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Le Capharnaüm Éclairé
8 octobre 2015

"Les Lumières de Central Park" de Tom Barbash

L’histoire: Si Raymond Carver avait vécu à Manhattan, il aurait indéniablement pu être l’auteur de ces nouvelles, qui explorent la façon dont les relations entre les êtres naissent et se brisent. Tels cette femme récemment séparée qui s’immisce dans la vie sentimentale de son fils ou ce jeune homme qui s’inquiète de voir son père, veuf depuis peu, devenir la coqueluche de ces dames.

 

La critique de Mr K: Encore une bonne pioche pour moi avec ce nouveau recueil de nouvelles US paru récemment dans l’excellente collection Terres d’Amérique chez Albin Michel, après les très bons Volt et Le Paradis des animaux. Nouveau venu sur la scène littéraire américaine, Tom Barbash s’attache à travers les 13 courts récits qui composent Les Lumières de Central Park à saisir des situations du quotidien de personnages qui ont tout pour être heureux mais que la vie et les circonstances rattrapent. Cela donne un mélange détonant de douceur, d’amertume, de moments plus drôles et de vraies tragédies. Suivez le guide!

 

Il est beaucoup question dans ces textes de la notion de rupture et de changement, élément inhérent à toute existence humaine. On croise des couples divorcés qui tentent de rebâtir un foyer parfois même une vie, des enfants déchirés par le passé qui tentent de survivre (magnifique nouvelle Janvier, ma préférée), des êtres qui cherchent ou se cachent selon leur caractère et leur milieu. Cela donne une valse des sentiments et des comportements qui balaie large, chacun pouvant se retrouver dans les réactions observées à la loupe par un auteur au plus proche de ses personnages. Cellule familiale, relations professionnelles, rencontres impromptues sont sources de choix et de déviations dans une existence.

 

Comme dit plus haut, les personnages ne sont pas à plaindre dans l’absolu en terme matériel. Ils ont chacun un toit, de quoi se nourrir et un travail pour subvenir à leurs besoins. Par contre les bobos de l'âme sont nombreux, les blessures profondes et pour certaines inguérissables. Il flotte comme un parfum de spleen sur ses pages qui malgré quelques saillies plutôt humoristiques ne respirent par forcément le bonheur pour jouer dans l’euphémisme. C’est ce qui rend ce livre si attachant car très humain dans sa manière de montrer nos fêlures intimes et nos destinées parfois brisées. La souffrance c’est très rassurant, ça n’arrive qu’aux vivants disait Renaud. On en a ici un très bel exemple avec une galerie de personnages plus faillibles les uns que les autres mais auxquels on se raccroche comme à une ligne de vie pour poursuivre notre route de lecteur sur des sommets parfois très hauts et quasi initiatiques.

 

On se prend à se mettre à leur place, à réfléchir sur le tenant et les aboutissements de certaines de nos propres décisions, sur les rapports que l’on entretient dans son travail ou même au sein de nos familles. Étrange sensation vraiment, plutôt rare de part son aspect frontal et naturel. Les liens se font naturellement dans l’esprit conquis du lecteur qui n’a de cesse de poursuivre sa lecture pour voyager encore plus loin dans ces instantanés de vie décortiqués, si éloignés et si proches à la fois. Il y a aussi un côté montagnes russes car on passe vraiment par tout un panel d’émotions contradictoires de la simple gène à la détestation parfois féroce ou de la détente au grand bonheur espéré. On se fait doucement bousculer, puis parfois chavirer par des histoires simples en apparence mais à la symbolique parfois très forte et marquante.

 

Le lecteur est grandement aidé par l’écriture simple et subtile de Tom Barbash. Très accessible mais cependant très évocatrice (notamment en ce qui concerne la psyché et les réactions des personnages) grâce aux thématiques universelles abordées. On passe un très bon moment à côtoyer ces âmes égarées en recherche de sens et de réponses. Le temps passe à une rapidité folle, les mots, les phrases, les histoires défilent jusqu’à l’irrémédiable dernière page qui nous laisse une satisfaction à la saveur particulière, de celle qui perdurent longtemps après de grandes et belles lectures qui nous construisent et nous enrichissent.

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Commentaires
E
j'adore les nouvelles, donc je note !
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