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Le Capharnaüm Éclairé
4 novembre 2017

"Le Dernier Hyver" de Fabrice Papillon

hyver

L’histoire : Août 415 après J-C. : La ville d'Alexandrie s'assoupit dans une odeur âcre de chair brûlée. Hypatie, philosophe et mathématicienne d'exception, vient d'être massacrée dans la rue par des hommes en furie, et ses membres en lambeaux se consument dans un brasier avec l'ensemble de ses écrits.

Cet assassinat sauvage amorce un engrenage terrifiant qui, à travers les lieux et les époques, sème la mort sur son passage. Inéluctablement se relaient ceux qui, dans le sillage d'Hypatie, poursuivent son grand œuvre et visent à accomplir son dessein.

Juillet 2018 : Marie, jeune biologiste, stagiaire à la police scientifique, se trouve confrontée à une succession de meurtres effroyables, aux côtés de Marc Brunier, homme étrange et commandant de police de la "crim" du Quai des Orfèvres. Peu à peu, l'étudiante découvre que sa propre vie entre en résonance avec ces meurtres.

Est-elle, malgré elle, un maillon de l'histoire amorcée à Alexandrie seize siècles auparavant ? Quel est ce secret transmis par Hypatie et au cœur duquel se retrouve Marie ? L'implacable destin peut-il être contrecarré ou "le dernier Hyver" mènera-t-il inéluctablement l'humanité à sa perte ?

La critique de Mr K : Un vrai et bon page turner aujourd’hui avec Le Dernier Hyver de Fabrice Papillon, premier roman d’un auteur spécialisé à la base dans la vulgarisation scientifique (une vingtaine d’ouvrages à son actif dans ce domaine). Il marche ici dans les pas d’un Dan Brown en proposant une enquête haletante aux confins de l’histoire, de l’ésotérisme et de la hard science. Une belle lecture qui malgré quelques scories a le mérite d’être efficace et furieusement addictive.

Les ingrédients de base n’ont rien d’original sur le papier : des meurtres épouvantables sont commis dans la capitale selon un rituel étrange semblant venu du fond des âges, la collaboration entre une jeune étudiante à priori naïve avec un flic usé par l’existence, une confrérie antédiluvienne et une conspiration à l’échelle mondiale, des flashback réguliers à différentes époques du passé pour expliquer le présent. L’intrigue tenant sur tout de même 613 pages, les indices nous sont révélés au compte-goutte avec un savoir faire sadique certain, maintenant un suspens parfois intolérable et obligeant le lecteur à se coucher tard. C’est bien simple, j’ai lu ce livre en deux jours en mode no-life tant j’ai été happé par l’histoire.

Et oui, malgré un manque de surprise dans les thématiques, l’ensemble est rudement bien ficelé. Ainsi, même si les personnages ont un goût de déjà lu, ils restent profondément charismatiques et les liens qui les unissent créent une unité profonde et réservant quelques surprises malgré tout. Le flic est taciturne à souhait, vraiment au bord de la rupture, on s’attache à lui très vite, l’aspect ours-grognon fonctionnant à plein. Marie, l’étudiante hyper douée n’est pas en reste avec un déboussolement qui ne va pas aller en s’arrangeant jusqu’à la révélation finale. On a beau se douter que ça va faire mal, je dois avouer que la fin m’a diablement séduit car sachez-le, le happy-end n’est pas de mise. Clairement, le dénouement à lui seul vaut le détour, ça fait du bien de sortir un peu des sentiers battus et même si pour cela il faut attendre les 50 dernières pages, quel pied !

L’enquête en elle-même est menée avec brio et beaucoup de technique, les apports sont nombreux en terme de connaissances pures et l’on en apprend beaucoup sur les forces de l’ordre et leurs récentes réorganisations. L’ombre du 13 novembre 2015 plane d’ailleurs sur ces pages, l’auteur y faisant souvent référence comme dans la littérature américaine après les attentats du World Trade Center, il y a un avant et un après Bataclan en France. Une certaine tension en émane, un climat différent et clairement une certaine paranoïa que l’auteur distille avec finesse tout au long des phases d’enquêtes. Réaliste et sans pathos, la partie enquête de l’ouvrage se lit avec un plaisir certain.

La partie dite historique et scientifique est assez passionnante aussi malgré des entorses à la réalité. On retrouve ainsi des personnages célèbres qu’il est bien pratique d’user et de réutiliser à l’envie dans ce genre de thriller ésotérique (pêle-mêle ici Curie, Elisabeth I, Newton, Vinci, Voltaire...). C’est sympa d’essayer de tirer le vrai du faux surtout si comme moi vous avez étudiez l’Histoire dans votre jeunesse. Les autres se laisseront embarquer dans un rêve funeste et terrifiant. Perso, je n’y ai pas cru un moment même si ça ne me déplaît pas de m’évader dans un trip de conspiration pluri-millénaire à la Da Vinci Code. À ce propos, j’ai trouvé peu élégant de la part de l’auteur de se gausser à l’occasion de deux passages de Dan Brown (un dialogue entre flics, le touriste US dans une église anglaise) qui même s’il n’est pas toujours un auteur de haut calibre (voir ma critique d’Inferno) a eu le mérite de séduire des millions de lecteurs. Peut-être étaient-ce des clins d’œil, je les ai trouvés lourd-dingues et malvenus. La partie scientifique pure quant à elle est bluffante, pour le coup je n’y connaissais pas grand chose (je ne vous parlerai pas des domaines vus car cela donnerait des indices sur la teneur de la trame principale), j’en suis ressorti plus riche et éclairé. L’auteur n’a pas son pareil en tout cas pour expliquer avec des mots simples des concepts compliqués à priori hors de porté pour le béotien en la matière que j’étais.

C’est donc un ouvrage qui m’a énormément plu et qui a réussi à m’embarquer littéralement, le genre de livre auquel on pense et repense durant sa lecture ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Bien écrit, érudit mais sans exagération, structuré et maîtrisé de bout en bout, sans longueurs inutiles, on passe un excellent moment et la fin est géniale. Idéal pour se détendre durant une période de vacances, c’est le genre de bouquin qu’on ne peut relâcher une fois débuté si on est amateur du genre. Vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous faites partie du lot.

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Commentaires
E
je n'ai pas du tout accroché à Dan Brown donc depuis je fuis... bon j'avais beaucoup aimé l'Aliéniste et 1789 (ou un titrre proche) quand on mêle histoire et thriller mais là je ne sais pas. Après si j'ai peu de choix de lectures et qu'un de ses livres est dispo, pourquoi pas ?
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W
Tu me donnes envie de le découvrir. Le début du résumé sur le meurtre d'une savante dans l'Antiquité me fait penser au film Agora si je ne me trompe pas. Si j'ai l'occasion de l'emprunter je n'hésiterai pas.
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