L'histoire : Avant, il se contentait de casser les jouets de son petit frère... Maintenant il a compris que le petit frère lui-même peut aussi être un jouet.
Harry Beevers est un sale gamin, une brute, mais le voisin l'a surnommé l'"intello", l'ayant surpris un jour plongé dans un livre.
"- La lecture mène à tout, avait-il ajouté.
-Ca ne peut pas lui faire de mal !" avait renchéri sa mère.
Mais le livre qu'Harry a trouvé dans le grenier n'est pas n'importe quel livre. C'est L'hypnose facile, guide pratique. Et tout ce qu'il raconte paraît tellement incroyable...
Harry a vraiment hâte d'essayer, d'autant qu'il a trouvé le sujet idéal : son petit frère.
La critique de Mr K : Après quelques lectures de la rentrée littéraire, je souhaitais m'orienter vers une lecture plus récréative et le genre horreur / terreur est idéal dans ce cas là à mes yeux. Dans ma PAL, j'ai quelques représentants du genre qui n'attendaient qu'une chose : que je les choisisse ! Je jetais donc mon dévolu sur Sans portes ni fenêtres de Peter Straub, un auteur plutôt réputé dans le genre et que je n'avais jusque là jamais pratiqué. De plus la quatrième de couverture promettait un récit bien barge et déviant dans la droite lignée du Jeu du jugement de Bernard Taylor que j'avais en son temps adoré. Au final, je suis plutôt mitigé...
Première surprise, il ne s'agit aucunement d'un roman mais d'un recueil de six nouvelles entre-coupées de micro-récits de deux à trois pages. Il y a donc bien l'histoire de ce frère sadique qui va tester l'hypnose sur son niais de petit frère mais aussi d'autres récits qui pour le coup ne versent pas forcément dans l'épouvante pure. C'est une semi déception car j'étais parti pour quelques bonnes pages de frousse et les attentes dans le domaine n'ont pas été comblées même si comme vous allez le lire, tout n'est pas à jeter loin de là.
On croise pas mal d'individus bien tordus dans les 400 pages que recèle ce recueil. Tour à tour, on côtoie un jeune garçon bien dérangé qui va expérimenter l'hypnose sur son jeune frère, un garçon passionné de cinéma qui vit sa vie à travers les œuvres qu'il va voir et qui va faire une terrible rencontre (le mot terrible ici n'est pas galvaudé, la nouvelle met vraiment très mal à l'aise le lecteur), un gros mythomane qui s'invente une vie auprès de ses parents et amis qui voue un culte aux biberons (oui oui ça surprend au début!), un taxi-man proposant des shows oniriques dans un cirque interlope et un écrivain désargenté qui part en Angleterre pour faire des recherches sur une poétesse comptant parmi ses aïeules. Ils ont tous en commun un destin contrarié, une soif de reconnaissance et une expérience virant à l'étrange à un moment de leur vie.
Peu ou pas de frissons comme dit précédemment dans cette lecture mais plutôt une suite de portraits très précis de personnages torturés d'une manière ou d'une autre. L'auteur se plaît à explorer les abysses et recoins obscures de l'âme humaine entre aspirations et contradictions, fascination pour la mort et l'attirance vers l'interdit. La peur n'est certes pas au RDV mais le dégoût, le désappointement et la surprise bien souvent, surtout sur trois nouvelles en particulier. En cela, certains récits sont de belles réussites livrant des personnages riches, denses et particulièrement dérangés, la bascule s'effectuant au détour d'un simple mot ou d'une simple phrase. La normalité disparaît au profit d'un monde, d'une expérience différente, déviante et souvent saisissante. J'ai aimé l'aspect borderline de certains personnages qui dévissent vraiment complètement.
On navigue souvent entre quotidien routinier et quelques éclats qui ne sont pas sans conséquence. C'est à la fois le point fort et le défaut de l'ouvrage. Peter Straub écrit très bien, les lignes qui composent ce recueil recèlent une grande qualité littéraire mais à force de trop se concentrer sur la forme, on en perd de l'intérêt et deux nouvelles qui comptent plus de 100 pages aurait mérité quelques travaux de débroussaillage tant on a l'impression que l'auteur se complaît dans la description inutile. J'ai tenu malgré tout car je souhaitais à chaque fois bien appréhender la fin proposée mais honnêtement je me suis parfois ennuyé ferme. À côté de cela, l'auteur nous offre de splendides pages sur la vie aux USA, sur les petites villes dont on ne parle jamais et sur les coutumes qui régissent le calendrier américain.
Je suis donc sacrément partagé par ce recueil qui je crois doit être réservé aux amateurs de belle langue et de l'auteur en particulier. Dans le genre en tout cas, j'ai lu bien mieux en terme d'efficacité.