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Le Capharnaüm Éclairé
26 avril 2019

"L'heure des fauves" d'Andrew Klavan

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L'histoire : New York, le jour de la fête de Halloween. Nancy Kincaid découvre qu'elle a disparu : lorsqu'elle se rend à son travail, elle s'entend demander par la secrétaire ce qu'elle fait là dans le bureau de ... Nancy Kincaid. Terrifiée, elle s'aperçoit que personne ne la reconnaît plus. Ni ses collègues, ni ses parents. Elle dérive alors dans la ville, poursuivie par une petite voix insistante qui lui murmure à l'oreille qu'un meurtre va être commis le soir même. A huit heures, l'heure des fauves. Un rendez-vous qu'elle ne doit pas manquer sous aucun prétexte... Mais est-ce pour être l'assassin, ou la victime ? Et d'abord, qu'est-ce exactement, "l'heure des fauves" ?

La critique de Mr K : Petit plaisir coupable aujourd'hui avec une nouvelle incursion dans la collection terreur de chez Pocket. Pour le coup, je trouve qu'avec L'heure des fauves d'Andrew Klavan, la maison d'édition est hors-jeu. On est plus proche d'un thriller que d'un roman d'épouvante pur-jus ici avec un récit faisant la part belle aux rebondissements, aux révélations et livrant des personnages principaux vraiment torturés. J'ai passé un très bon moment, voici pourquoi...

Une femme va à son travail comme d'habitude sauf qu'elle se rend très vite compte que personne ne la reconnaît et qu'elle n'est pas vraiment la personne qu'elle pense être. Passant pour une folle, commence pour elle un véritable road movie : poursuivie par la police, non reconnue par ses proches, elle entend des voix qui lui parlent d'un mystérieux rendez-vous où elle doit se rendre... En parallèle, on suit Oliver, un poète en panne d'inspiration et sa douce voisine attentionnée qui se verrait bien être plus qu'une simple amie. Et puis, il y a Zach, le frère du précédent, complètement allumé de la tête, pseudo mystique qui est retombé dans la drogue depuis peu. Rajoutez à cela, un cadavre décapité, un bébé braillard, une grand-mère adorable qui sucre les fraises et une odieuse conspiration qui se fait jour et vous obtenez un page-turner rondement mené et bien addictif!

Se déroulant sur une journée (le jour d'Halloween), le roman nous propose de suivre le destin de quelques personnages en alternant leur présence chapitre après chapitre. Bien évidemment, vous connaissez le jeu : rien ne semble vraiment les relier les uns aux autres mais il n'en est rien, quand toute la trame sera mise en place, on se rendra compte qu'on s'est bien fait rouler ! À ce niveau, je peux vous dire qu'on se fait avoir et qu'un personnage notamment vous fera hérisser les poils du dos, vous agacera au plus haut point... Personnellement, j'étais dans tous mes états, surtout que je n'avais vraiment rien vu venir alors que je peux tout de même me targuer d'avoir quelques livres du genre à mon actif...

Il faut dire que l'auteur s'y entend pour noyer le poisson et fournir des pistes aussi nombreuses que trompeuses. Présentant longuement les personnages, explorant leurs passés à travers des phases de flashback internes intenses, on se demande bien où il veut en venir. Il en découle des protagonistes très fouillés, crédibles, en proie aux affres du doute et parfois même de la paranoïa. On ne tombe pas dans le cliché dans cet ouvrage, j'ai trouvé ces caractérisations très bien fichues, entre efficacité et détails qui tuent. Certes, le rythme du livre s'en voit ralenti au début, il faut bien attendre la moitié du roman pour que ça décolle mais les passages de réflexions internes sont prenants et l'on ressent complètement tous les états par lesquels passent les personnages.

On navigue donc dans une ambiance étrange à l'image de cette journée d'Halloween qui se déroule très lentement avec en exergue l'heure des fauves fixée à 20h00 quelque part à New York. Angoisse, frissons et même folie sont au rendez-vous. On trouve dans les 410 pages de cet ouvrage de bons passages sur notre propension à perdre pied quand la réalité nous rattrape, voire nous dépasse. Hallucinations, altérations du jugement, poussées craintives et méfiances exagérées s’enchaînent et donnent à voir notamment une héroïne en roue libre qui avant tout se cherche et finira par découvrir la vérité sur ce qui lui arrive. Pas de fantastique au sens propre du coup, mais plutôt une séparation pas très nette entre univers fantasmé et réalité quotidienne, les deux se confondant, se mêlant et entraînant les personnages et le lecteur dans des contrées fort déplaisantes... et c'est peu de le dire ! Petite cerise sur le gâteau, étant amateur de la grosse pomme, c'est toujours un plaisir de lire un ouvrage se déroulant à New York. La ville est un personnage à elle toute seule : la foule, les rues perpendiculaires, les building ombrageux, le métro et ses tunnels mystérieux... elle contribue grandement à la dramatisation de l'histoire et épouse à merveille les événements qui nous sont donnés à lire.

Très bonne lecture donc que ce roman qui s'avale quasiment d'une traite avec ses personnages charismatiques, son écriture très plaisante et une trame bien tordue. Tout n'est pas parfait avec notamment des situations un peu tirées par les cheveux mais au final, on ne lui en tient pas vraiment rigueur, tant on a été pris par l'histoire et ses implications. À lire si vous êtes amateur du genre, vous ne serez pas déçus.

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