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Le Capharnaüm Éclairé
14 septembre 2015

"Chiens sales" de François Barcelo

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L'histoire: En France, on les appelle des poulets. Aux États-Unis, des cochons. Au Québec ? Des chiens, même si on a souvent envie de les traiter de "Chiens sales". Quand ils font une connerie, pour la cacher ils en font une plus grosse qui devra être dissimulée par une énorme, et celle-là, par une monumentale… Mais si vous trouvez que c'est exagéré, attendez de lire ce qui est arrivé à Carmen Paradis…

La critique de Mr K: La quatrième de couverture de Chiens sales m'avait interpellé dans un bac d'occasion et j'avais décidé de tenter ma chance malgré ma méconnaissance totale concernant cet auteur québécois et ce titre. Bien m'en a pris pour ce roman sombre et tortueux, à l'énergie communicative et au scénario bien ficelé.

Carmen vit seule dans la maison que son oncle lui a laissé sur l'îlot Fou. Elle vivote et gratouille sa guitare en attendant de trouver un vrai sens à sa vie. Un matin, elle reçoit la visite de Roméo (une connaissance du coin) qui lui annonce que ses amis partis à la chasse sans lui ont causé la mort d'un homme politique important lors d'un accident indépendant de leur volonté. Elle va se retrouver mêlée à l'affaire lorsque ces derniers vont surgir chez elle à l'improviste avec un cadavre encore frais qu'il va falloir planquer au plus vite avant l'arrivée des forces de l'ordre. La mécanique infernale se met alors en place: la police va intervenir, l'ensemble va déraper pour virer au road-movie infernal qui fait la part belle à la duplicité et au suspens.

J'ai adoré cette lecture qui s'est faite en un temps record. Très vite on cerne les règles tacites qui sont appliquées dans ce petit microcosme isolé que se révèle être le fameux îlot. Les gens du crû sont rudes, frustres et froids pour la plupart. Carmen est elle une jeune femme un peu paumée qui a tendance à faire les mauvais choix. D'abord dans sa vie privée qui s'avère très vite être un champ de ruine mais aussi dans ses décisions de manière générale! Il faut bien dire qu'elle les accumule en début de roman ce qui a eu le don de m'énerver quelque peu. Malgré un certain désamour de ma part pour le personnage principal (par sa façon de réagir uniquement car l'auteur l'a creusé et explique tout de ses réactions), on veut de suite savoir ce qui se passe tant des forces occultes semblent en jeu dans cette simple histoire de trafiquants pris sur le fait. L'héroïne est vraiment à côté de ses pompes pour parler crûment et semble irrésistiblement attirée par le vide et par là même par le danger.

L'ambiance est donc bien noire dans ce roman de François Barcelo et on se demande bien comment Carmen va pouvoir s'en sortir. L'étau se resserre dans ce Québec pourtant si étendu. Les éléments s'accumulent semblant barrer la route de l'héroïne vers un possible Salut. Tout ce que je peux vous dire c'est que les forces de sécurité québécoises font bien peur dans cet ouvrage entre bavures à dissimuler et raison d'État. Les rebondissements sont nombreux et on tombe de Charybde et Sylla comme Carmen qui est ballottée entre son désir de se poser et un danger persistant de plus en plus menaçant. Les questions s'accumulent et peu à peu l'héroïne va mûrir malgré elle, changer et évoluer vers ce qu'elle pourrait devenir. La fin répond aux attentes du lecteur qui sort de cette lecture pantelant et surpris de s'être laissé embarqué par un récit alambiqué aux multiples ramifications.

Une fois la situation de départ bien posée, le rythme s'accélère et ne baisse jamais en intensité. Inutile d'espérer y échapper, on est happé par cette histore et la fin ouverte proposée contribue à un grand plaisir de lecture. Le style est abordable et efficace avec de ci de là quelques mots 100% québécois qui donnent une couleur particulière au récit et lui ajoute un petit plus non négligeable entre réalisme et dépaysement. Encore une bonne pioche pour ma pomme!

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Commentaires
E
Je pensais justement au langage québécois en lisant ta chronique ! bon ça n'a pas l'air difficile (car dans les films, des passages entiers restent parfois incompréhensibles sans les sous-titres)
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