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Le Capharnaüm Éclairé
28 août 2015

"Vilebrequin" de Le Gouëfflec et Obion

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L'histoire: C'est un artiste vêtu de latex, un solitaire furtif qui ne sort que la nuit: virtuose de la cambriole, prince des monte-en-l'air, voilà son métier. Pour donner le change aux yeux du reste du monde, il se prétend trompettiste de jazz! Un jour pourtant, en fracturant un misérable petit coffre de troisième zone, il y découvre… un mystère troublant qui va hanter toutes ses pensées, comme une obsession lancinante…

La critique de Mr K: A l'occasion d'une soirée-restau entre vieux de la vieille (comprendre une réunion de grands amis historiens), l'ami V. m'a fait un bien joli cadeau avec Vilebrequin derrière lequel on retrouve un certain Obion. Détail amusant, il s'avère que ce dessinateur de renom a été au même lycée que nous dans les années 90 (big up le Porzou de Concarneau!), son talent explosait déjà dans les pages du fanzine du bahut dans lequel d'ailleurs j'officiais aussi… On ne peut pas dire que l'on s'appréciait mutuellement mais j'avoue que je portais en secret une grande admiration pour ce grand amateur de Maëster. C'est donc avec une certaine avidité que je me jetais sur Vilebrequin pour n'en faire qu'une bouchée!

Le premier tiers du volume nous présente Vilebrequin, vil gredin issu d'une bonne famille qui cache à son entourage ses activités nocturnes que la morale et la loi réprouvent. C'est un monte-en l'air de génie qui s'amuse à nous parler de ses expériences, de ses exploits et énumère nombre de règles régissant son activité. Cela donne lieu à un bon déballage où tour à tour, il abordera l'aspect physique et mental de son travail, les pièges les plus récurrents que l'on peut trouver chez les personnes que l'on "visite" (cela va du piège à souris à l'alligator domestique tout de même!). On apprend ainsi que percer un coffre n'est pas si difficile si l'on sait chercher au bon endroit et si l'on connaît sa victime. On explore aussi beaucoup de coffres avec des butins parfois classiques (billets, bons au porteur, monnaie) où parfois surprenants comme la statue péruvienne de Tintin (si si, on l'a retrouvée!). Beaucoup de clins d’œil sont ainsi présents dans les cases et c'est un petit plaisir renouvelé de guetter le petit gag ou la petite référence cachée.

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Après cet état des lieux entre guide pratique et levé de voile sur certains aspects de la personnalité de Vilebrequin, il nous explique comment il couvre ses arrières. On rencontre sa famille (bien barrée elle aussi) et on suit son ascension en tant que trompettiste de jazz. Décalage total en prévision, surtout qu'en parallèle, notre cambrioleur va faire une étrange découverte dans un coffre. Il y trouve un objet (non, non je ne spoilerai pas! N'insistez pas!) qui n'a vraiment rien à y faire et qui va provoquer sa curiosité. En filigrane se dégage une histoire de chasseur chassé et Vilebrequin aura fort à faire. L'ouvrage devient alors un peu plus sérieux même si on retrouve quelques fulgurances drolatiques de ci de là.

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Cette BD est très bien écrite. On pourrait presque parler de roman graphique tant les textes font plonger directement le lecteur dans une ambiance type polar, un côté littéraire que l'on retrouve dans des formulations parfois très imagées et engageantes à souhait. On retrouve des situations-type sans pour autant tomber dans l'accumulation de clichés, les auteurs ayant donné suffisamment de personnalité à leur héros pour qu'il sorte du lot et intrigue. Un bon point qui se cumule avec des dessins de toute beauté, éloignés de la production qu'Obion laissait à voir plus jeune. Plus sombre, très branché clair-obscur, zones d'ombre et lumières aveuglantes se compilent et plongent le lecteur dans une ambiance bien marquée. Étonnant parti-pris pour un savant mélange d'humour et de réflexion sur le genre humain car loin de se cantonner dans l'humour et l'aventure, certaines planches laissent libre court aux pensées les plus intimes de Vilebrequin qui s'interroge sur ses rêves, ses aspirations et même le sens de la vie en général.

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Vous l'avez compris, j'ai passé un excellent moment en compagnie de cet Arsène Lupin adepte de latex. Les pages se tournent toutes seules et comme à chaque fois que je lis une BD, je trouve que cela va trop vite. C'est son seul défaut! Vous savez ce qu'il vous reste à faire!

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Commentaires
V
Belle critique, le Sainte-Beuve du XXIème ! Tu as vu la case des golfeurs? Il est pas manchot Ob. Et je suis d'accord le scénariste est parfait.Leur 2ème ouvrage, Soucoupes sortie récemment est également superbe. Bise à vous 2
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