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Le Capharnaüm Éclairé
18 mai 2015

"L'Instinct du Troll" de Jean-Claude Dunyach

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L'histoire : "Glissez-vous dans l’intimité d’un troll le temps de quatre aventures qui font trembler la terre jusqu’aux tréfonds des mines les plus obscures. Bien sûr, pour cela, vous allez devoir franchir les falaises du Désespoir, affronter les périls du col des Assassins et vous enfoncer dans les marais de la Mort sinueuse, mais ne vous inquiétez pas: après, c'est fléché. Et, avant, mieux vaut savoir que, s’il faut qu’un troll s’habille pour une occasion spéciale, il convient de le prévenir dix ans à l’avance. Surtout, n’oubliez jamais que l’eau ferrugineuse est un fléau qui ravale le troll au rang de l’homme. Alors, vous qui entrez ici, laissez toute espérance ainsi que vos affaires personnelles au vestiaire. Et n’oubliez pas de rapporter vos notes de frais." Ayerdhal

La critique de Mr K : Une bonne découverte sympathique aujourd'hui avec L'Instinct du Troll paru il y a peu chez l'Atalante. C'est une première pour moi quant à l'auteur qui, à travers quatre nouvelles, nous convie à partager le quotidien d'un troll chargé de l'administration d'une mine. La fantasy est ici rigolarde, inventive et l'on s'éloigne donc des classiques du genre pour nous offrir une vision novatrice d'un univers trop souvent sclérosé et englué dans des codes rigides empêchant toute forme d'originalité.

Notre troll gère sa routine d'administrateur. A l'occasion, il part en quête et d'habitude il n'oublie jamais de ramener ses notes de frais (tavernes, campings et hôtellerie diverses où il s'est arrêté en chemin). Mais là, erreur de sa part, il se voit obligé de retourner sur ses traces et d'aller réclamer les fameux justificatifs (toute ressemblance avec le film Mammouth est fortuite !). Pour couronner le tout, on lui attribue un stagiaire humain qui s'avère inexpérimenté et maladroit (un stagiaire quoi!). Les voila partis pour cette aventure et trois autres où ils seront confrontés à un nécromancien sur le retour, une majoration d'arme à réaliser (les geeks comprendront), une demande en mariage haute en couleur et l'organisation compliquée d'un trollfest.

On passe un très agréablement moment pendant cette lecture. L'amateur de fantasy que je suis y a retrouvé nombre de personnages, créatures, habitudes et lieux que l'on retrouve dans tout récit de fantasy dit classique. L'aventure est présente, la baston un petit peu et il y a toujours les passages obligés à la taverne avec la cuite qui s'en suit. Mais l'auteur à travers un humour corrosif et efficace se plaît à démonter les éléments de la fantasy pour les détourner. Vous apprendrez ainsi qu'un humain n'est pas comestible et qu'il ne faut en manger qu'en dernier recours, qu'un elfe est un troll qui a fait son coming-out, que les bâtons de mages sont rechargeables, qu'il y a des boutiques de souvenirs près des antres des méchants, que les nécromants doivent passer des examens finaux pour obtenir leur diplôme de sorcier maléfique, qu'il y a environ 50 nuances de grès et que ça a son importance dans le domaine de la construction, que les trolls partent toujours en vacance avec leur pont sur le dos (sauf ceux que l'on qualifie de nudistes !) etc... Ce n'est qu'un petit relevé des nombreuses perles qui essaiment dans ces pages et qui provoquent irrémédiablement le sourire.

La fantasy est ici réjouissante mais aussi différente dans le sens où l'auteur nous explique que le progrès a fait son chemin. On retrouve donc les méthodes modernes de managements dans la gestion des entreprises mais aussi un internet un peu spécial et mêmes des jeux vidéos. L'anachronisme se fait délirant et insuffle un esprit jubilatoire dans un récit peuplé de personnages plus étranges les uns que les autres. Notre narrateur troll aime les bonnes tournées au bar et la baston mais il n'aspire finalement qu'à vivre en paix et sans conflit. Les princes charmants sont d'extraction pauvre et tombent amoureux de princesses rebelles au caractère bien trempé. La parodie fonctionne à plein mais cela n'empêche pas les actes d'héroïsme et les hauts faits. On se divertit beaucoup et on se laisse porter par le rythme rapide et efficace des récits qui se complètent les uns les autres, formant un ensemble cohérent et bien mené de bout en bout.

J'ai déjà lu un certain nombre de parodies de fantasy. Il y a bien sûr Les Annales du Disque-monde de Pratchett, Lord of the ringard ou encore Connard le Barbant de Pierre Pelot. L'ouvrage de Jean-Claude Dunyach se place en haut du panier car au-delà de la simple parodie, il nous offre des récits vraiment bien ficelés et ceci par le biais d'une langue recherchée et accessible. Loin d'être un écrivaillon de pacotille, il nous offre des personnages riches et évolutifs, une alternance de ton entre l'humour et le sérieux et une écriture immersive à souhait. C'est donc le sourire aux lèvres que l'on parcourt ces nouvelles et c'est avec une satisfaction évidente que l'on ressort de cette lecture. Un petit bijou de drôlerie que je vous invite à découvrir au plus vite.

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