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Le Capharnaüm Éclairé
13 août 2018

"Metro 2034" de Dmitry Glukhovsky

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L'histoire : La Sevastopolskaya, une des stations habitées les plus méridionales du métro moscovite, produit une grande part de l'électricité qui alimente celui-ci.

Harcelée par des monstres des tunnels sud, elle ne doit sa survie qu'au courage de ses défenseurs et à l'afflux constant de munitions en provenance de la Hanse.

Cependant, la dernière caravane d'approvisionnement n'est jamais revenue de la ligne Circulaire, pas plus que les groupes de reconnaissance envoyés à sa recherche.

La critique de Mr K : C'est avec une grande joie et beaucoup d'espérances que j'emportais avec moi pour notre cours séjour en Dordogne Metro 2034 de Dmitry Glukhovsky. J'avais adoré Metro 2033, je suis fan de l'auteur depuis mes lectures successives de Sumerki et FUTU.RE, je ne prenais donc pas énormément de risques. Brisons le suspens de suite, ce volume est une très belle réussite qui complète idéalement le premier volume et apporte un plaisir de lecture immédiat et durable.

Nouveau volume, nouveaux personnages ou presque. En effet, on retrouve ce bon vieux Hunter, guerrier hors norme, adepte des missions périlleuses, exilé désormais dans une station secondaire en extérieur du réseau métropolitain moscovite. Rappelez-vous, celui-ci est devenu le refuge de l'humanité qui tente de survivre suite à l'atomisation de la surface détruisant toute possibilité de vie paisible à cause des radiations et des créatures mutantes que la catastrophe a engendré. Tout commence dans Metro 2034 par des expéditions envoyées dans une station proche et qui ne reviennent pas. Hunter est chargé d'aller inspecter les lieux et de découvrir ce qui s'y trame. Il se fait accompagner par Homère un vieil homme qui prépare un gigantesque livre pour rendre hommage à l'humanité. Au cours de leur mission, ils rencontreront Sacha, une jeune fille orpheline depuis peu et qui va devoir s'adapter au plus vite à sa nouvelle situation.

On retrouve toutes les qualités de l'opus précédent. Tout d'abord le background est toujours aussi impressionnant, précis et sans pitié. On est clairement dans une ambiance à la Mad Max et le plus bluffant réside dans le fait que Glukhovsky l'enrichit encore davantage alors qu'il avait déjà pas mal levé de mystères dans le précédent. Ainsi, on en apprend davantage sur les conditions de la catastrophe, la course aux armements et les premières heures de l'apocalypse nucléaire déclenchée par des dirigeants malades de pouvoir. On poursuit aussi notre découverte du métro moscovite aux ramifications complexes, aux noms de stations évocateurs et aux mœurs aussi variées que parfois effrayantes. On revient dans certains lieux déjà évoqués dans le premier volume mais surtout, l'auteur prolonge la visite vers des lignes désertes ou non encore explorées. C'est l'occasion de se frotter à d'autres organisations, d'autres logiques d'établissement et de gestion du pouvoir. Les stations centrales qui illuminent les yeux des voyageurs et des néophytes cèdent ainsi la place parfois à des lieux bien glauques où le pire peut survenir à n'importe quel moment.

Je me suis fait accrocher très vite grâce aux personnages qui une fois de plus se révèlent fouillés, complexes et très nuancés. Loin de tomber dans le manichéisme facile, les nouveaux protagonistes n'ont rien à envier aux anciens aperçus lors de ma lecture précédente. J'ai une tendresse toute particulière pour Homère qui tente d'effectuer un travail de romancier – conteur - historien alors que le chaos guette face à des menaces variées et terrifiantes. Sacha est plus classique dans sa caractérisation mais son destin s'apparente à un vrai voyage initiatique qui la révélera à elle-même et servira énormément aux autres et à appréhender des événements graves avec un œil neuf et surtout qui détone dans un monde de violence brute où la loi du plus fort est souvent la seule qui prévaut. Quel plaisir aussi de retrouver Hunter qui est bien cabossé dans ce volume et complètement barré, possédé qu'il est par un étrange organisme qui semble le contrôler et le pousse dans ses retranchements les plus extrêmes. Et n'oublions pas les très bons personnages secondaires traités avec talent, minutie et économie de mot pour ne jamais tomber dans le catalogue mais permettant de livrer un récit vif et très dense.

C'est là tout le talent de Glukhovsky : proposer un récit enlevé, addictif et vraiment dépaysant tout en abordant au détour de conversations entre protagonistes et des descriptions dantesques des thèmes très contemporains. On retrouve ainsi sa fascination pour la notion de filiation et de transmission du savoir, l'incurie de l'être humain face aux défis écologiques et sociaux, la violence et son utilisation pour exercer sa domination sur un ou plusieurs groupes humains, les utopies confrontées au pragmatisme d'une situation unique ou encore la quête de soi pour se réaliser et se dépasser. Cela donne lieu à des passages d'une grande profondeur, très enrichissants tout en n'alourdissant pas le matériau d'origine.

Ce fut une très belle lecture vous vous en doutez : on passe par tous les états entre émerveillement devant tout le talent déployé, écriture d'une richesse et d'une qualité épatante, un récit qui ne perd jamais en puissance et au final une expérience de lecture unique en son genre qui contribue à renforcer encore plus toute l'admiration que j'éprouve à l'endroit de Dmitry Glukhovsky. Une belle claque qui fait du bien, vivement le passage en poche de Metro 2035 !

Déjà lus et chroniqués du mêem auteur au Capharnaüm éclairé :
- Metro 2033
- Sumerki
- FUTU.RE

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Commentaires
L
J'ai bien aimé "Métro 2033" mais pas au point de prolonger la lecture par les deux tomes suivants. Monsieur serait peut être tenté lui, il a beaucoup plus accroché que moi. Une idée de cadeau du coup ? :) Par contre, j'ai bien envie de tenter "Futu.re" que j'ai repéré.
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