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Le Capharnaüm Éclairé
2 août 2017

"Eleanor" de Holly Black

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L’histoire : Zach, Poppy et Alice partagent une passion : les jeux de rôle avec des figurines. Ils ont inventé un monde à eux, peuplé de pirates, de cruelles sirènes, de voleurs et de trésors. Ce monde est dirigé par la Sublime Reine, incarnée par une inquiétante poupée de porcelaine qui trône derrière une vitrine chez Poppy et qui semble tout observer à travers ses paupières closes.

Or un jour, un incident pousse Zach à arrêter le jeu. La nuit suivante, la poupée se réveille et se confie à Poppy ; elle a jadis été fabriquée avec les cendres d’une fillette nommée Eleanor, et elle exige d’être enterrée avec les siens, sinon les trois amis ne connaîtront jamais le repos...

La critique de Mr K : La couverture d’Eleanor de Holly Black a de suite attiré mon attention lors de notre passage à la médiathèque de Lorient pour le désherbage annuel des lieux. Le côté burtonien m’a d’emblée séduit et la lecture de la quatrième de couverture achevait de me convaincre entre une mystérieuse poupée possédée et un groupe de pré-adolescents adeptes de jeux de rôle à l’ancienne (j’ai moi-même été accro à cette activité pendant un certain temps...). De bons ingrédients de base qui me rendaient optimiste avant d’entamer la lecture de l’ouvrage...

Zach, Poppy et Alice sont trois amis qui aiment passer du temps ensemble en dehors des cours. Spontanés, plutôt cultivés et joueurs ; ils s’adonnent régulièrement à des jeux de rôle avec leurs figurines favorites. Ils y rêvent d’aventure et de romance, combattent nombres de créatures et de complots ourdis par des forces obscures. Mais voila qu’un jour, l’un des trois larrons annonce aux deux autres que la poupée représentant la reine toute puissante de leur royaume imaginaire lui a parlé en rêve et qu’elle serait habitée par l’esprit d’une jeune fille morte depuis très longtemps. Afin de pouvoir lui apporter le repos, ils doivent partir de l’autre côté de l’État pour enterrer ses restes auprès des autres membres de la famille. Commence alors un drôle de voyage où chacun va apprendre à davantage se connaître et où les positions et certitudes de chacun vont être chamboulées.

Tout d’abord, j’ai apprécié les trois personnages principaux. Ces trois jeunes sont vivants et complètement représentatifs de leur âge : ils sont enthousiastes, inconséquents mais aussi très vulnérables. L’union faisant la force et malgré quelques dissensions, ils vont réussir à traverser bien des épreuves malgré des obstacles qui parfois peuvent sembler rédhibitoires. Les dialogues sont vifs, les caractères bien trempés (surtout les deux filles) et on rentre complètement dans l’esprit d’une petite bande de copains. Loin d’être niais, au détour de certaines péripéties et discussions, on lève le voile sur les tenants et aboutissants de leur relation quasi fusionnelle. Mais on sent assez vite qu’ils se trouvent à un moment charnière de leur existence, l’adolescence pointe le bout de son nez avec l’affirmation de soi, le corps physique qui change et aussi les premiers émois. Tout cela va bouger les lignes et provoquer quelques tensions. À ce niveau là, le roman est une réussite, on croit aux personnages et on s’y attache facilement.

Pour le déroulé de l’intrigue, je suis plus circonspect. Certes c’est maîtrisé de bout en bout, développé, mais l’ensemble manque d’originalité. Comme c’est un roman jeunesse ce n’est pas bien grave, les plus jeunes n’ont pas forcément un gros bagage de lecture derrière eux mais j’ai trouvé l’ensemble plutôt convenu. Pas de réelles surprises donc mais des situations qui s’enchaînent bien, logiquement... Pas fou fou ! Et pourtant, il y avait matière à écrire une histoire bien plus angoissante car finalement ici l’aspect fantastique est très léger, l’auteur préférant se tourner davantage sur l’évolution de ses personnages. Je m’attendais à plus d’exposition de la poupée, de ses motivations et quelques scènes bien fortes pour exploiter au maximum l’aspect surnaturel. J’ai attendu, attendu mais il n’est jamais venu...

Pour autant, Eleanor se lit très bien. L’écriture est très agréable ; loin d’être minimaliste, elle insuffle à merveille la vie aux personnages et conduit le récit dans un rythme enlevé. On passe donc un bon moment même si on ne peut s’empêcher de penser que le résumé est trompeur et qu’il s‘agit bien plus d’une chronique d’entrée dans l’adolescence (très réussie par ailleurs) que d’un réel roman fantastique jeunesse. À tenter si le cœur vous en dit.

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Commentaires
M
Pourquoi pas, même si tu n'es pas totalement enthousiaste...
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