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Le Capharnaüm Éclairé
6 juillet 2014

"L'état des âmes" de Giorgio Todde

l'état des âmes

L'histoire: Le village d'Abinei, en 1892, vit retiré à l'intérieur des terres, poche moyenâgeuse à la jonction de la mer et du ciel. Ici, le maquis abrite encore des brigands de grand chemin. Ici, les naissances de tout temps ont toujours été égales au nombre des décès. Aussi, quand il est annoncé qu'une villageoise doit enfanter, tout le monde sait qu'il y aura une mort à pleurer. Tout change pourtant lorsqu'il devient évident que Milena Arras, agonisante pour donner raison à la terrifiante coutume, a été empoisonnée. Ce qui était un état "naturel" accepté de tous engendre désormais la pire des suspicions. S'agit-il d'une terrifiante transmission secrète gorgeant génération après génération des meurtriers en série? Qui sera le suivant et pourquoi? Car la villageoise, non contente de survivre, a mis au monde des jumeaux...

La critique de Mr K: C'est encore un test de lecture réussi que je vous présente aujourd'hui avec la lecture de L'état des âmes de Giorgio Todde. J'aime beaucoup la collection Folio policier et le résumé me plaisait bien: une démographie contrôlée à l'âme près, l'Italie du XIXème siècle, un petit village reculé flirtant avec le refus du progrès et des meurtres mystérieux qui vont bousculer tout cela.

Étrange vous avez dit étrange? En effet, un être pousse son premier souffle de vie quand un autre s'éteint. Telle est la curieuse réalité d'Abinéi, petit village d'Italie bien tranquille sous tout rapport. Mais voilà... Un meurtre est commis et tout est chamboulé. Cela inquiète au plus haut point Don Cavili, curé de la paroisse adepte de l'ordre mathématiques de la Création. Le médecin du village envoie quérir un ami d'étude, Efisio Marini un médecin vivant à Cagliari, pour essayer de dénouer les ficelles d'un crime qui se révèle bien plus tordu que de prime abord. Il va falloir interroger, questionner, lire à travers les faux-semblants et expérimenter de nouvelles méthodes d'investigations pour pouvoir enfin faire la lumière sur la vague de crime qui finit par s'abattre sur la paisible bourgade.

Les personnages sont de suite attachants en premier lieu celui d'Efisio Marini qui par bien des égards ressemblent au fameux Ichabod Crane de la légende du cavalier sans tête (incarné par Johnny Depp dans Sleepy Hollow). En avance sur son temps et précieux au possible, il doit dépasser les superstitions et les méfiances pour tenter de discerner le vrai du faux. Embaumeur à ses heures perdues, il doit composer avec un curé hostile à ce genre de pratiques et une population rétrograde se complaisant dans les mœurs du passé. J'ai trouvé le curé très bien décrit aussi, notamment son obsession des chiffres et sa volonté de protéger à tout prix sa paroisse. Les personnages secondaires ne sont pas en reste avec toute une galerie de personnages plus vrais que nature: le bon docteur de campagne, la vieille veuve trompée et rancunière, les bandits de grand chemin vivant dans le maquis, le politicien véreux et retors... autant de personnages qui contribuent à l'alchimie de l'histoire et lui donne un bouleversant accent de réalisme qui nous plonge au cœur de la trame.

L'époque est bien rendue, aucune fausse note ne vient ternir la tableau de ce petit village italien du XIXème siècle. Autre époque autres mœurs et ici rien ne nous est épargné. Enquêter est difficile et les habitudes ont la vie dure. Le soupçon, l'envie et la méfiance de la foule dominent et la pression sociale est extrêmement forte. Peu à peu, une vérité semble émerger et l'on sent bien qu'elle ne va pas plaire, surtout à cette époque où le carcan moral est omniprésent. Le final ne m'a pas vraiment surpris car j'avais identifié le coupable depuis déjà un bon bout de temps mais le background était suffisamment poussé pour conserver mon envie de lire la suite surtout que la langue est des plus agréable à la fois fluide et exigeante, l'auteur allant à l'essentiel sans se perdre en détails inutiles.

Au final, je dirai que nous avons affaire à un bon roman policier qui tire son épingle du jeu de par son écriture fine et son cadre inhabituel. Une belle expérience que je vous invite à tenter.

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Commentaires
L
Ta chronique donne envie et j'aime aussi beaucoup la collection folio policier ! :)
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M
Je partage ton goût pour les policiers folio, ils sont souvent attractifs et la qualité au rendez-vous :)
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