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Le Capharnaüm Éclairé
22 novembre 2018

"Le Feu primordial" de Martha Wells

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L'histoire : Le royaume d'Île-Rien vit sous la menace d'un dangereux sorcier, l'énigmatique Urbain Grandier. Dans sa capitale de Vienne, le jeune et faible roi Roland règne sous l'influence d'un entourage équivoque et ambitieux. Seule Ravenna, la reine douairière, garantit encore l'intégrité du royaume. Or voici que reparaît à la cour la soeur bâtarde de Roland, Kade la demi-fée, fille du vieux roi défunt et de la reine de l'air et des ténèbres. Vient-elle s'emparer du trône ? Est-elle de mèche avec Urbain Grandier?

Le capitaine Thomas Boniface, ex-amant de Ravenna, est peut-être le dernier rempart entre Île-Rien et le chaos. À lui de comprendre qui est l'ami, qui l'ennemi. Mais son intelligence et ses qualités de soldat suffiront-elles à préserver le trône, surtout si la magie du royaume des fées fait irruption dans Vienne?

La critique de Mr K : Retour à la fantasy aujourd'hui avec cet ouvrage lu durant la période des Utopiales. Dégoté pour presque rien lors du défrichage de la médiathèque de Lorient, Le Feu primordial de Martha Wells m'avait attiré par sa quatrième de couverture intrigante (notamment le goût de l'auteur pour l'Histoire de France) et la maison édition L'Atalante que j'aime beaucoup. Ce fut une lecture rapide et très plaisante, même si les surprises ont été rares (le genre est assez codifié), on se plaît à suivre les intrigues de palais et les combats à l'épée qui parsèment ce roman très efficace.

Qui dit fantasy, dit souvent grandes chevauchées à travers de vastes espaces, des quêtes mystiques aux relents initiatiques et souvent, des nuits improbables dans des tavernes isolées (mon côté breton apprécie à chaque fois). Oubliez cela pour ce titre qui se déroule quasiment en huis-clos dans le château royal de Vienne, capitale du royaume d'Ile-Rien. Une sourde menace semble peser sur les lieux, le roi-enfant faible et influençable pourrait bien perdre sa place au profit de comploteurs parfois à peine masqués : des nobles ambitieux et sans scrupules, un magicien échappé du royaume voisin qui convoiterait le pouvoir du monarque ou encore l'invasion possible depuis l'outre-monde où réside des fées bien loin de celles qu'on nous vante dans les contes du même nom. Bel imbroglio dans lequel se débattent les personnages principaux dont Thomas Boniface, capitaine de la garde de la reine, fidèle à son serment d'allégeance et grand bretteur.

L'unité de lieu s’accompagne d'une unité de temps. Il ne se passe pas une semaine entre le début et la fin du volume, cette action concentrée donne une densité bienvenue au récit qui du coup se concentre sur l'essentiel. Pas de délayage ici mais une succession de rencontres, d’interactions entre personnages forts, combats épiques mêlant magie, poudre et lames, éléments d'enquêtes digne d'un roman policier plus classique, révélations plus ou moins attendues et même amour filé entre deux êtres très différents. Pas le temps de s'ennuyer, on enquille les pages sans vraiment s'en rendre compte et c'est même parfois frustrant de devoir s'arrêter tant on est happé par l'histoire et le rythme trépidant qui nous est proposé.

Le héros en lui-même n'est pas le plus attachant des personnages, bien que souvent ironique et plein d'à propos, je l'ai trouvé plutôt monolithique. Cette fadeur ne lui enlève pourtant pas ses qualités et met en lumières les autres protagonistes. Au premier rang d'entre eux, j'ai adoré le personnage de Kade, la demi-sœur du roi, fruit d'une union hors du commun entre le roi et une fée. Appartenant à deux mondes, repoussée de toute part, cette fêlure nourrit le personnage et la porte toujours en avant, la dotant d'un caractère bien pourri comme je les aime. C'est bien simple, dès qu'elle fait partie d'une scène (c'est-à-dire quasiment sur la moitié du livre), elle rayonne et charme irrémédiablement le lecteur. Étant amateurs de complot et de trahisons à la Game of Thrones, j'ai aussi particulièrement apprécié les bad guys qui s'avèrent très réussis, entre félonie abjecte et frustration de leur condition sociale. L'ensemble se marie bien, baignant dans une ambiance crépusculaire qui habille le roman d'oripeaux très séduisants. De manière générale, les personnages bien que plutôt convenus sont bien traités, explorés en profondeur et enrichissent un récit finalement pas si développés que cela, l'action étant limité dans le temps comme dit précédemment.

La fantasy est ici virevoltante et sans concession (l'attaque de la Horde sur le château à mi-parcours est impressionnante, la description des arts magiques), séduisant l'amateur que je suis malgré un air parfois de déjà lu. J'ai aussi beaucoup apprécié la caractérisation, les descriptions liées au château et ses dépendances (belles cartes jointes au début du livre) qui donne un réalisme bien poussé au contexte. On aime faire l'aller retour entre les passages écrits et le document cartographié, on s'imagine complètement dans les scènes décrites et l'on s'amuse à suivre les héros au plus près. Je peux vous dire qu'on l'explore en long, en large et en travers ce château et qu'il réserve bien des surprises.

Bonne lecture donc, idéale pour passer un bon moment loin de la réalité et s'évader vers un monde onirique où l'héroïsme et le danger vont de pair. Les amateurs de fantasy devraient apprécier surtout s'ils veulent se lire un one-shot sans prétention et facile d'accès. Avis aux amateurs !

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