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Le Capharnaüm Éclairé
23 juin 2017

"Ne dis rien à papa" de François-Xavier Dillard

L’histoire : Quatre jours et quatre nuits se sont écoulés avant que la police ne retrouve la victime dans cette ferme isolée. Quatre jours et quatre nuits de cauchemars, de douleurs et de souffrances, peuplés de cris et de visions imaginaires en face de ce jardin dans lequel elle a été enterrée vivante.

 

Sur un autre continent, loin de cet enfer, Fanny vit avec son mari et leurs jumeaux Victor et Arno. Leur existence bien réglée serait parfaite si elle ne percevait pas, au travers des affrontements qui éclatent sans cesse entre ses enfants, chez l’un, une propension à la mélancolie et, chez l’autre, un véritable penchant pour le mal. Chaque jour elle se dit qu’elle ne pourra plus supporter une nouvelle crise de violence, ces cris qui la replongent au cœur d’images qu’elle voudrait tant oublier... À n’importe quel prix...

 

Et lorsqu’un nouveau voisin s’installe dans la grande maison, elle souhaite offrir le portrait d’une famille parfaite. Mais chaque famille a son secret et le sien est le plus terrible qui puisse exister.

 

La critique de Mr K : François-Xavier Dillard avait fait assez grand bruit lors de la sortie de son premier roman intitulé Fais-le pour maman, titre que je n’ai d’ailleurs pas lu mais très apprécié sur la blogosphère. C’est donc avec sa dernière sortie littéraire, Ne dis rien à papa, que je découvre l’auteur et ce que je peux en dire en préambule c’est qu’il est efficace dans le genre, par contre pour l’originalité et la surprise, on repassera. Chronique d’une lecture agréable, rapide mais pas mémorable.

 

A travers des chapitres ultra-court (3 à 6 pages maximum), nous suivons à tour de rôle et de manière plus ou moins proportionnée différents personnages sans liens apparents entre eux : une mère de famille fleuriste à la vie réglée comme du papier à musique, un survivant d’un massacre ne comprenant pas où il en est, un policier menant l’enquête sur une série de meurtres particulièrement horribles de médecins. On nage en eaux troubles au départ car l’auteur se garde bien de livrer tous les éléments psychologiques et factuels liés à chacun d’entre eux. Vous vous doutez bien que tout va finir par s’imbriquer pour livrer une vérité bien dérangeante...

 

Autant le dire de suite, le principal défaut de cet ouvrage est qu’il respire le déjà-lu et pourtant par rapport à Nelfe, je lis beaucoup moins de polar/thriller page-turner. Très vite cependant, j’ai commencé à me douter de certains liens et de logiques de développement de personnages. Même si je n’ai pas découvert 100% des rouages de l’histoire, j’en ai capté une belle moitié dès les cent premières pages. Niveau suspens, l’effet est donc gâché et je suis arrivé à la fin de l’ouvrage un peu déçu de ne pas avoir été baladé davantage.

 

Dommage dommage... Car sur le reste, Ne dis rien à papa est de très belle facture. On accroche très vite aux personnages qui même s’ils ne sont pas très novateurs dans leur traitement proposent très vite une tension sous-jacente assez impressionnante. Le poids des secrets est de plus en plus lourd sur leurs épaules, le bateau des mensonges prend l’eau et à force d’écoper sans vraiment résoudre les soucis, l’équilibre est perdu et la vie de chacun ne sera plus jamais la même. Soupçon, paranoïa et meurtres sanglants se conjuguent allègrement dans une suite macabre et mortifère (les amateurs de passages bien thrash apprécieront les quelques fulgurances présentes dans le texte). Très vite tout espoir semble perdu et la dernière partie du roman livre des actes sans concession et une conclusion bien cruelle comme je les aime.

 

Le rythme rapide emballe de suite le lecteur et malgré la brièveté des tranches de vie ou de réflexion intimes qui nous sont données à lire, on plonge littéralement dans l’ambiance glauque et dérangeante du roman. L’écriture à défaut d’être exceptionnelle esthétiquement (on est loin d’un Dantec dans Les Racines du mal par exemple) est d’une remarquable efficacité, le mot page-turner est ici très adapté à cette lecture véloce et addictive. Reste qu’en refermant Ne dis rien à papa, même si sur le moment le plaisir est là, on ne retiendra pas grand chose de cette lecture si du moins on est un habitué du genre.

 

Étrange sensation donc, entre plaisir coupable et manque d’originalité frustrant. À chacun de se décider à tenter ou non l’aventure. Pour ma part, j’essaierai quand même de trouver le premier roman de l’auteur pour me faire une idée plus définitive sur lui.

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