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Le Capharnaüm Éclairé
11 février 2015

"La Dimension fantastique" volume 2, Anthologie présentée par Barbara Sadoul

dimensionfantastique2

L'histoire: Vieillards ressuscités, esprits malfaisants, hallucinations macabres, monstres invisibles doués d'une puissance démoniaque, cannibales, vampires, créatures d'ombre et de mort...
Un monde étrange côtoie le nôtre. Un monde hideux où le soleil accable, où les rires glacent le sang, un monde où les plus affreux cauchemars, les terreurs les plus folles, nés de nos cerveaux surchauffés, terrassent la réalité.

La critique de Mr K: Retour dans le fantastique avec le volume 2 de l'anthologie parue chez Librio sous la houlette de Barbara Sadoul. Moitié moins de nouvelles ici avec seulement six textes mais quels textes! Là-encore, on voyage dans le temps et l'espace avec des auteurs français, anglais et américains s'étalonnant sur deux siècles-clef, le XIXème et le XXème.

La première nouvelle est d'Honoré de Balzac qu'on ne présente plus et qui livre à travers L'Élixir de longue vie une histoire de vieillard qui ne veut pas mourir et qui pense avoir trouvé grâce à une mystérieuse fiole le pouvoir de se jouer de la mort et d'accéder à l'immortalité. Pour autant, rien ne va se passer comme il l'avait prévu. On commence fort avec cette courte histoire qui traite d'une des plus grandes peurs de l'être humain: la Mort. Il y est aussi question d'avidité avec un fils qui a hâte d'enterrer le vieux père qui s'éternise sur cette bonne vieille Terre et qui va transgresser nombre d'interdits par des actes peu recommandables. J'ai trouvé le style de Balzac plutôt léger voir alerte à certains moments. Une belle surprise!

On enchaîne avec Gottfried Wolfgang de Pétrus Borel qui nous conte la mésaventure d'un jeune étudiant allemand à Paris au temps de la Révolution française, douce époque entre toutes où les têtes tombaient au rythme de la lame de la guillotine. En rentrant chez lui un soir et en passant place de Grève, il va venir en aide à une jeune femme désemparée qui va se révéler ne pas être l'innocence incarnée. Ce texte très court est ultra-efficace et la chute vient cueillir un lecteur hypnotisé par le style impeccable de cet auteur que je ne connaissais pas. Deuxième effet Kisscool!

Sredni Vashtar de Saki est elle aussi une très courte nouvelle marquée du sceau de l'humour dévastateur d'un auteur injustement méconnu. Sredni Vashtar est le nom qu'a donné un jeune orphelin à un furet qu'il a capturé et qu'il cache à l'abri du regard inquisiteur de sa tante adoptive acariâtre. Un jour, cette dernière va finir par le découvrir... Tout en tension allant crescendo, l'auteur n'a pas son pareil pour planter une situation et dérouler une intrigue à suspens avec une économie de mots incroyable. Une vraie réussite et encore une fois, une belle découverte!

S'ensuit La chambre perdue de Fitz James O'Brien qui fait la part belle à la paranoïa et à l'étrangeté. Un homme vit dans une maison cossue où il loue une chambre. Tout se passe pour le mieux jusqu'au jour où il entend des bruits étranges et qu'il découvre la vraie nature des colocataires des lieux qui sont tout sauf humains! Très grande claque avec cette nouvelle aux accents lovecraftiens dans la construction du récit et le style d'écriture. On erre de Charybde en Sylla avec le narrateur qui sombre peu à peu dans l'incompréhension puis la folie. Sans aucun doute, le texte le plus puissant de ce volume. À ne surtout pas rater!

On retombe dans du plus classique avec Les filles de la nuit de Jean-Louis Bouquet qui nous raconte une histoire de marionnettes aux pouvoirs ésotériques qui fascinent le narrateur et vont le mener à sa perte. Je n'ai pas été convaincu par ce récit que j'ai trouvé plutôt convenu, sans relief et au style peu accrocheur. Une petite déception en somme.

L'ouvrage se termine par une nouvelle de Théodore Sturgeon, auteur immortel que j'aime tant depuis ma lecture du cultissime Cristal qui songe! Hier, c'était lundi nous prouve une fois de plus que Sturgeon est un écrivain d'exception. Harry Wright se réveille entre deux jours. Hier, c'était lundi... mais aujourd'hui? Harry découvre l'envers du décor de notre monde où des petits hommes jouent les ingénieurs et préparent chaque jour pour le lendemain! Cette nouvelle est totalement délirante et s'inscrit complètement dans le fantastique quotidien propre aux novélistes américains tels que Matheson par exemple. On est complètement baladé durant tout le récit et la fin est tout bonnement géniale! Ouah!

Au final, encore une lecture plaisir avec un recueil équilibré avec en bonus en fin d'ouvrage de micro-biographies des auteurs (ce n'était pas le cas dans le volume 1). La parfum inégalable du fantastique est très bien restitué et reste longtemps en tête après cette lecture. Vous savez ce qu'il vous reste à faire!

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