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Le Capharnaüm Éclairé
28 septembre 2019

"Un Curé d'enfer" de Jorn Riel

un curé d'enfer

L’histoire : Retour au Groenland ! Après La Vierge froide et autres racontars, Un safari arctique et La Passion secrète de Fjordur, Jorn Riel nous propose, cul sec, quelques nouveaux racontars burlesques qui nous ramènent chez nos amis trappeurs et chasseurs du Grand Nord.

La critique de Mr K : Voyage livresque bien dépaysant aujourd’hui avec ma lecture très enthousiaste de Un Curé d’enfer de Jorn Riel. C’est ma première incursion chez cet auteur et je peux déjà vous dire que j’y retournerai très vite tant j’ai adoré son style incisif, ce mélange peu commun de rudesse et d’humour et une évocation d’une rare acuité du quotidien de ces hommes du Nord perdus au milieu de nulle part mais qui réussissent à s’adapter à leur conditions de vie plus que difficiles.

Cet ouvrage s’inscrit dans une série de 10 recueils mais peut se lire indépendamment des autres. Certes quelques références pourront vous échapper mais rien d’irrémédiable rassurez-vous ! Un Curé d’enfer se compose de sept courtes nouvelles où l’on croise des personnages hauts en couleur que l’on peut à l’occasion retrouver d’une nouvelle à l’autre selon les desiderata d’un auteur qui s’amuse à nous narrer des racontars, petites anecdotes et histoires se déroulant dans le nord-est du Groenland. Car ils sont peu d’hommes décidés à rester sur cette terre inhospitalière où la vie se conjugue à la survie avec une organisation bien réglée où le moindre accroc peut mener au drame. Trappeurs, chef de station ou encore le capitaine du navire de ravitaillement nous racontent donc des événements étranges ou qui sortent de l’ordinaire sous forme de petites histoires où la rigueur se dispute au cynisme et à l’humour. De quoi égayer leurs soirées bien arrosées à côté d’une cheminée bien allumée !

Comme beaucoup de recueils de nouvelles le contenu est ici très varié. J’ai trouvé que tous les textes proposés se valaient, d’ailleurs au final, on se rend compte que les huit textes forment un ensemble cohérent et assez bluffant dans sa construction. On se plaît à croiser les histoires, à faire du lien et surtout retrouver des personnages auxquels on s’attachent immédiatement. Tour à tour, on va apprendre à emballer un cadavre afin de le conserver suffisamment longtemps en bon état pour qu’il soit présentable quand la famille le récupérera (il faut attendre des mois avant qu’un bateau se pointe pour pouvoir retourner au Danemark), une très belle nouvelle évoque la relation très particulière qu’a noué un homme avec un chien de traîneau et l’accident dramatique auquel ils vont survivre. Dans une autre nouvelle, un trappeur accueille un nouvel arrivant accompagné d’un drôle d’animal de compagnie venu des tropiques, la suite n’est pas triste je peux vous l’assurer ! Autre texte drolatique, celui où l’on suit le parcours d’une puce qui va voyager de site en site en pompant le sang de ses habitants au passage . On suit la panne d’inspiration d’un aspirant écrivain qui trouvera une solution peu commune à l’aide d’une boite de sardine à l’huile. Enfin, l’ultime récit voit l’arrivée sur ce continent de glace d’un curé particulièrement intransigeant qui n’a qu’un but : bannir l’alcool des foyers ! Autant vous dire qu’il aura fort à faire ! Chaque nouvelle est précédée d’une petite citation qui prend tout son sens quand on termine sa lecture, souvent l’ironie est de mise et l’on sourit à la répartie bien sentie que l’auteur nous assène.

Très vifs, les récits alternent avec un talent certain, historiettes tantôt cocasses, tantôt plus graves avec de beaux moments de description de la vie rude de ces hommes du bout du monde. Loin de la civilisation, il faut s’adapter et dans ce domaine, on en apprend beaucoup durant cette lecture. La pêche et la chasse, la transformation des prises est au cœur des préoccupations ainsi que le chauffage, l’entretien des cabanes et l’élevage des chiens de traîneau. Il y a aussi l’alcool qui est omniprésent dans ces récits, on est dans un monde d’homme où l’on trompe la solitude et l’isolement par les paradis artificiels éthyliques. C’est aussi l’occasion dans certains passages de voyager, de s’évader dans le grand paradis blanc avec sa neige à perte de vue, ses animaux sauvages et la rudesse de son climat qui endurcit les corps mais pas les cœurs. Il faut de la solidarité et de la solidité pour tenir et ces racontars en sont la preuve éclatante.

Il est donc beaucoup question de l’humain dans ces textes aussi percutants qu’évocateurs. Amitié, effort, travail mais aussi croyance, foi et bonnes bitures sont au programme d’un ouvrage qui se lit d’une traite avec un plaisir renouvelé. C’est un recueil très réussi et qui incite fortement le lecteur à partir en quête des autres racontars que cet auteur talentueux a pu écrire. Suite de la découverte dans un prochain post...

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Commentaires
E
je l'avais lu il y a longtemps - quel plaisir à chaque fois !
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N
J’aime beaucoup cet auteur que je n’ai pas connu avec ses racontars mais sa série, comme je te l’ai dit: Heq, le chant de celui qui désire vivre. Je te la recommande
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