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Le Capharnaüm Éclairé
2 mai 2019

"La Mer qui prend l'homme" de Christian Blanchard

La Mer qui prend l'hommeL'histoire : Au large des côtes du Finistère, un chalutier à la dérive est localisé. Lors de l'opération de sauvetage, une femme est retrouvée dans une remise, prostrée, terrorisée et amnésique. Le reste de l'équipage a disparu.
Parmi eux se trouvaient trois anciens militaires français. Xavier Kerlic, Franck Lecostumer et Paul Brive avaient embarqué sur le Doux Frimaire à Concarneau, encadrés par le lieutenant Emily Garcia, des services sociaux de la Défense. Celle-ci devait expérimenter avec eux une méthode de lutte contre le stress post-traumatique en les insérant dans un groupe d'hommes soudés par de rudes condition de travail - les marins du Doux Frimaire.
"Je ne le sens pas, ce coup. Qu'est-ce qu'on vient faire dans cette galère ?" avait lancé Franck en montant à bord, avant que le chalutier ne lève l'ancre en direction de la mer d'Irlande et ne disparaisse des radars...

La critique Nelfesque : Voici un roman qui a éveillé ma curiosité lors de sa sortie en fin d'année dernière. Avec La Mer qui prend l'homme, on nous promet un thriller haletant, un huis clos étouffant sur le pont d'un bateau de pêche au large des côtes bretonnes. Malgré toutes ces bonnes intentions, force est de constater que le soufflé retombe. Explications.

Un cadre breton, Concarneau en trame de fond, un bateau dans une mer déchaînée, des anciens militaires traumatisés par des événements vécus sur le terrain : voici quelques ingrédients qui sur le papier ont tout pour me plaire. J'aime la Bretagne et j'y vis avec mon breton de mari depuis des années. J'aime particulièrement Concarneau, berceau de l'enfance de Mr K, et je me suis amusée à parcourir ses rues en lisant ce roman. Le décor est planté, je n'ai pas besoin de faire preuve de beaucoup d'imagination, je suis prête à embarquer sur le Doux Frimaire, ce bateau de pêche où Xavier, Franck et Paul doivent prendre place.

Le principe de placer ces trois anciens militaires dans une situation inconnue et particulièrement marquante afin de soigner leur stress post-traumatique est une idée qui me plaît bien. J'aime les personnages cassés par la vie dans les thrillers et on se trouve ici dans une configuration que je n'ai encore jamais rencontré dans un roman. Chouette, ça promet !

Xavier, Franck et Paul se connaissent depuis longtemps mais ne se fréquentent plus depuis une mission commune sur laquelle ils ont travaillé ensemble en Afghanistan. Un quatrième larron manque à l'appel : Walter, retrouvé mort dans sa maison de l'île de Batz en début de roman. Pourquoi ne se sont-ils jamais revus depuis leur retour de mission ? Pourquoi les convier aujourd'hui à cette expérience ? Tout sera expliqué, et ira même au delà de nos espérances, dans les plus de 300 pages que compte cet ouvrage.

Et c'est bien le "au delà de nos espérances" qui pose problème. Le background est extrêmement bien mené, le passé des militaires est passionnant et l'écriture de Christian Blanchard vive et efficace donne un rythme bienvenu à l'ouvrage. Nous suivons en parallèle l'enquête sur la mort de Walter sur l'île de Batz et les aventures des pêcheurs et des militaires sur le bateau avec par moment des flashbacks nous ramenant sur le théâtre des opérations en Afghanistan. Tout part pour le mieux, l'ensemble est efficace et le roman est vraiment prenant jusqu'au moment des révélations finales, ce moment où nous tombons dans le rocambolesque et le what the fuck. Patatra, tout se casse la figure et c'est une grosse déception.

Le rythme s'accélère, le lecteur est pris dans une urgence digne des plus grands thrillers. Les pages se tournent et on en redemande. Mais comme dans un excès de confiance, pris par cette dynamique endiablée, l'auteur part dans des délires au moment de porter l'estocade à son roman. D'abord ébahie par l'ampleur de la révélation, j'ai commencé à sourire pour partir franchement en fou rire quelques secondes plus tard tant la révélation est grossière et grand-guignolesque. Se marrer sur les dernières pages d'un thriller censé faire froid dans le dos, avouez que c'est ballot... Rater une marche ou se prendre les pieds dans un tapis m'aurait fait la même impression.

Tout n'est donc pas à jeter dans "La Mer qui prend l'homme" (tintintin) mais, vous l'aurez compris, le trop est l'ennemi du bien. Dans la même veine, je pense qu'il existe des romans bien plus solides sur des thématiques semblables à celles soulevées ici et qu'une bonne idée ne fait pas forcément un bon livre. A méditer...

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Commentaires
M
Erf, bon le pitsch m'intéressait mais là.....<br /> <br /> Je n'aime pas du tout quand toute la construction d'un polar se casse la figure.<br /> <br /> Dommage le livre est arrivée dans ma pal par voie de concours.
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