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Le Capharnaüm Éclairé
4 mai 2014

"Noé" de Darren Aronofsky

noéafficheL'histoire: Russell Crowe est Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.

La critique Nelfesque: Aronofsky, au Capharnaüm éclairé, on l'aime particulièrement. "Black Swan", "The fountain" (un pur bijou vu avant la tenue de ce blog), "Requiem for a dream" (culte) sont autant de preuves que ce réalisateur a un véritablement don pour le cinéma. Je ne suis pas très "blockbuster", je suis même "pas blockbuster du tout" mais pour Aronofsky, et pour l'histoire de Noé que j'aime beaucoup, j'ai fait le déplacement et je ne le regrette pas.

Je ne le regrette pas car je pense que ce long métrage perdra beaucoup de sa superbe sur petit écran (quoi que les petits écrans deviennent de plus en plus grands!). Niveau visuel, ce "Noé" n'est pas pourri. Paysages magnifiques, grandes étendues dévastées ou verdoyantes, l'accent est mis sur la beauté de la nature en opposition à la laideur de l'espèce humaine. Très écolo comme film. En même temps, Noé (le vrai) était du genre peacefull. Mais pas que, comme on peut l'apprendre dans ce film ou en connaissant l'histoire originelle dans la Bible.

L'histoire de Noé justement je la connais. Bien qu'Aronofsky ait pris quelques libertés par rapport au passage biblique, globalement c'est fidèle. La détermination d'un homme qui a la foi, ses sacrifices, sa droiture... autant de points forts qui font aussi ses faiblesses. En revanche, l'inconnu dans l'Arche (que je ne citerai pas pour ne pas spoiler) entre autres, c'est du pur délire mais bon c'est du grand spectacle, il faut du suspense... et parce qu'Aronofsky a mis les formes pour le reste, je ne lui jetterai pas la pierre.

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Je vais faire court dans ma critique aujourd'hui car en toute honnêteté, je ne sais pas trop quoi en dire. C'est un bon film, avec de purs passages visuels (comme la Génèse ou les anges déchus), de belles valeurs portées sur grand écran mais malheureusement j'ai peur que ce long métrage soit aussi vite oublié que vu... Niveau dialogues et bien c'est un blockbuster... Ca ne vole pas très haut... (Ah Mr K me chuchote que l'histoire se passe environ 3000 ans avant notre ère. Certes ils ne devaient pas avoir beaucoup de mots de vocabulaire mais bon cela n'empêche...) Et je crois que c'est en partie ce pourquoi ce film ne restera pas gravé dans ma mémoire.

Une petite remarque en passant. Si vous voulez voir des animaux dans ce film (ben oui quoi, c'est l'Arche de Noé, y a des animaux partout!), passez votre chemin! La gamine de 4 ans qui sommeille en moi a été très déçue de n'apercevoir que les culs d'éléphants, de tigres et de perroquets à leur montée dans l'Arche (oui je sais, pas de gros mots quand on parle de la Bible...) parce que des animaux c'est tout ce que vous verrez! Remboursez! Sur la scène de la montée par espèce dans l'Arche, je pense qu'ils ont tout donné niveau post prod et c'est très bien fait mais au moins un petit lapinou en gros plan après le déluge je crois que c'était pas trop demandé. Oubliez ça tout de suite. Les animaux vous les verrez pendant 2 minutes montre en main après quoi place aux larmes, à la souffrance, au sang et surtout à la pluie!

Ce n'est qu'un détail mais ça m'a marquée. Et résultat des courses, c'est le point qui me reste en tête à la fin de ce film. C'est balot hein? A un lapinou près... Mais allez le voir tout de même parce que Russell Crowe en Noé c'est tout de même bien joué! De mon côté, je vais me pencher sur sa BD du même nom sortie en 2011 pour voir si Panpan n'est pas finalement dans les grosses coupes que ce film a subi de la part des studios.

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La critique de Mr K: 4,5/6. On peut dire que je l'attendais celui-là et dans l'ensemble je n'ai pas été déçu. Ce réalisateur a une place toute particulière dans mon cœur depuis Requiem for a dream (cultissime à mes yeux) et du méconnu The Fountain. J'étais curieux de voir son adaptation d'un mythe tel que le Déluge. On sait ce réalisateur méticuleux et intègre, qu'allait-il ressortir de sa collaboration à un grand blockbuster?

L'histoire, tout le monde la connaît ou presque. Les hommes ont pêché par leur libre arbitre et leur soif du pouvoir détruisant le reste de la Création pour assouvir leurs désirs. Noé est choisi pour purger le monde du mal, sauver tout le règne animal et construire un monde nouveau. Il s'attèle très vite à l'édification d'une arche pour accueillir tous les couples d'animaux. Cela attise la curiosité et aussi la convoitise de clans humains bien décidés à lui mettre des bâtons dans les roues. Heureusement, Noé pourra compter sur l'engagement des siens (du moins au début avant une deuxième partie nettement plus sombre) et sur le soutien des Veilleurs, anges déchus à la recherche du pardon de leurs fautes. Le tout donne lieu à plus de deux heures de spectacle haut en couleur aux parenthèses intimistes aussi poignantes que réflectives. Et non, nous ne nous trouvons pas devant un banal produit de consommation mais bel et bien devant une œuvre conçue et pensée pour à la fois divertir et réfléchir.

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Rien à redire sur l'interprétation, les acteurs sont remarquablement bien dirigés et l'ensemble sonne juste et profond. On en sait très peu sur Noé quand on relit le passage du Déluge dans l'Ancien Testament mais Aronofsky ne sacrifie jamais la crédibilité au détriment du spectacle. Russell Crowe est impeccable en patriarche illuminé et convaincu de sa mission. Loin de faire pot de fleur, Jennifer Connelly réussit à densifier le personnage de sa femme pour contribuer à l'alchimie de cette famille un peu particulière. Mention spécial pour Anthony Hopkins qui campe un Mathusalem plus vrai que nature, sage et débonnaire à la fois il illumine l'écran à chacunes de ses apparitions.

Devant ce genre de film, j'ai souvent peur que l'on tombe dans le ridicule (genre le "Feu" prononcé par un personnage principal dont le peu recommandable Troy de Petersen...) avec un dialogue mal senti ou anachronique. Rien de tel ici, on oscille entre réalisme pour les scènes familiales, SF par moment avec les anges et forcément l'Épique pur et dur avec les très beaux passages sur l'arrivée des bêtes ou encore les visions de Noë. L'ensemble se marie bien et respecte une cohérence bienvenue quand on touche à des sujets liés au Sacré.

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On pourrait dire bien des choses sur le fond, les rapports qu'entretiennent les personnages, la vision quasi mystique de Noé, la nature de l'être humain. Pour ma part, j'y ai vu avant tout un film pro-écologie. Le héros est désigné comme le fossoyeur de la race humaine et semble vouloir aller jusqu'au bout du bout pour éteindre notre espèce à l'origine de tous les maux de la Création (la troisième partie du film se transforme en un huis clos étouffant et salvateur). Mais voilà, ce n'est qu'un homme et il finira par céder. Quand on voit l'état de la planète aujourd'hui, mon petit côté misanthrope ne peut s'empêcher de penser que nous rééditons le passé et que l'homme ne méritait pas forcément d'être sauvé. Mais bon comme dit la chanson: "Homme, tu n'es qu'un homme".

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Techniquement ce film est une fois de plus un bijou de formalisme et d'inventivité visuelle. Les scènes d'extérieurs sont grandioses avec des décors à couper le souffle et des couleurs retravaillées qui donne au film un parti-pris esthétique unique et novateur. Au passage, ne vous attendez pas à des visions apocalyptiques dantesques. Le Déluge est bel et bien représenté mais jamais dans la surenchère et très vite on se retrouve enfermés dans l'Arche avec les héros. J'ai aussi adoré les passages plus épileptiques chers à Aronofsky avec un coup de cœur personnel pour la Création du monde ou encore le crime de Caïn. C'est dans ce genre de moment qu'on ne regrette pas d'être allé en salle obscure voir un film, je dois avouer que j'ai été bluffé plus d'une fois.

Pour autant, je ne peux lui donner la note parfaite de 6/6. J'ai trouvé les seconds rôles plutôt légers avec notamment une actrice venue de la saga Harry Potter qui ne m'a pas du tout convaincue et qui a limité mon empathie vis à vis de certaines scènes-clefs (le face à face avec Noé quand elle a ses deux filles dans les bras par exemple). Il y a aussi quelques redondances et longueurs dues sans doute à des coupes. Il paraît que le métrage a été expurgé de certaines idées chères au réalisateur. Nous verrons en sortie DVD si ce ne sont que des rumeurs... Faute grave à mes yeux (en plus du couple de girafes manquant), on ne voit pas vraiment les bestiaux une fois qu'ils sont entrés dans l'arche, on les aperçoit de temps à autre en arrière plan, mais finalement Aronofsky semble se désintéresser totalement d'eux, un comble avec un tel sujet traité! Dernier et non des moindres (attention spoiler!), que vient faire dans l'Arche un humain nuisible déterminé à sauver sa peau coûte que coûte? C'est totalement artificiel et pour ma part hors sujet... dommage.

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Mais ne boudons pas notre plaisir, ce film est une réussite car en l'espace d'une séance, on se retrouve plongé dans un pan de notre culture commune entre émerveillement et tension. Comme Aronofsky est un faiseur de premier ordre, la beauté et la réflexion sont au RDV malgré quelques scories. À voir au cinéma pour profiter au maximum du spectacle!

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