres qui pourraient me plaire. En attendant ces bons moments de la lecture à venir, je ne peux que vous conseiller de tenter l’aventure à votre tour avec ce récit dynamique, intelligent et remarquablement réalisé. À bon entendeur...


mardi 26 novembre 2019

"Askja" de Ian Manook

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L’histoire : Dans le désert de cendre de l'Askja, au coeur de l'Islande, le corps d'une jeune femme assassinée reste introuvable.

Près de Reykjavik, des traces de sang et une bouteille de vodka brisée au fond d'un cratère, mais là non plus, pas le moindre cadavre. Et dans les deux cas, des suspects à la mémoire défaillante.

Ces crimes rappellent à l'inspecteur Kornelius Jakobson, de la police criminelle de Reykjavik, le fiasco judiciaire et policier qui a secoué l'Islande au milieu des années 70 : deux crimes sans cadavres, sans indices matériels, sans témoins, que des présumés coupables finissent par avouer sans pourtant en avoir le moindre souvenir.

La critique de Mr K : Ayant beaucoup aimé le précédent opus de Ian Manook, c’est avec une joie non feinte que j’entamai la lecture d’Askja pour retrouver notamment l’enquêteur Kornelius Jakobson, personnage atypique, souvent en roue libre et totalement attachant qui cette fois ci se retrouve face à un crime sans cadavre ! Le postulat de départ va le mener sur les pistes d’une machination de grande ampleur et le confronter à un passé plus que douloureux...

Comme dans son précédent thriller (voir chronique de Heimaey), l’auteur ne perd pas de temps en exposition. Perdu en pleine lande islandaise, Kornelius a été appelé par un jeune homme qui dit avoir filmé avec son drone un cadavre de jeune femme nue. Preuve photographique à l’appui, il maintient sa déposition alors qu’arrivé sur place il n’y a plus rien à part quelques traces de sang ! Intrigué, Kornelius commence son enquête, l’occasion de recroiser des personnages déjà ébauchés dans le précédent volume avec notamment Ida, médecin légiste avec qui il vit une relation complexe (pour ne pas dire compliquée), Botty, une jeune enquêtrice qu’il a contribué à former lors de ses classes, ou encore Komsy et Spinoza, un duo de flics drolatique qui nous assènent régulièrement quelques citations philosophiques bien placées. On retrouve, à l’instar d’une enquête du commissaire Adamsberg chez Vargas, l’impression de retrouver une sorte de famille avec ses fêlures, ses non-dits et ici de beaux pétages de plombs.

Kornelius reste Kornelius, mi homme mi troll, sa stature gigantesque, sa force quasi surhumaine, son aplomb ne peuvent masquer durablement un cœur d’or, doublé d’une incapacité chronique à parler aux autres et à alléger son fardeau. Au delà de l’enquête qu’il poursuit et qui pourrait bien le mener à sa perte, le récit le mettra aux prises avec son passé et notamment la relation tendue qu’il a avec son paternel, un ancien des forces spéciales au passé nébuleux. Et puis, il y a toujours sa relation difficile avec les femmes, incapable de se livrer, il passe clairement à côté de son histoire avec Ida, le déroulé de l’enquête et les circonstance vont encore plus ternir le tableau et amener des développements qui m’ont profondément ému. Ben oui, je suis comme ça, quand j’aime un perso, je vis littéralement ce qu’il vit lui-même et je peux vous dire que la fin de l’ouvrage n’est pas tendre avec lui. Qui sait ce que lui réserve l’auteur pour la suite...

L’enquête au premier abord ne semble pas très poussée. On visite plutôt les lieux les uns après les autres, alternant petites révélations et affinement des relations entre les personnages principaux. C’est bien mené, très régulier dans le rythme qui ne désemplit pas mais on se demande où tout cela va nous amener. À mi parcours, les banderilles plantées, l’auteur lâche les chevaux. Beaucoup de fausses pistes sont levées, Kornelius tombe littéralement de Charybde en Sylla, l’affaire de meurtre prend une toute autre ampleur et met en cause des personnes publiques qui cachent bien des choses. C’est l’occasion de descriptions bien senties sur le système politico-judiciaire islandais (que je ne connaissais pas du tout) et sur les collusions qui peuvent exister, la raison d’État et le développement du pays notamment. Je peux vous dire qu’on râle et que l’on tombe des nues par rapport à certaines figures rencontrées précédemment. L’effet est là en tout cas, l’attirance augmente et il est impossible de relâcher le volume avant d’avoir lu le fin mot de l’histoire.

Rajoutez là-dessus les codes du thriller / polar respectés à la lettre, des descriptions toujours plus somptueuses d‘un pays fascinant et que je rêve de visiter, une écriture qui va à l’essentiel sans pour autant tomber dans la facilité et vous obtenez un sacré page-turner qui mettra vos sens en ébullition. À lire absolument quand on est amateur du genre !

dimanche 24 novembre 2019

Trois mois de craquages !

Revenons aujourd'hui sur les différentes acquisitions que nous avons pu faire Nelfe et moi ces derniers mois, entre échanges dans des boîtes à livres locales, passages dans des dépôts-ventes et autres trocs et puces du secteur. Heureusement que je suis resté sage et que je n'ai pas remis les pieds à notre Emmaüs, le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd ! Pour autant, notre récolte n'est pas ridicule, jugez plutôt !

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Une fois de plus, je dépasse allégremment Nelfe en terme de nouveaux titres. Au Capharnaüm Éclairé, on se partage les rôles : elle est la Raison, je suis la Tentation qu'on ne peut repousser. Le butin en tout cas vaut le détour, varié et ambitieux. Il y en a pour tout le monde et tous les genres, certains ne resteront d'ailleurs pas très longtemps dans nos PAL respectives. Allez, c'est parti pour une présentation des petits nouveaux !

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- Le Voyage de l'éléphant de José Saramago. De lui, j'ai lu et adoré Caïn qui m'avait laissé KO à l'époque par la force de son écriture et son érudition ludique. C'est donc avec un plaisir non feint que je tombais inopinément sur ce titre qui promet beaucoup avec les déambulations de Salomon, un éléphant d'Asie qui va traverser l'Europe au gré des caprices de son royal possesseur. Avec José Saramago, on peut s'attendre à beaucoup d'émotions et de sagesse. Hâte de le découvrir !

- Le Mystère de la crypte ensorcelée d'Eduardo Mendoza. Cet ouvrage sera le premier que je lis d'Edouardo Mendoza dont on m'a vanté à plusieurs reprises son don de conteur hors pair. Il est ici question d'une enquête se déroulant dans un collège religieux où des rites sanglants pourraient bien être la cause de la disparition de deux jeunes filles bien sous tous rapports (du moins en apparence...). Un policier véreux, une nonne délirante et un délinquant fou sont les protagonistes principaux d'un ouvrage présenté comme un roman policier parodique au ton impitoyable. Impossible de résister !

- Les Roses d'Atacama de Luis Sepulveda. Le genre d'auteur dont j'accueille de nouveaux titres dans ma PAL sans même regarder la quatrième de couverture. Sepulveda est un vrai ravissement pour l'amoureux des mots que je suis, sa poésie et son engagement sont un modèle pour moi et le plaisir de lire est toujours aussi puissant à chaque nouvelle lecture. Ici, il s'agit d'un recueil de nouvelles humanistes où l'auteur nous propose de découvrir des hommes de l'ombre qui à leur manière sont des héros du quotidien. Prometteur !

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- L'Enfant de l'étranger d'Alan Hollinghurst. Quelle joie de tomber sur cet ouvrage ! J'avais adoré La Piscine-bibliothèque d'Alan Hollinghurst lors de sa lecture en 2015, un livre qui combinait une écriture merveilleuse, une histoire puissante et des personnages charismatiques. Dans ce livre, l'auteur peint une fresque se déroulant sur tout le XXème siècle avec au centre de l'histoire un pacte signé entre trois jeunes gens. Ce gros pavé de 765 pages a de plus reçu le Prix du meilleur livre étranger en 2013, de quoi nourrir de riches promesses de lecture, non ?

- Le Pendule de Foucault d'Umberto Eco. On ne présente plus ce maître de la littérature italienne dont j'avais dévoré notamment Le Nom de la rose ou encore L'Ile du jour d'avant (lus avant la création du blog). Avec cet ouvrage, l'auteur nous invite à nouveau dans un thriller historique, romanesque et érudit dont il a le secret avec ici ses passionnés d'ésotérisme, ses théories du complot et une menace sourde surgie des âges. Purée, ça donne vraiment envie, ce pourrait être une de mes lectures de Noël !

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- Histoires ou Contes du temps passé de Charles Perrault. Impossible de passer à côté de cet ouvrage sans l'adopter ! Depuis ma prime enfance, je suis un grand amateur de contes, j'aimais beaucoup que l'on me raconte des histoires et Perrault fait partie des auteurs qui ont accompagné mes premiers émerveillements d'auditeur (Big up à ma Mémé de la neige trop tôt disparue). Rien de tel que de replonger dans ces histoires dans leur version originale pour réveiller les souvenirs et humer l'odeur si séduisante d'une Madeleine de Proust trop longtemps délaissée.

- Belle mère de Claude Pujade-Renaud. Prix Goncourt des lycéens en 1994, cet ouvrage m'a séduit par sa quatrième de couverture intrigante présentant deux personnes qui vont cohabiter en banlieue à la suite de leurs veuvages respectifs : une belle-mère et son beau-fils. Je m'attends à une histoire très touchante, réaliste et rude... comme la vie quoi !

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- Ad Vitam Aeternam de Thierry Jonquet. Je vais me répéter j'en ai peur, mais il faut lire Jonquet ! Je commence à avoir lu pas mal de ses ouvrage et à chaque fois c'est la claque ! J'ai donc adopté celui-ci sans réfléchir ni vraiment lire son résumé. Dans ce roman qui promet d'être très noir, il est question de vengeance et de vieux secrets enfouis qui n'attendent que d'être révélés. On peut compter sur l'auteur pour nous procurer un suspens intense et une fin tétanisante. Il ne fera pas de vieux os dans ma PAL !

- Pars vite et reviens tard de Fred Vargas. Voila une aventure du commissaire Adamsberg que je n'avais toujours pas lu. Vous parlez d'une aubaine que de tomber sur cet ouvrage de Fred Vargas dans un bac d'occasion ! Je n'ai pas hésité une seconde surtout qu'il est en version brochée et dans un état impeccable. J'ai vraiment hâte de retrouver ce héros lunaire et toute sa bande de collègues plus charismatiques les uns que les autres à la poursuite de l'auteur de mystérieux signes peints sur les portes d'un immeuble du 18ème arrondissement. Un polar qui ira sans doute au delà du genre comme à chaque fois qu'on lit cette auteure.

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- Les Anges meurent de nos blessures de Yasmina Khadra. On ne dit pas non à un Yasmina Khadra. Il est à la fois un remarquable conteur d'histoire et un formidable observateur de son temps. Dans ce roman, il met en scène le parcours d'un jeune prodige de la boxe adulé par la foule, grand amoureux devant l'Éternel et fidèle à ses principes, dépassé par son destin dans l'Algérie de l'entre deux guerre. M'est avis que cet ouvrage ne restera lui non plus pas très longtemps dans ma PAL...

- Les Fontaines du paradis d'Arthur C. Clarke. L'auteur de 2001, l'Odyssée de l'espace aime conjuguer SF, science authentique et dilemme moraux. Dans ce roman, un homme a conçu une machine révolutionnaire qui permettrait de transporter hommes et marchandises hors de l'atmosphère terrestre. Problème, sur Terre un seul endroit conviendrait pour son édification et c'est une terre sacrée protégée par des moines... Je m'attends à quelque chose de bien sombre et de poignant, il va me falloir avoir le coeur bien accroché pour cette lecture je pense.

- Matilda de Roald Dahl. Retour en enfance avec cette acquisition d'un auteur que j'ai lu et relu maintes fois étant bien plus jeune. J'ai vu le film qui a été tiré de cet ouvrage lors de sa sortie (1996), il est temps maintenant de me frotter à la matière littéraire originelle avec la lutte de cette petite fille lectrice précoce contre un environnement de beaufitude absolue. Ce sera l'occasion de replonger dans une écriture qui a bercé mon enfance. Nostalgie quand tu nous tiens !

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Enfin pour terminer, les trois acquisitions de Nelfe !

- Vertige de Franck Thilliez. Nelfe était bien contente de tomber sur cet ouvrage d'un auteur qu'elle affectionne beaucoup. L'histoire fait penser au principe de la série de films Saw avec trois hommes enfermés sans raison apparente dans un lieu inconnu, enchaînés et menacés par une mort imminente et effroyable. Nul doute que Thilliez apportera à ma douce sa dose de frissons avec ce thriller très bien côté chez ses fidèles !

- Le Jardin de bronze de Gustavo Malajovich. Ma chère et tendre ne peut résister aux appels de cette collection qui à chaque lecture lui apporte moult bienfaits. C'est la quatrième de couverture qui l'a convaincue d'adopter celui-ci avec cette histoire d'un homme perclu de douleurs et de peine après la disparition de sa petite fille. Véritable tragédie intime avec au fil des ans la perte de son mariage et de son ancienne vie, il sombre peu à peu mais finira par se confronter à une vérité bien douloureuse. Un auteur argentin qui va lui plaire j'en suis sûr !

- Erik le viking de Terry Jones (avec illustrations de Boulet). Un ouvrage qur lequel Nelfe a craqué en grande partie à cause de la présence de Boulet aux illustrations, un dessinateur qu'elle suit depuis plus de quinze ans sur son blog BD. L'histoire n'est pas mal non plus avec ce voyage exploratoire teinté de fantastique, bourré d'humour (on n'en attend pas moins d'un ex membre des Monty Python) et de références aux sagas islandaises et aux contes norvégiens. Je pense que je le lui piquerai quand elle l'aura lu (ou même avant d'ailleurs...).

De très belles pioches donc que ces ouvrages rencontrés aux hasards et que le destin a mis sur nos pas. On a abandonné depuis longtemps l'idée de domestiquer nos PAL car même en se limitant, on trouve toujours de belles affaires. Le pire est à venir avec laLlittle K à venir à qui nous allons inoculer le virus de la lecture... Ce sera une troisième PAL à gérer... mais ce sera une autre histoire. En attendant ce défi hors du commun - sic -, comptez sur nous pour vous faire (re)découvrir les titres présentés aujourd'hui à travers nos futurs articles.

jeudi 21 novembre 2019

"Delirium tremens" de Ken Bruen

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L’histoire : Il n'y a pas de détectives privés en Irlande. Les habitants ne le supporteraient pas. Le concept frôle de trop près l'image haïe du mouchard. Jack Taylor le sait. Viré pour avoir écrasé sciemment son poing sur le visage d'un ministre, cet ancien flic a gardé sa veste de fonction et s'est installé dans un pub de Galway. Son bureau donne sur le comptoir. Il est chez lui, règle des broutilles, sirote des cafés noyés au brandy et les oublie à l'aide de Guinness. Il est fragile et dangereux. Une mère qui ne croit pas au suicide de sa fille de seize ans le supplie d'enquêter. "On l'a noyée" sont les mots qu'elle a entendus au téléphone, prononcés par un homme qui savait. De quoi ne plus dormir. Surtout si d'autres gamines ont subi le même sort. Surtout si la police classe tous les dossiers un par un...

La critique de Mr K : Superbe découverte que Delirium tremens de Ken Bruen, premier volume d’une série littéraire mettant en scène Jack Taylor, un ex flic complètement borderline, alcoolique notoire, amateur de formulations chocs et d’ellipses mémorielles. Dans le domaine du polar servi bien noir, cet ouvrage se pose là et malgré un résumé plutôt classique pour ce genre de production, je peux vous dire que j’ai rarement lu quelque chose d’aussi frais et bien frappé pour rester dans la métaphore éthylique...

Jack Taylor est clairement une épave. Devenu détective privé occasionnel après un coup d’éclat malheureux le mettant en cause avec une huile gouvernementale, le voila réduit à traîner ses guêtres de pub en pub, le gazier s’enfilant les verres avec un talent somme toute impressionnant. Il collectionne donc les cuites, les rencontres farfelues, les trous noirs mais aussi les gueules de bois et les réveils difficiles. Son avenir semble derrière lui, il ressasse ses illusions perdues et à l’occasion repense à sa jeunesse.

Mais voila qu’un jour, une femme vient le voir pour lui demander d’enquêter en sous main sur le pseudo suicide de sa fille. Elle en est sûre, les conclusions officielles sont erronées, la p’tite n’a pu commettre l’irréparable. Connaissant bien la maison Poulaga, Jack ne tarde pas à découvrir qu’elle n’est pas la seule victime dans ce cas, que régulièrement des affaires sont classées masquant sans doute une organisation criminelle de grande ampleur. Ne pouvant compter que sur ses moments de lucidité (pas nombreux), des amis tout aussi jetés que lui et un vieux barman à la figure paternelle, le voila parti en croisade contre lui-même et des forces adverses redoutables. Ce ne sera pas de tout repos et l’espoir est bien mince de rétablir une vérité qui pourrait faire du mal à beaucoup de monde...

Autant vous dire de suite, l’enquête en elle-même passe très vite au second plan, l‘essentiel ici est ailleurs, j’en parlerai par la suite. Pour autant, cette quête de vérité n’est pas inintéressante, le suspens est bien mené et même si très vite, on devine où les pas de Jack vont le mener, on est happé par le background et les ficelles cachées à l’œuvre derrière cette série de disparitions dramatiques. Indics, rencontres impromptues, visites de lieux particulièrement glauques sont au menu avec son lot de surprises et de rebondissements parfois complètement loufoques ou dramatiques. Ça tape dur dans ce roman et pas seulement sur le zinc d’un bar, le héros s‘en prend plein la tête et on pourrait presque comparer son enquête à un chemin de croix parsemé d’embûches et dont le principal opposant est lui-même.

Delirium tremens est surtout l’occasion pour le lecteur de découvrir Jack Taylor, un anti-héros particulièrement amoché par la vie. Esprit nébuleux, dépendance poussée à l’alcool, mauvaises fréquentation, vie de patachon, impulsivité sont son quotidien décrit ici avec une économie de mots qui facilite l’empathie pour un personnage plutôt repoussoir au départ mais qui au fil des chapitres livre des parcelles d’humanité qui nous le rendent vite sympathique. Il y a de l’inspecteur Rebus en lui (mon inspecteur favori, je suis un grand fan de Ian Rankin) même si là on est tout de même au bout du bout. Les petits flashback qui nous sont assénés concernant son adolescence puis ces débuts finissent d’enfoncer le clou et offrent un personnage vraiment complexe qui cache ses fêlures derrière l’image de poivrot fini qu’il donne à voir. Certains diront que ce n’est pas original et je ne peux qu’abonder en leur sens mais c’est ici réalisé avec un grand talent et la lecture se révèle très très addictive (un jour de lecture pour ma part et c’était dur de s’interrompre).

Il faut dire que le style est épatant et original. Les chapitres très courts (souvent pas plus de cinq pages) se feuillettent sans forcer à la manière d’un thriller mais avec une forme parfois étrange mêlant citations, mise en page différente (des passages peuvent s’apparenter à de mini listings), punchlines irrésistibles de Jack en roue libre et un hachage du rythme qui accélère le récit et le rend totalement incontrôlable. J’ai adoré et c’est un peu le cœur remué (la fin est terrible !) que l’on referme cet ouvrage en espérant dégoter le suivant au plus vite pour continuer de suivre les traces bouillonnantes d’un personnage principal vraiment à part. Une petite bombe que tous les amateurs du genre se doivent absolument de lire !

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mardi 19 novembre 2019

"Sargasso" d'Edwin Corley

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L’histoire : Le monde entier suit, à la télévision, l'amerrissage d'un vaisseau spatial américain dans la mer des Sargasses, en plein milieu du "Triangle des Bermudes". En quelques secondes, éclate un formidable drame ajoutant un mystère de plus aux immensités hostiles de l'Espace et aux profondeurs insondables d'une région marine où, depuis des siècles, des hommes et des navires ont disparu sans laisser de traces. Personne ne sait pourquoi... Ce qui se produit, lorsque la Capsule Apollo 19 est ouverte, n'est que le début d'une odyssée qui passe rapidement du fond de l'océan aux sommets du pouvoir politique, du pont d'envol d'un porte-avions américain à celui d'un inquiétant "chalutier" soviétique, des énigmes du Triangle du Diable, à la logique impitoyable des intrigues internationales, du bureau d'un président des Etats-Unis désespéré, gardien d'un terrible secret, au navire-laboratoire d'un savant américain tout aussi désespéré, qui risque d'être victime de ce même secret...

La critique de Mr K : Aujourd’hui je vais vous parler d’un ouvrage trouvé par hasard dans une boîte à livres de notre secteur. J’ai adoré la couverture au premier regard : la femme nue (on ne se refait pas), la menace invisible et les éléments déchaînés, la collection argentée "Super + fiction" d’Albin Michel bien datée... Et puis, il y a la quatrième de couverture de Sargasso d’Edwin Corley qui mêle SF, géopolitique et destins individuels torturés et franchement là, ça fait mouche, une petite lumière tentatrice s’allume dans mon cerveau et voila l’ouvrage embarqué ! Quelques mois après, j’en entamai ma lecture lors des Utopiales de cette année et bingo, la lecture fut aussi distrayante qu’addictive !

Tout démarre avec un amerrissage qui se déroule mal. Quand la capsule du vaisseau spatial américain est ouverte, il n’y a pas d’astronaute à l’intérieur. C’est ballot, surtout que les responsables de la mission sont incapables d’expliquer ce fait. Les restes du vaisseau sont tombés en plein milieu du Triangle des Bermudes ce qui épaissit le mystère et attise les tensions. En cette période de réchauffement des relations est-ouest (livre écrit en 1977 (belle année !)), la détente s’instaure entre l’URSS et les USA, même si la menace du feu nucléaire est encore bien présente, le monde souffle légèrement. Très vite, le récit nous fait part d’une autre catastrophe qui touche les soviétiques ce qui va précipiter la trame et mener à des confrontations qui pourraient bien faire basculer le monde dans le chaos.

La narration plutôt classique fait appel à de nombreux points de vue qui s’alternent de paragraphe en paragraphe donnant ainsi un rythme effréné à un récit qui finalement n’est pas si dense que cela car il n’y a pas énormément de rebondissements mais plus une longue suite d’expériences, de discussions et de découvertes. L’accent est ici mis sur les personnages qui sont nombreux, variés et tous très fouillés. Tour à tour, on suit les événements à travers les yeux d’un capitaine de navire et de son armateur japonais, d’un commandant de sous-marin de recherche, d’un officier soviétique aux prises avec sa hiérarchie en terme de morale du marin, d’une journaliste de télévision aux crocs acérés, d’un Président américain dos au mur ou encore de personnages secondaires gravitant autour des personnages susnommés (la famille proche, les relations de travail ou encore quelques invités mystères). L’ensemble prend vite l’aspect d‘une toile d’araignée savamment tissée dont les liens sont ténus, remarquablement étroits et emmêlés. La psychologie des protagonistes est très poussée, remarquable de justesse et donne un aspect très crédible à une histoire qui devient nébuleuse.

Très vite une certaine paranoïa s’installe dans les esprits. Quelle explication donner à toute une série de coïncidences et de faits inexplicables ? Les temps imposent une méfiance réciproque entre les deux blocs qui s’affrontent mais les lieux ont leur importance, des phénomènes météo étranges s’invitent dans l’histoire, font ressurgir des événements passés et le trouble grandit. N’attendez pas pour autant de grandes révélations, l’objectif ici n’est pas de révéler la nature profonde du Triangle des Bermudes mais plutôt de s’en servir pour exacerber le mystère et les points d’achoppements des vies des personnages. Pas de frustration pour ma part du coup mais un malaise grandissant et un final explosif qui ne laisse vraiment pas indifférent et fait le ménage à sa manière ! Rajoutez là-dessus, des passages mettant en exergue la vanité humaine, les jeux de pouvoir, la bêtise des puissants et la cruauté de la destinée, et vous obtenez un roman d’une grande puissance évocatrice.

Au final, on passe un très bon moment pour qui aime la SF un peu vintage. L’écriture a quelque peu vieilli par moment mais reste dynamique et source d’évasion. Les pages se tournent toutes seules et l’on se fait balader du début à la fin, ce que j’aime tout particulièrement. Les thématiques sont bien traitées, on mélange ici science et fantastique larvé, ce qui n’est pas pour me déplaire. Un roman à découvrir pour tous les amateurs d'ouvrages SF à suspens, de jeu géostratégique bien mené et de mystères insondables.

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dimanche 17 novembre 2019

"Oublie les femmes, Maurice" de Florent Jaga

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L’histoire : Nuit noire. Les phares éclairent ma caisse. Les portes claquent. Quatre types descendent, arme à la main. J'ai juste eu le temps de me libérer pour grimper dans l'arbre. J'observe la manœuvre, perché au milieu du feuillage. J'ai la vessie qui tremble. Pourvu qu'ils ne lèvent pas la tête. Oublie les femmes, Maurice, et respire encore ces collants pour tromper ta peur.

Entre désillusions et espoirs ténus, l'amour est fragile chez Florent Jaga. Les souvenirs se ravivent pour mieux s'estomper. Les chemins paraissent s'éloigner, puis, contre toute attente, se rejoignent. Plein d'humanité et de tendresse envers ses personnages, Florent Jaga observe les points de bascule avec autant de lucidité que d'empathie. Oublie les femme, Florent ? Non, surtout pas !

La critique de Mr K : Retour sur une lecture enthousiasmante aujourd’hui avec le superbe recueil de nouvelles Oublie les femmes, Maurice de Florent Jaga, un livre sorti très récemment chez l’éditeur belge Quadrature spécialisé dans ce type de littérature trop souvent boudée par les lecteurs. Étant moi-même amateur de nouvelles, Florent Jaga ayant obtenu le prix Télérama du texte court, on partait sur de bonnes bases surtout qu’ici l’auteur aborde le thème universel des relations hommes / femmes à travers de multiples textes plus ou moins longs où il conjugue talent unique de caractérisation des personnages, langue incisive et histoires qui prennent aux tripes.

On ne s’ennuie pas une seconde avec toute une série de situations allant de la banalité apparente aux réactions, événements intimes les plus cocasses voir les plus thrash. Le ton diverge donc beaucoup d’un texte à l’autre, comédie, drame, étrangeté se mêlent pour donner un recueil équilibré et plus que plaisant à lire. La preuve en est qu’il ne fallut qu’une soirée et un après-midi pour dévorer les 14 nouvelles d’un ouvrage qui fera date à mes yeux.

Tour à tour, on croise un serial noceur prit à son propre piège, un homme perclus d’habitudes qui pète un plomb quand sa femme fait les courses à sa place (ma préférée), un voyeur observant un couple étonnant, une femme observant par sa baie vitrée un curieux voisin, un curé et une pécheresse qui se rencontrent et échangent, une ex qui débarque à l’improviste chez un homme et tente de réanimer un temps l’ancien volcan que l’on croyait trop vieux -sic-, un couple en perte de vitesse allant à la plage pour faire le vide. On assiste aussi à une réception collé-montée organisée par une femme ambitieuse, un couple usé par la vie qui se déchire à distance et finira par se retrouver dans une mort inattendue, un autre couple opèrant une fuite en avant motorisée et pleine d’émotion, un autre couple allant vivre une St Valentin coquine qui pourrait bien raviver la flamme, deux voisins discutant avec en arrière fond une grosse tentation de suicide, un autre voyeur nous parle aussi de sa collection de pin-up et enfin, un mec en cavale rencontre dans son sillage une femme séduisante qui l'appelle à l’aide. Ces situations sont très variées peut-être mais au final, ce sont des scénettes d’une grande humanité qui se dégustent les unes après les autres avec un plaisir renouvelé.

On sent très vite l’amour profond de Florent Jaga pour ses personnages. Il y a une délicatesse, une finesse d’écriture qui amènent à apprécier tous les cabossés de la vie qu’il nous propose de découvrir. Sentiments et émotions sont décrits avec justesse, sans chichis et avec une fraîcheur incroyable. Allant de quatre à une dizaine de pages, l’auteur avec une économie de mots qui ne se dément jamais parvient à nous asséner ses histoires sans qu’il y ait la moindre échappatoire. On est littéralement happé par chaque récit et on n’a qu’une envie, poursuivre son chemin de lecture et découvrir d’autres destins dont il décortique les tenants et les aboutissants. Amour, amitié, espoir, déception, rancune, haine même parfois, libido en berne ou au contraire passion brûlante sont passés en revue avec à chaque fois une efficacité renversante. C’est bien simple, aucun récit ne m’a semblé faible ou en retrait. Bien sûr trois / quatre sortent du lot mais les autres sont loin d’être en reste et l’on passe vraiment un très agréable moment.

Écrits 100% crédibles, restant dans la sphère de l’intimité, avec à l’occasion un soupçon d’érotisme bien placé et très appréciable (on parle des relations amoureuses tout de même !), l’écriture est à la fois légère, exigeante et glisse toute seule ravissant à la fois les amateurs de belles formules et de contenu riche. Voilà un recueil de nouvelles vraiment exceptionnel dont le souvenir perdurera longtemps et que je vous conseille de découvrir au plus vite. Dans son domaine, Florent Jaga est un des auteurs les plus doués de sa génération, à suivre de très très près !

jeudi 14 novembre 2019

"Mes 150 pourquoi : la Terre" de Anne-Claire Lévêque et Stephane Nicollet

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Le contenu : Le monde qui nous entoure est d’une grande complexité !

Pourquoi Internet a-t-il été une révolution planétaire ?
Pourquoi parle-t-on d’un "Continent de plastique" ?
Pourquoi un être humain sur dix n’a-t-il pas accès à l’eau potable ?
Pourquoi les Japonais célèbrent-ils la déesse du Fuji-Yama ?

La critique de Mr K : Changement de registre aujourd'hui avec un ouvrage documentaire destiné aux plus jeunes à partir de sept ans. Mes 150 pourquoi : la Terre se propose, à travers de multiples interrogations, de titiller la curiosité et d’inciter à la découverte de notre chère planète bleue et de ses habitants. Plus jeune, je raffolais de ce types de livres et mes parents m’en avait offert un certain nombre. Il y a donc eu un doux parfum de madeleine de Proust lors de la lecture de cet ouvrage fort réussi.

Divisé en cinq grandes parties qui balaient toute une série de questions, il satisfera tout ceux qui s’intéressent au monde qui les entoure. La première partie se présente sous forme de cartes successives qui reviennent sur des fondamentaux comme la tectonique des plaques, les continents et océans, les climats ou les grandes nations du monde. Puis à travers une thématique "paysages", les auteurs reviennent sur les grands ensembles naturels de notre planète comme les fleuves, les lacs, les montagnes, les déserts ou les merveilles naturelles dont regorge le monde que l’on ne connaît jamais assez bien.

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Ensuite, on s’intéresse à la population humaine (c’est la mode de la géographie humaine depuis maintenant plus de trente ans) avec la répartition démographique, les grandes mégalopoles du monde, les transports plus ou moins originaux qui existent ou encore la symbolique de certains drapeaux. On enchaîne de suite avec la question des ressources avec un focus sur l’eau, sur l’alimentation, les sources d’énergie, les dangers qui menacent la Terre et les solutions que l’on peut envisager. Enfin, on termine avec les cultures du monde avec des points sur les drôles d’habitats, les cultures gastronomiques, les jeux, jours de fêtes ou encore des architectures très particulières.

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Comme vous pouvez le constater la liste est longue et à aucun moment l’ennui ne pointe le bout de son nez. Bien illustré, levant des questions parfois étonnantes, toujours enrichissantes, les pages se tournent toutes seules et sans efforts. Les plus jeunes en apprendront donc beaucoup tout en s’amusant. Je reste réservé sur certains textes que j’ai trouvé parfois orientés (je pense notamment au légendage sur le gaz vendu à un prix très accessible par la Russie, pas sûr que l’Ukraine et les pays de l’est soient de cet avis en cas de crise diplomatique) mais bon je chipote… Vous me connaissez, il faut que je râle tout de même. J’ai beaucoup apprécié par contre les éléments écologiques qui incitent nos chers têtes blondes à se saisir de ce sujet, à ne pas tomber dans le fatalisme et essayer de réagir. Greta Thunberg est passée par là et c’est salutaire.

Voilà donc un ouvrage frais, bien réalisé et qui permettra aux plus grands et aux plus petits d’amorcer des discussions intéressantes et de s’emparer de sujets hautement importants. Une chouette découverte que je vous invite à tenter à votre tour.

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mardi 12 novembre 2019

12 ans ! L'année de la 6ème !

Et oui, ça y est, notre blog est un grand garçon. Il quitte le nid pour le collège ! Pas la période la plus agréable pour Mr K (c'est qu'ils sont pas toujours très cools entre eux les mômes à cette période là et ne lui parlez pas non plus du collège unique, vous en auriez pour 2h ^^) mais pour moi ce sont des années de rigolades, de début de liberté et de bêtises de gosses. Voilà, on y est Le Capharnaüm éclairé a 12 ans aujourd'hui !

J'ai cherché un peu ce qui pourrait symboliser le chiffre 12 en préparant ce post. 12 mois dans une année, 12 signes du zodiaque, 12 Travaux pour Hercule... Oui, mais bon, tout ça c'est une évidence mais ça ne nous représente pas vraiment. Alors j'ai pensé que 12 c'était le numéro atomique du magnésium, en référence à mon côté scientifique, puis aux 12 syllabes dans un alexandrin pour la formation littéraire de Mr K... Vous avez vu, ça chauffe là haut ! Et puis il y a une chose qui nous réunit tous les 2 autour du 12. Une chose qui ne parlera pas à tout le monde mais qui ici est une institution. Bon sang, mais c'est bien sûr ! Le palet breton ! Mais qu'est-ce qu'elle raconte celle-là ? La voilà qui divague ! Sachez chers lecteurs qu'une partie de palet se déroulent en 12 points gagnants (exceptées les finales de tournois qui se déroulent en 15 points) ! Ah ça vous en bouche un coin ça hein !? Cet anniversaire est donc l'excuse toute trouvée pour la minute spéciale BZH offerte par Le Capharnaüm éclairé. Non, ne me remerciez pas..

palet breton
(Et puis, n'est-ce pas hautement photogénique sans déconner !?)

J'avais parlé l'an dernier de mon envie de revenir à des articles plus diversifiés et finalement ce ne fut pas le cas. On est resté très axé bouquins et cinéma dans le coin. Pas eu vraiment le temps, pas envie aussi parfois je dois l'avouer mais le plaisir de partager ici avec vous et sur tous les réseaux sociaux associés avec le temps (facebook quand il ne nous bloque pas pendant des semaines, twitter et puis notre chouchou insta à Mr K et moi) est toujours bel et bien présent. On a toujours considéré notre blogounet comme notre bébé, un projet commun, une passion commune à partager... Cette année à venir va voir ce rapport quelque peu bousculé avec l'arrivée d'un vrai bébé en chair et en os (et en cris et en couches) qui nous rejoindra en début d'année prochaine. C'est peut-être une annonce pour certains d'entre vous ici ! J'en profite aussi pour vous signaler qu'à cette occasion une nouvelle rubrique dédiée aux albums jeunesse verra le jour dans les prochaines semaines. Une section qui évoluera sans doute avec le temps et l'âge de notre crevette ! On reste donc encore une fois dans les livres mais que voulez-vous, on ne change pas, on met juste les costumes d'autres sur soi comme dirait une chanteuse canadienne !


(pour les 2 du fond qui auraient eu un doute...)

Alors, on en est où ici après 12 ans de blogging ? On fait notre petite vie, pépouze. On a nos lecteurs fidèles (coucou vous), un bon référencement qui nous amène quelques curieux (coucou vous), des maisons d'édition / auteurs / attachés de presse / traducteurs avec lesquels des liens se soudent au fil des ans (coucou vous), des recherches Google salaces ou insolites qui nous font débarquer des robots un peu étranges qui veulent nous marabouter ou nous introduire des objets contendants à des endroits que nous préférons garder chastes (coucou vous). On ne regarde pas le compteur, on profite de chaque jour passé à partager ce qu'on aime avec vous et on est content. Tout simplement.

Merci donc d'être là depuis toutes ces années, merci de nous suivre, merci de nous rejoindre, merci d'échanger avec nous ici ou ailleurs. C'est une chouette aventure qu'on continue ensemble !

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dimanche 10 novembre 2019

"Joker" de Todd Phillips

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L'histoire : Le film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique de l’ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck, un homme sans concession méprisé par la société.

La critique Nelfesque : J'avais très envie de voir Joker. Pourquoi ? Alors que je n'aime pas les super héros et que Batman m'indiffère passablement... Pour Joaquin Phoenix ? Pas faux, il est vrai que certaines de ses prestations, notamment dans l'excellent Her, m'avaient bluffée. Pour la Mostra de Venise ? Non, puisque j'avais prévu de le voir avant que l'acteur décroche le Lion d'or. J'ai eu fortement envie de voir Joker, tout simplement en voyant la bande annonce qui m'a scotchée à mon siège lorsqu'elle est sortie. Mr K n'était pas trop chaud pour aller le voir au départ et petit à petit j'ai réussi à le convaincre. Comme j'ai bien fait !

On suit le quotidien d'Arthur Fleck, un gars lambda avec des problèmes d'argent qui vit avec sa mère handicapée. Il s'occupe d'elle, la chérit et vit de petites missions de clown auprès d'enfants à l'hôpital et en tant qu'homme sandwich dans les rues de Gotham City. Lui-même présente un handicap, il rit nerveusement dans certaines situations, et on ne peut pas dire qu'il soit respecté par les gens qui l'entourent. De ses collègues de travail à son patron, en passant par les gens qu'il croise, il n'inspire que moqueries et méfiance. Car oui, Arthur Fleck est étrange et incompris.

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Sous traitement médicamenteux, qu'il se procure auprès de son assistante sociale dans un centre d'aide social, il est sans cesse sur un fil et peut à tout moment tomber. Cette tension est extrêmement bien rendue dans le film et nous tient à la gorge du début à la fin. Un faux pas et il tombe. Un licenciement, un passage à tabac, un mépris de plus et il bascule.

Dans un contexte social lui aussi à deux doigts de sombrer, le terreau est propice ici à un pétage de plombs en règle. Arthur veut aller de l'avant, a des rêves plein la tête, tente des choses, s'efforce de sourire en toutes circonstances comme sa mère lui a enseigné, mais arrive un moment où tout est trop dur et seul face à son mal, il va basculer et franchir la frontière qu'il tentait jusque là de garder à distance.

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Joker est à mes yeux beaucoup plus un film social qu'un long métrage en lien avec les super-héros. Vous n'avez pas vu Batman ? Vous vous fichez de tout ça et ce type d'univers ne vous parle pas ? Ici, on en est bien loin. On suit juste un homme qui arrive en bout de course et va complètement craquer face à une enfance traumatisante, une vie personnelle frustrante et un quotidien fait d'épreuves. Quand tout dans l'existence d'un homme semble lui mettre des bâtons dans les roues, quand le contexte économique et social est au diapason et que la gouvernance ne semble pas écouter le peuple, on en arrive à des situations extrêmes qui soulèvent les foules. Cela ne vous rappelle rien ?

Avec un film viscéralement prenant, qui tire la larme plus d'une fois, Todd Phillips surprend en proposant un long métrage diaboliquement actuel qui parle d'une époque, d'une génération, de la désespérance et du mal de vivre. L'acteur principal, par sa tension permanente et sa sensibilité à fleur de peau, porte le film qui ne serait pas celui qu'il est sans lui. Magnifique !

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La critique de Mr K : 5/6 : un sacré bon film qui ne passe pas loin de la case chef d’œuvre. Un acteur en état de grâce, un discours politique qui me parle, un ascenseur émotionnel d’une grande intensité font de ce film un métrage dont on se souvient longtemps après le visionnage même si pour ma part je trouve que la réalisation n’est pas exempte de défauts et empêche à mes yeux le film de côtoyer des œuvres cultes.

Joaquin Phoenix est tout bonnement fabuleux dans le rôle de ce grand benêt atteint de troubles psychotiques. Arthur Fleck vit seul avec sa vieille mère dont il s‘occupe avec fidélité. Clown de métier, il fait de la publicité dans la rue en soulevant une pancarte. Étrange et différent, il inquiète ses collègues car il est souvent pris de fous rires incontrôlables et tient des propos parfois décousus. Sous perfusion chimique, rendant visite à son travailleur social toutes les semaines, il ne se voit pas exister et patauge dans la galère. Son rêve ? Devenir humoriste. Le problème comme le dit sa mère, c’est qu’il n’est pas drôle et manque de confiance en lui.

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La routine n’est donc pas rose et les événements vont se précipiter à la suite d’un enchaînement de coups du sort qui vont faire basculer Arthur du côté obscur. Face à l’incurie des hommes, une société qui aliène les personnes les plus fragiles tout en les contrôlant via les médias, un homme pète les plombs et le Joker est cet homme ci. Mais que son chemin de croix est long et douloureux avant la libération anarchique qui va le mettre sur orbite !

Joaquin Phoenix porte tout le film sur ses épaules. Sa prestation est magistrale et nul doute que l’Oscar ne lui échappera pas. Littéralement possédé par son rôle, il joue à merveille et rend crédible un personnage tourmenté pour qui l’empathie fonctionne à plein. J’ai rarement vu quelqu’un jouer les psychopathes ou l’aliéné avec autant de brio. Dès les dix premières minutes, il me tirait déjà les larmes des yeux et je peux vous dire que ce n’était pas les dernières ! Il faut dire que le scénariste n’y va pas de main morte avec lui entre agressions, moqueries, complexes et une ambiance apocalyptique dans une Gotham City révoltée et au bord de l’implosion. Et si l’étincelle qui faisait tout sauter, c’était lui ?

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Il y a du Fight club et du V pour Vendetta dans ce film. La critique est acerbe et pointe du doigt l’impunité des puissants, la manipulation et l’exploitation des plus faibles. La société est malade, sous perfusion et l’explosion n’est plus loin. On est bien loin des films de super héros qui ne m’ont jamais séduit à cause de leur manichéisme exacerbé et l’absence de toute originalité. Ici, le mal se tapit partout, le récit sert un message politique fort avec comme aboutissement une superbe scène finale qui met le monde actuel face à ses contradictions : une démocratie qui n’en est plus vraiment une et la folie en guise de raison. Je peux vous dire que les frissons vous gagnent lors du visionnage et que l’on ne peut s’empêcher de penser à l’autoritarisme larvé de notre gouvernement, la culpabilisation et la paupérisation des plus fragiles, l’arrogance des riches et au final une société fracturée où l’on ne sait plus vivre ensemble. C’est la grosse surprise du film, une grande major se permet de tenir un discours aussi revendicatif, ça faisait un bail qu’on n’avait pas vu ça. Bien sûr la teneur est moindre que les deux œuvres suscitées mais franchement j’adhère à 100%.

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Comme dit plus haut, Joker n’est cependant pas parfait. j’ai lu ici ou là que le métrage avait des accents scorcesien. Je trouve cela exagéré avec notamment un manque d’originalité de certains effets, de certaines scènes. Sans inventivité, des scènes manquant parfois de panaches sont contrebalancées par de purs moments de bravoure... C’est aussi ça Joker, un film étrange qui met mal à la l’aise et sort des sentiers battus. Je m’attendais vraiment à moins bien moi qui ne suis pas du tout fan du réalisateur (notamment depuis le très calamiteux Very bad trip 2). À part ce défaut, tout le reste vaut le détour avec notamment une musique qui accompagne magnifiquement la mue du personnage principal. Un film à ne pas louper donc, à voir au cinéma pour bénéficier d’émotions multipliées par dix et voir un spectacle total et révolutionnaire à sa manière.

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vendredi 8 novembre 2019

"Dieu n'a pas réponse à tout (mais Il est bien entouré)" de Tonino Benacquista et Nicolas Barral

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L’histoire : Dieu résout chaque jour les millions de petits problèmes qui se posent aux humains dans leur vie quotidienne. Pour ce faire, il est aidé d'une myriade d'assistants : tous les habitants du Paradis, et quelques-uns de l'Enfer par dérogation spéciale.

La critique de Mr K : Chronique d’une lecture décevante aujourd’hui avec Dieu n’a pas réponse à tout de Benacquista et Barral dégoté dans le CDI de mon bahut. Mon avis mitigé est d’autant plus rageant que je trouvais le concept de base hyper original et que Benacquista est un auteur que ma chère Nelfe apprécie beaucoup mais au final on n’aboutit pas vraiment à grand-chose... Voici le pourquoi du comment.

L’ouvrage se divise en six historiettes où l’on voit Dieu lui-même aux prises avec des difficultés. En effet, il est censé veiller sur sa création mais parfois des situations lui échappent et il doit faire appel à un auxiliaire tout droit venu du Paradis ou du Purgatoire. Ainsi dans ce volume il va faire appel à Al Capone, Louis XIV, Sigmund Freud, Homère, Marilyn Monroe ou encore Mozart.

Ces célébrités spécialisées chacune dans leur domaine vont devoir venir en aide successivement à un chercheur en nucléaire au bord de la dépression et du geste fatal, à un jeune garçon que son père pousse malgré lui dans une direction qui ne lui convient pas, à un révolutionnaire raté dans une dictature, à un grand timide qui pourrait bien changer le monde, à une bande de SDF azimutés qui veulent s’en sortir ou encore à un groupe de flics confrontés à la corruption de leur hiérarchie. Chaque récit apporte son lot de surprises avec pour commencer à chaque fois la situation inextricable de l’humain concerné par l’intervention divine, la découverte de l’individu que le Créateur choisi pour remplir sa mission et enfin la solution mise en œuvre. Le procédé est plutôt sympa et rafraîchissant dans un premier temps malheureusement cela s’essouffle assez rapidement avec des histoires inégales et un plaisir de lire qui s’étiole.

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Bon ce n’est pas franchement mauvais, de plus jeunes esprits y trouveront leur compte mais personnellement j’ai vu venir les choses à 10 km, peu ou pas de surprises pour ma part. Les dessins sont corrects, les scénarios sympathiques mais tout cela m’a paru bancal et sans grand intérêt. Vu les situations exposées, on s’attendrait à une critique sans fard de notre société malade mais même pas, les thématiques sont simplement survolées et l’on nourrit une certaine insatisfaction pour ne pas dire frustration. Même le personnage de Dieu m’a semblé vide ce qui est un comble !

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Aussi vite lue qu’oubliée, cette BD ne restera pas dans les annales pour les aficionados du genre. Cet ouvrage est plutôt à conseiller en priorité pour les jeunes pousses pré-ados et ados qui veulent se confronter à un récit différent et explorant de manière fun et sans prise de tête des thématiques bien actuelles. Les autres peuvent passer leur chemin...

Posté par Mr K à 17:06 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
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