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Le Capharnaüm Éclairé
8 mars 2018

"Community" de Estelle Nollet

CommunityL'histoire : Lorsque huit hommes et deux femmes s'installent sur la base scientifique de New Aberdeen, en plein océan austral, au milieu des otaries à fourrure, des albatros, des gorfous et des skuas, aucun d'entre eux ne s'attend à jouer les Robinson Crusoé du XXIe siècle. Mais dans cet écosystème coupé du monde, même les plus passionnés par l'observation des espèces rares dont l'îlot est le dernier repaire finiront par se concentrer sur leur propre survie. Qui résistera à l'aventure ?

La critique Nelfesque : Avec "Community" de Estelle Nollet, bienvenue dans un ouvrage entre récit de voyage, littérature contemporaine et survival. Ce roman ne ressemble à aucun autre tant d'un moment à l'autre, il change de genre.

Nous suivons 8 scientifiques dans leur travail quotidien pendant 1 an sur la base de New Aberdeen, une île sans civilisation coincée au beau milieu de l'océan Austral. A 7 jours de navigation de la terre ferme, avec pour unique visite le ravitaillement au bout de 6 mois de présence, ces hommes et ces femmes sont coupés du monde et vivent en communauté pour le meilleur et pour le pire. Enfin, à la base, surtout pour le travail. Leur vie est réglée comme du papier à musique et chacun a sa spécialité, certains récoltent des données sur la flore de l'île, d'autres sur les espèces ornithologiques présentes... Ces données sont consignées et transmises au centre afin d'être analysées. La vie de scientifique...

Pour que la logistique de l'île tourne sans grain de sable dans les rouages, quelques hommes sont aussi là pour s'occuper des scientifiques. C'est le cas de Cookers, le personnage principal, un néo-zélandais qui va remplacer à la dernière minute le cuisinier de l'expédition victime d'un accident et hospitalisé. Une aubaine qui tombe à point nommé dans sa vie puisque Cookers vit des moments difficiles dans sa vie personnelle. Un an au vert lui fera le plus grand bien.

On en apprend ici beaucoup sur le quotidien des scientifiques et c'est vraiment très intéressant. Le lecteur est au plus près des études menées et part régulièrement en randonnée sur l'île pour dénicher telle ou telle espèce d'oiseaux. L'expédition est composée de personnes passionnées qui ne vivent que par leur travail. Mais bien sûr, rien ne va se passer comme prévu et quand le bateau qui devait les ravitailler ne passe pas, que la radio tombe en panne, qu'une tempête approche et que le groupe se retrouve livré à lui-même au bout du monde, les peurs et les instincts de chacun vont se réveiller.

Estelle Nollet fait monter peu à peu l'angoisse du lecteur qui se demande, comme les personnages de son roman, ce qui a bien pu se passer et ce qui va advenir de cet équipage. Véritables rats de laboratoire, nous les regardons alors d'un autre oeil, avec une curiosité accrue. Enlevez une certitude à quelqu'un, inoculez-lui le doute, laissez mijoter et observez. Les comportements changent, le fort devient le faible, le faible se transcende... Certains perdent leur humanité.

"Community" est un focus sur la société, un miroir grossissant, une exception qui confirme la règle. Chaque personnage est intéressant et trouve une utilité à un moment donné. La construction de ce roman est fine et millimétrée. Dommage que la fin soit un peu trop abrupte à mon goût. Ce huit clos bien senti aurait mérité une conclusion moins brutale. L'expédition va tourner au cauchemar et l'enfer vient parfois de soi-même...

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Commentaires
C
Excellent article tout en finesse. Les huis clos dans de grands espaces semblent être la marque de fabrique d'Estelle Nollet (dans ses quatre romans) ainsi, jamais ennuyeux, ils nous font voyager et elle aussi par son style si varié et si bien adapté aux situations, du plus cru au plus poétique. Justement l'intérêt de les relire même si l'on en connaît la fin (qui ouvre toujours sur une possibilité d'espoir : ce pourquoi je ne les trouve pas trop "abruptes") c'est, lentement, d'en apprécier mieux ce style très particulier.
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N
Je l’avais repéré et tu confirmes que je dois le lire. Quand j’etais ado je rêvais de partir en expédition au pôle ; bon là je risque de déchanter ! Mais qu’importe si le récit est bien construit.
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