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Le Capharnaüm Éclairé
26 octobre 2016

"Pauline" d'Alexandre Dumas

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L’histoire : Quel est le secret que cache Pauline ? Pourquoi fuit-elle le regard d’autrui ? Quel drame creuse son visage et altère son teint ? "Personne n’ignore par expérience que le danger inconnu est mille fois plus saisissant et plus terrible que le péril visible et matérialisé", confie Pauline. En épousant le comte Horace de Beuzeval, un homme diabolique, la jeune femme a signé son arrêt de mort : chaque jour est devenu synonyme d’angoisse et d’effroi...

La critique de Mr K : Impossible de résister à un Dumas qui vous tend ses bras lors d’un chinage. C’est ce que je me suis dit lorsque j’ai découvert le présent volume dans une caisse à priori anecdotique. Je ne connaissais pas du tout l’existence de ce court roman, la quatrième de couverture a fini de me convaincre et je m’en portai acquéreur. Quelques temps plus tard, je me décidai à entamer la lecture. Grand bien m’en a pris car Pauline nous donnant à lire un curieux roman entre aventure et roman noir, une petite bombe à addiction immédiate.

L’histoire nous est racontée par le biais d’Alfred de Nerval (sic) qui raconte à son ami (on s’imagine que c’est Dumas lui-même) une bien étrange et triste histoire qui lui est arrivée : sa rencontre avec Pauline, une superbe jeune fille dont il tomba amoureux fort jeune mais qui lui échappa à cause des conventions sociale de l’époque qui ne le jugeaient pas assez pourvu financièrement pour pouvoir prétendre l’épouser. Des années plus tard, leurs chemins sont amenés à se recroiser dans des circonstances beaucoup plus tragiques : Pauline n’est plus que l’ombre d’elle-même, son mariage est un échec et une menace sourde plane sur elle. Plus on avance dans le récit-témoignage, plus on sent ce fatum se resserrer, emprisonnant les principaux personnages dans une chape de plomb où nul espoir n’est permis.

L’action se déroule au XIXème siècle, ce qui change par rapport à mes lectures précédentes de Dumas. L’ambiance est donc bien différente, loin des intrigues de couloirs et des combats à l’épée, l’ambiance est ici plus feutrée, plus sombre aussi. S’inscrivant dans la tradition du roman gothique à l’anglaise, Pauline propose ainsi des décors inquiétants, des événements quasi surnaturels, des situations macabres et des personnages extrêmement violents car torturés intérieurement. Noir c’est noir : épisodes nocturnes nombreux apportant frissons et mystères, tempête quasi biblique, des ruines étranges perdues au milieu de nul part, un passage secret découvert par hasard, le poison et la mort omniprésente qui transpirent des pages et attirent inlassablement le lecteur vers un dénouement que l'on devine funeste.

En parallèle, on verse dans l’écrit romantique avec des personnages animés par la passion qui dévore et possède totalement celui qui lui cède. Horace De Beuzeval est un modèle du genre et dans sa folie, il se révèle bien plus intéressant que le palot narrateur, archétype du héros chevaleresque cherchant à sauver sa bien aimée déjà condamnée sans qu’elle le sache. La nature est aussi très présente dans ces pages et prend des formes variées. Le ton quasi lyrique de certains passages la rende tour à tour merveilleuse comme très inquiétante. Le passage dans la forêt est un modèle du genre et prouve qu'une description bien faite vaut tous les artifices à suspens du monde. L’expression des sentiments est ici à fleur de mot, chacun se livrant sans entrave ni limite dans ses retranchements. L’amour, la mort, la paix et le désordre sont autant de thématiques disséquées et jetées à la face du lecteur pantelant et totalement possédé par ses pages pourtant datées.

Tout s’explique par le génie littéraire de Dumas, l’aspect classique de l’histoire cache un don de la narration vraiment hors pair (ici nous sommes dans le non linéaire, chaque récit s’emboîte parfaitement avec les autres) et un style qui n’a pas vieilli ou si peu. Emporté par le souffle d’un Dumas inspiré, j’ai lu Pauline en deux traites (il faut bien dormir) et j’en suis ressorti heureux et profondément marqué par les destins brisés qu’il nous convie à observer. Une superbe lecture à entreprendre au plus vite !

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