Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
18 mars 2018

"L'Apiculteur" de Maxence Fermine

L-apiculteur

L’histoire : Je recherche l'or du temps, écrivit le poète André Breton. Cette maxime aurait pu être celle d'Aurélien, héros de ce roman d'aventures initiatique. Depuis qu'une abeille a déposé sur sa ligne de vie une fine trace de pollen doré, ce jeune Provençal de la fin du XIXe siècle ne rêve plus que de l'or - un or symbolique, poétique, qui représente bien plus que le métal précieux. Son rêve le décidera à se détourner des champs de lavande familiaux pour installer des ruches et fabriquer le miel le plus suave. Puis, après l'anéantissement de son travail par un violent orage, à partir pour l'Abyssinie, où l'attend une femme à la peau d'or, qu'il a vue en rêve...

La critique de Mr K : Belle lecture que cette nouvelle incursion dans l’univers littéraire si particulier de Maxence Fermine. On retrouve dans L’Apiculteur tout son art de l’écriture simple, accessible qui construit avec justesse et poésie une trame universelle qui nous émeut profondément. Décidément, voila un auteur à suivre...

Dans cet ouvrage, on retrouve au centre de l’histoire un homme en quête du bonheur à travers l’art. Cette fois ci, il s’agit d’apiculture, de cultiver l’or sucré des abeilles, insectes qui fascinent Aurélien, un jeune provençal vivant dans une région vouant un culte à la lavande, principale pourvoyeuse de fonds aux paysans du coin au XIXème siècle. Il ne s’en laisse pas compter et monte sa petite affaire avec lenteur mais avec une grande volonté : il se renseigne, lit beaucoup, commence à fabriquer ses ruches. Par son abnégation, il parvient assez vite à de belles récoltes. Malheureusement, il est stoppé en plein élan par les éléments, un orage venant briser ses rêves. Dans un rêve peu de temps après le drame, une vision lui vient, celle d’un voyage en Abyssinie où l’attendrait une femme étrange au charme indéfinissable. C’est le début d‘une aventure qui le mènera aux confins du monde à la rencontre de lui-même et de ses rêves.

Très court comme chaque roman de cet auteur, composé de chapitres ultra resserré, on reconnaît la patte si caractéristique d’un grand économe des mots à l’humanisme larvé dans chaque phrase ou micro-chapitre. Les lignes pénètrent profondément et durablement dans l’esprit du lecteur qui goutte ici à la quintessence du roman d'apprentissage. Sous ses apparences de simplicité se cache une histoire à la portée bouleversante qui nous emporte loin, très loin dans l’exploration des mystères d’une vie humaine : ses aspirations, ses obstacles, ses déchirures et cette capacité à rebondir si le cœur nous porte vers de nouveaux horizons. C’est poétique une vie, c’est rude et joyeux à la fois. C’est tout ceci que décrit si bien l’histoire d’Aurélien, un homme qui pourrait être vous ou moi.

On s’attache immédiatement à cet orphelin qui court après ses rêves. Entouré de son grand père aimant et septique, de la douce Pauline fille du tavernier qui l’enlasse de sa douceur, Aurélien n’est pas doué pour le malheur. Malgré les coups du sort, son optimisme et son envie de vivre le font toujours aller plus loin. Sa passion paraît éteinte, il part sur un autre continent comme Rimbaud avant lui chercher un sens à sa vie qui semble tranchée irrémédiablement. Il y fera de nombreuses rencontres qui le feront progresser, tour à tour douter mais aussi réfléchir à son existence. Empreint de sens caché, son parcours initiatique le ramènera finalement en Provence où lui sera révélé au final une certitude qu’il effleurait depuis trop longtemps.

Quelle beauté et quelle poésie dans cette lecture qui s’effectue d’une traite avec un plaisir renouvelé à chaque page ! Emplie de sagesse et de visions sublimes (ainsi la Provence et l’Afrique resplendissent de couleurs chatoyantes et attirantes qui cachent cependant parfois une rudesse redoutable), le réel rejoint par les rêves donne à voir une philosophie apaisante et humaniste. Il faut souvent parcourir un long chemin avant d’accéder au bonheur. Une histoire envoûtante qui fait vraiment du bien à découvrir absolument.

Également lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
Neige
Le Violon noir
- Opium

 

Publicité
Publicité
Commentaires
N
J’ai adoré le violon noir et Neige. J’espère avoir l’occasion de lire celui-ci car le sujet me touche particulièrement
Répondre
M
Et voila, je le savais : dans ma wish-list ! Que ça a l'air beau et la couverture est juste sublime ! Comme d'habitude chez vous, jolie chronique qui donne envie ☺☺☺
Répondre
W
6 ans qu'une amie blogueuse m'a fait découvrir ce roman tout simplement magnifique. Je l'avais emprunté mais depuis je l'ai récupéré dans une boîte à lire et j'aimerai beaucoup le relire !!!<br /> <br /> Pour l'instant, Maxence Fermine ne m'a jamais déçu.
Répondre
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité