Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
29 août 2014

"La Perle" de John Steinbeck

la perle

L'histoire: "Jouant de sa lame comme d'un levier, il le fit céder et le coquillage s'ouvrit. Les lèvres de sa chair se crispèrent puis se détendirent. Kino souleva les replis et la perle était là, la grosse perle, parfaite comme une lune. Elle accrochait la lumière, la purifiait et la renvoyait dans une incandescence argentée. Elle était aussi grosse qu'un oeuf de mouette. C'était la plus grosse perle du monde."

La critique de Mr K: Compte rendu d'un exorcisme littéraire aujourd'hui, avec ma chronique de La Perle de John Steinbeck. J'avais évoqué, lors de ma critique de Des souris et des hommes du même auteur, ma mauvaise première rencontre avec Steinbeck au collège quand une prof de français ennuyeuse à souhait nous avait imposé la lecture de La perle. Ayant été depuis réconcilié avec cet auteur, je ne pouvais pas ne pas tenter de relire ce roman! Grand bien m'en a pris tant il s'apparente à un récit incontournable dans le genre du roman noir.

L'action se déroule en basse Californie au Mexique, Kino un pêcheur très pauvre y vit avec sa femme Juana et leur bébé Coyotito. Ils se contentent de peu et vivent heureux malgré leur précarité. Un jour, Kino va faire une pêche miraculeuse et remonter à la surface une fabuleuse perle. Il entrevoit alors la possibilité de se hisser en dehors de sa condition et de proposer un avenir meilleur à sa famille. Cependant une ombre plane autour de ce bienfait inattendu, quel est le prix à payer pour avoir découvert cette merveille? Kino et Juana vont le découvrir après une lente descente aux Enfers...

Ce roman est une pure petite merveille qui se lit sans discontinuer et avec un plaisir renouvelé à chaque page. Elle est bien loin l'époque où j'avais tant peiné pour en venir à bout! Langue subtile entre toute, Steinbeck sublime par sa concision et sa poésie à fleur de peau le moindre paysage décrit (l'océan infini et majestueux, la rudesse du désert et des montagnes du nord du Mexique...), le moindre sentiment évoqué (la montée en pression de Kino au fil du déroulé est impressionnante). La claque est d'autant plus énorme que la tension ne fait que monter et l'on sent bien qu'un fatum funeste plane au dessus de la petite famille. Et pourtant... On continue quand même la lecture et la fin ne déçoit pas même si elle fait mal à l'estomac.

La perle est un remarquable miroir de l'âme humaine. À travers une histoire qui pourrait sembler anodine, l'auteur nous décrit les joies et les peines des héros mais aussi la convoitise qu'ils attisent par leur fortune d'un jour. La foule, les voisins, les gens de la ville, autant de groupes humains très bien animés par un auteur virtuose dans sa description des rapports humains. Rajoutez là-dessus un soupçon de discours anti-colonialiste parsemé de ci de là (passage sur les mœurs de la ville, les racines de Kino, les acheteurs de perles qui s'apparentent à une véritable mafia organisée...) et vous obtenez un petit livre de 164 pages à la densité impressionnante en terme de thématiques abordées et d'émotions mêlées.

Tiré d'un conte populaire mexicain La Perle insiste notamment sur l'impact que peut avoir la fortune et la richesse sur l'être humain. Steinbeck nous dépeint dès le début la misère de Kino et de ses confrères pêcheurs. Ils sont pauvres mais vivent en bonne harmonie. Quand le fruit défendu fait son apparition, cela dynamite tout ce qui a été installé jusque là, transformant même Kino en bête fauve quand il sent qu'on en veut à sa perle (il y a un petit côté "Mon précieux" assez savoureux, mais ici on baigne dans le drame). Le rêve a disparu laissant place à l'angoisse et à la peur. La maxime "L'argent ne fait pas le bonheur" prend tout son sens ici.

Une excellente lecture à mon actif encore une fois, un classique que j'ai pu apprécier enfin à sa juste valeur. Une écriture simple, une tension impressionnante et un message universel qui n'a pas vieilli. Une perle!

Publicité
Publicité
Commentaires
G
Bien
Répondre
S
Belle chronique ! Je n'ai lu que Des souris et des hommes de Steinbeck, il faudrait que je remédie à cela !
Répondre
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité