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Le Capharnaüm Éclairé
4 décembre 2017

"J'irai pas en enfer" de Jean-Louis Fournier

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L’histoire : Il a mis la Sainte Vierge dans les wc de l'institution Saint-Joseph. 
Il regarde les dames toutes nues dans les livres.
Et, surtout, il a fait à Dieu une promesse qu'il va certainement ne pas tenir.
Le petit Jean-Louis a toutes les bonnes raisons pour aller cuire dans les marmites de l'enfer.
Pourtant, quelquefois, il va au ciel.
Quand Alfred Cortot lui joue Chopin, quand Luis Mariano lui chante La Belle de Cadix...
Après ses démêlés avec un père alcoolique (Il a jamais tué personne, mon papa), ses démêlés avec le Père éternel.

La critique de Mr K : C’est avec un plaisir non dissimulé que j’entamai ma lecture de J’irai pas en enfer de Jean-Louis Fournier, un petit livre qui se dévore très rapidement, à la manière d’un paquet de bonbons devant lequel on ne peut résister. C’est un auteur que j’adore et qui a souvent écrit sur lui-même. Il revient dans ce volume sur ses années collèges et sa propension à l’époque à s’attirer les foudres de tout le monde, y compris le Père Éternel.

L’élève Jean-Louis n’est pas de tout repos : provocateur, agitateur, volontiers fainéant, il est aussi très rêveur, curieux, cultivé et n’arrive pas vraiment à trouver ses marques dans le monde. Élève dans une institution catholique, les adultes ne sont pas tendres avec lui et son caractère de tête de pioche donne lieu à de sacrées anecdotes et des échanges vifs et savoureux. Son père alcoolique n’étant d’aucun soutien (voir chronique enthousiaste sur Il a jamais tué personne, mon papa) et la maman n’étant pas toujours disponible avec le foyer à gérer, il doit bien souvent se débrouiller seul à l’ombre d’un grand frère doué pour les maths et au caractère plus apaisé. Dur dur de faire son chemin, se construire et s’épanouir dans ces circonstances.

Écrit comme les souvenirs d’un môme, s’exprimant avec ses mots et ses expressions et ses erreurs du coup, ce livre suit surtout les questionnements du jeune Jean-Louis sur Dieu, la Mort, la notion de divinité, la vie après la mort et l’accession au Paradis. Bien que croyant, il y a des fêlures dans sa foi et nombre de faits bibliques se heurtent au pragmatisme et au matérialisme du jeune. Bien que d’aspect simple, cette confrontation est ici porteuse de sens et à travers les démêlés du narrateur, un questionnement plus profond s’empare du lecteur. C’est malin, étonnant parfois cruel mais c’est la vie vue à travers les yeux d’un gamin un peu paumé. Personnellement, j’ai totalement adhéré.

Ce livre donne à voir aussi la société française de l’époque qui a clairement disparue depuis. Les scènes dans l’école catholique sont assez criantes et vieillottes dans le domaine avec des frères et des abbés d’une rigueur de fer menant études et cours tambour battant, tant pis pour ceux qui ne suivent pas ou ressentent d’éventuelles difficultés de compréhension. La part de la religion est bien plus importante en effet et les relations entre personnes ont aussi beaucoup évolué depuis. Ainsi, la vie de famille est beaucoup plus cadrée, la distance est assez importante entre les enfants et leurs géniteurs, et il y a la figure du père inatteignable car malade (un chapitre fait d’ailleurs très bien le lien avec l’ouvrage que l’auteur a écrit sur son père).

Les thématiques sont nombreuses, parfois difficiles mais le style léger, drôle, décalé et enfantin est d‘une profondeur confondante. À travers ce regard porté, on apprend énormément de chose sur une époque désormais révolue et sur le destin de l’auteur. Tout ceci en rigolant beaucoup et en souriant bien souvent aux maladresses du gamin. Un petit bonheur de lecture que je vous invite à découvrir au plus vite.

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Commentaires
B
Bsr , une très grande variété de livres , que choisir ...
Répondre
V
ses livres ne se valent pas tous au niveau qualitatif, alors je note ce titre.
Répondre
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