Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
1 juin 2016

"Le Temple du passé" de Stefan Wul

CVT_Le-temple-du-passe_3391

L'histoire : Se trouver en perdition dans l'espace, c'est assez inquiétant. Atteindre un monde proche et sombrer dans un océan sans fond, c'est plus grave. Se perdre enfin dans un dédale incompréhensible et vivant, c'est catastrophique. Massir aura-t-il assez d'ingéniosité et de volonté pour s'en tirer ? Ou bien ses os pourriront-ils dans le temple du passé ?

La critique de Mr K : Retour à de la bonne SF des familles avec un ouvrage clairement à classer dans de la série B mais attention, de bonne qualité ! Roman polymorphe, Stefan Wul alterne ici huis clos, hard science et évocations poétiques à travers le destin de Massir, capitaine perdu dans l'espace qui cherche à tout prix à s'en sortir pour finir ses jours sur Terre.

L'action débute directement sans grande explication. La fusée de Massir et de ces deux compagnons survivants est égarée, échouée dans l'espace dans un endroit indéfinissable: vapeurs de chlore, parois organiques… très vite la piste d'un monstre gigantesque fait son chemin. Jonas des temps moderne, Massir va devoir tout mettre en œuvre pour réussir à sortir de cette prison de chair et tenter de s'échapper pour rentrer à la maison.

La première partie du roman s'apparente à un huis clos étouffant et fort bien mené. On découvre à travers quelques phrases bien tranchées le capitaine Massir, héros remarquable de sang froid, au caractère bien trempé et aux connaissances diverses semblant inépuisables. Enfermé dans le cercueil vivant qu'est devenu sa fusée, il va très vite retrouver Jolt, jeune médecin stagiaire qui va s'avérer très utile par la suite. Ils finiront aussi par découvrir Roan, un homme d'arme lui aussi prisonnier du vaisseau disloqué. Début d'exploration, interrogations, crises de désespoir, reprises en main rythment un roman qui démarre sur les chapeau de roue, faisant la part belle au survival et à l'introspection.

Puis, la révélation de la nature profonde de leur prison va faire basculer le récit tantôt dans la hard science (genre que je réprouve d'habitude car souvent lourd-dingue et sans âme) tantôt dans des passages plus oniriques mettant en scène les pensées intimes des humains ou de la créature cyclopéenne. L'aspect technique des développement du jeune Volt pour tenter de percer les mystères qui les entourent et repartir restent limités ce qui évite l'overdose de termes abscons et les flashback vers des épisodes douloureux comme mes cours de chimie en 5ème / 4ème. Les passages rêvés m'ont davantage plu et convaincu avec une sensibilité à fleur de peau et des descriptions d'une grande légèreté et beauté qui nous emportent loin de chez nous sur une planète bien inhospitalière, peuplée de créatures étranges.

Les relations tissées par le trio sont bien construites bien que la caractérisation soit courte. Très vite d'ailleurs, un personnage meurt et le duo survivant va devoir apprendre à se supporter pour ne pas tomber dans la folie qui guette à chaque espoir déçu. La tension devient sourde et épaisse, le dernier tiers du roman livrant un dernier axe de narration étonnant, parfois grand-guignolesque (bien que réussi, l'épisode avec les lézards rouges est haut en couleur) et un ultime chapitre glaçant bien que peu surprenant si l'on pratique régulièrement le genre. On ressort heureux de cette odyssée d'un genre nouveau, incertaine, à l'issue logique et porteuse de sens.

Le Temple du passé a été écrit en 1970. Clairement cela se sent, on n'écrit plus vraiment ainsi aujourd'hui. Écriture datée certes (certains vocables sont totalement inusités de nos jours) mais jamais rébarbative, le rythme soutenu de l'action pare aux désagrément de certains passages parfois too much. Cela n'enlève en rien aux qualités énumérées plus haut, ce livre n'étant finalement avant tout qu'un bon roman d'aventure SF à la lecture rapide et aux influences mêlées œuvrant pour le plaisir du spectateur. Ce n'est déjà pas mal, non ?

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité