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Le Capharnaüm Éclairé
1 mai 2013

"Faut-il manger les animaux?" de Jonathan Safran Foer

fautilmangerL'histoire: Comment traitons-nous les animaux que nous mangeons? Convoquant souvenirs d'enfance, données statistiques et arguments philosophiques, Jonathan Safran Foer se lance dans une vaste enquête. Entre une expédition clandestine dans un abattoir, une recherche sur les dangers du lisier de porc et la visite d'une ferme où l'on élève les dindes en pleine nature, l'auteur explore tous les degrés de l'abomination contemporaine. Un livre choquant, drôle et inattendu qui a déjà suscité passions et polémiques.

La critique Nelfesque: Je ne suis pas insensible au sujet soulevé par cet essai, bien au contraire. J'ai lu par le passé l'excellent "Livre noir de l'agriculture" d'Isabelle Saporta qui encore aujourd'hui est bien présent dans mon esprit et m'a fait prendre des décisions importantes concernant mon alimentation.

Avant cette lecture, j'avais conscience de certaines choses (mais le minimum vital), je me doutais de la présence de composés douteux dans certains ingrédients des recettes que je préparais mais j'enfouissais sciemment ces moments de lucidité au plus profond de mon cerveau car décider de changer sa façon de consommer n'est pas une décision facile. Cela n'implique pas toujours un changement radical mais ces ajustements peuvent être "déchirants" (oui j'insiste, j'y reviendrai). C'est tout le cheminement de penser son alimentation qui change et avec lui une part de soi même.

J'en viens maintenant à l'ouvrage de Jonathan Safran Foer. On pourrait penser que mon introduction est subjective, qu'"on s'en fiche de ta vie Nelfe, vas-y parle nous du bouquin!" mais tout cela est étroitement lié... La force de "Faut-il manger les animaux?", au delà du fait qu'il met le lecteur devant le fait accompli et devant des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire pour l'industrie alimentaire (à défaut de notre santé), réside bien ici. L'auteur nous fait part de son expérience personnelle et touche ainsi chacun d'entre nous.

Partant d'un fait précis, la naissance de son fils, il se questionne sur l'alimentation qu'il va donner à son enfant, à l'avenir qu'il veut lui réserver, à tout ce que son choix peut comporter comme conséquences pour lui mais aussi sur les habitudes familiales, les traditions, les racines de sa famille. Dit comme cela, cela peut paraitre extrême comme raisonnement (partir d'un roti de porc comme repas du dimanche pour en arriver à la remise en question du ciment familial) mais il est un fait, notre alimentation, nos repas partagés avec notre famille, composent nos souvenirs. Les repas de Noël sont associés à la dinde et à la bûche, le poulet du dimanche chez mémée est une institution et je ne parle même pas des barbecues entre potes quand arrivent les beaux jours. Que seraient Noël, les repas du dimanche et les barbecues sans la dinde, le poulet, les côtes de porc et les chipo/merguez?

Arrivés là, vous pensez peut être que Jonathan Safran Foer fait l'apologie du végétarisme, que c'est plus facile à dire qu'à faire et que quand même une bonne côte de boeuf c'est bon. Sur ce dernier point, vous avez tout à fait raison, sur le second, je suis bien d'accord avec vous mais sur le premier, contrairement à ce que moi même je pouvais penser en commençant cette lecture, Jonathan Safran Foer n'a pas écrit son livre pour que ses lecteurs deviennent végétariens. Nous suivons alors son cheminement de pensées, ses doutes qui sont aussi les notres, ses réflexions, ses investigations et ses conclusions. Autant j'étais échaudée sur certaines choses (élevage de poulets en batterie, poulets et porcs génétiquement modifiés (merci Isabelle Saporta)...), autant j'en ai appris de "bien bonnes" entre autres sur les conditions d'hygiène dans les abattoirs (pourtant loin d'être naïve et pensant ne pas être dupe, j'étais encore dans le monde des bisounours) et sur les appellations "plein air".

L'auteur ne cherche pas à nous dégoûter ou à faire du sensationnel. Il ne relate que des faits qui existent bien plus que l'on ne voudrait le croire. Il ne cherche pas à nous convaincre que son choix est le bon et que le nôtre est mauvais mais il éveille les consciences de ses lecteurs. Notre façon de manger a une incidence sur notre santé bien sûr mais aussi sur notre planète. La population mondiale ne cesse d'accroître, nous mangeons de plus en plus de viande (trop) et par logique la demande en viande augmente chaque année. Les chiffres que nous présente Foer donnent le vertige. C'est plus que de l'abattage d'animaux que nous cautionnons... Bien plus... Les animaux ne sont plus considérés comme tels dans l'élevage intensif. Ce sont des produits, des numéros, des "choses" que l'on vend en très grande quantité. De la même manière que l'on est dénué de sentiments pour une lampe ou une chaise, les "promoteurs" éleveurs n'ont plus rien à voir avec les paysans du temps de nos grands-parents. Les fermes ne sont plus ce qu'elles étaient et ce qu'elles sont dans l'imaginaire collectif.

"Rooo mais comment t'y vas Nelfe! On va pas arrêter de manger notre steak frites chez Hippopo! On est en haut de la chaîne alimentaire, faut pas l'oublier!". Héhé, modérez vos propos chers lecteurs (oui j'aime bien m'inventer des discussions imaginaires)! Bien sûr nous sommes en haut de la chaîne alimentaire, bien sûr on a besoin de viande (les végétariens diront le contraire mais je ne suis pas végétarienne) et bien sûr la viande c'est bon! Après avoir lu l'essai d'Isabelle Saporta j'avais déjà changé mon alimentation concernant les fruits et les légumes, privilégiant les produits bio, avec "Faut-il manger les animaux?" c'est mon rapport à la viande qui a changé. Et comme dirait l'autre, "ça ne coûte pas plus cher de bien manger!". Si on consomme local et de saison et si on réduit sa consommation de viande de façon à en acheter moins mais de meilleure qualité, les comptes s'équilibrent.

Maintenant reste à le vouloir... Lisez "Faut-il manger les animaux?" et on en reparle!

Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat Livraddict avec les éditions Points. Merci à eux.

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Commentaires
V
Va falloir que je regarde s'il est à la bibliothèque.... parce qu'au vu de ce que tu en dis, je crois que ma faible consommation risque de baisser encore plus !
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N
Super billet (très engagé, comme je les aime !) qui donne définitivement envie de se plonger dans ce livre ! <br /> <br /> <br /> <br /> Je ne suis pas végétarienne non plus et j'en souffrais beaucoup au début je dois dire car les gens se moquaient gentiment de ma "demi démarche" mais aujourd'hui, j'en suis fière car comme tu dis, plus encore qu'arrêter totalement la viande, c'est avant tout l'effort en lui-même qui compte. Je suis une ex carnivore (mais vraiment de chez vraiment). Je faisais partie des gens qui mangeait de la viande midi ET soir. Aujourd'hui, j'en suis à 3 à 4 portions maximum par semaine. Et uniquement de viande rouge (ou alors viande blanche/poisson quand la maman a cuisiné histoire de ne pas la vexer ^^) car j'ai une anémie chronique et sévère (d'où le fait que je ne puisse pas être totalement végétarienne). J'ai essayé les légumineux riches en fer, les compléments alimentaires mais il n'y a rien à faire, je ne fixe que le fer du bœuf...<br /> <br /> Quant à tout ce qui est bio, comme le soulignent plusieurs personnes dans les commentaires, c'est pas évident quand on a un petit budget mais consommer des fruits et légumes de saison, c'est déjà ça. Il ne faut surtout pas rentrer dans des logiques culpabilisantes. <br /> <br /> <br /> <br /> Bref, je ferme cette parenthèse sur ma vie mais mon objectif principal à la base c'était de dire que l'important ce n'est pas d'agir dans l'extrême, de changer sa méthode de consommation du jour au lendemain (1. c'est impossible 2. c'est vain) mais simplement de progressivement la métamorphoser en vue du bien de tous (y compris de celui des animaux). Et pour moi à partir du moment où on y réfléchit, où on y médite, où quand on achète on fait des efforts par ci par là, alors on est sur la bonne voie. Si tout le monde y mettait (même juste un peu) du sien, le monde se porterait déjà beaucoup mieux.
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J
Salut Nelfe,<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, il va falloir que je le lise alors ce bouquin. J'ai toujours fait attention, mais je suis une vraie feignasse... (pis je dois manger de la viande 2 fois par mois à tout casser si on ne compte pas le saucisson).<br /> <br /> <br /> <br /> J'en ai un autre dans ma PAL qui s'appelle "Le printemps silencieux" écrit par la biologiste Rachel Carson. C'est mon père qui me l'a filé (j'ai fait des études d'agro) et il parait que ça fait bien réfléchir aussi (d'après wiki le livre a contribué à l'interdiction du pesticide DDT aux États-Unis en 1972).
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P
Ton avis est intéressant et bien représentatif du livre je trouve ! <br /> <br /> Et je suis tout à fait d'accord avec toi sur le fait qu'il donne envie de consommer autrement. Je n'achète pas bio (ou très rarement) mais j'essaie un maximum d'acheter des fruits et légumes locaux et de saisons. Pour ce qui est de la viande, avant la lecture de ce livre, je l'avoue, je ne faisais pas attention du tout. Mais là ça m'a donné clairement à réfléchir et à faire plus attention. Bon je ne suis pas une grande consommatrice de viande, mais je compte tout de même faire plus attention à l'étiquetage.. ou alors changer de fournisseur, car c'est vrai que j'achète beaucoup en grande surface (je ne sais pas pourquoi, mais acheter la viande dans une boucherie me parait plus cher, mais peut-être est-ce que je me fais des idées !). <br /> <br /> Tout ce qui concerne les poissons aussi m'a fait réfléchir.<br /> <br /> Et je vois que toi aussi tu as relevé le "en plein air". C'est une chose auquelle je faisait attention en regardant les boites d'oeufs, généralement je choisissais "poules élevés au sol et en plein air" (car les bio sont quand même un peu plus cher, et que je n'ai pas tjs le budget), mais quand j'ai vu les explications dans le livre, même si ce n'est pas partout pareil, je me dis qu'on se fout vraiment de notre gueule ! Au final, il est difficile de savoir si ce que l'on mange est sain ou pas, du moins ce que l'on achète dans les grandes surfaces.<br /> <br /> Tout cela pour dire, que ça me donne vraiment envie de changer mon mode de consommation, d'acheter moins en grande surface, et plus chez les producteurs locaux... Bref voilà :-)<br /> <br /> Et je note l'autre titre dont tu parles, il a l'air très intéressant aussi !
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C
Je ne sais pas s'il y a des coopératives dans ma ville, je n'en ai en tout cas jamais entendu parler, je me contente du rayon bio de mon magasin, mais c'est une chaîne en qui j'ai confiance et je trouve déjà pas mal de ce dont j'ai besoin, des fruits soit bio, soit de la région à la viande en passant par les laitages. Je ne mange pas tout bio, je n'en suis pas encore là dans ma démarche, mais je fais attention, principalement pour des raisons de santé (je suis de plus en plus persuadée que beaucoup de problèmes graves de santé proviennent de notre alimentation)(je fais de l'hypertension depuis un an et demi et j'ai commencé tout doucement à me poser des questions sur mon alimentation, et sur tout ce que je prenais en général, questions qui sont devenues plus sérieuses depuis que la mère d'une amie a un cancer du sein et que j'ai entendu un scientifique parler du fait qu'il est de plus en plus considéré que la majorité des cancers découlent de problèmes de pollution). <br /> <br /> C'est une démarche qui se fait en douceur, des nouvelles habitudes à prendre, des privations aussi parce que j'ai débuté en ayant un salaire, je suis maintenant au chômage depuis trois jours et je ne sais pas comment je vais pouvoir faire pour continuer, manger sain coûte affreusement cher (ne serait-ce que de manger régulièrement des fruits et des légumes, ça troue un budget comme pas possible)(simplement parce que quand je n'ai pas d'argent, je mange juste des pâtes. Manger équilibré, introduire des fruits et des légumes là où il n'y en avait pas avant, ça augmente le budget hebdomadaire de 10-15€, sans parler des surcoûts de certains produits bio - pas tous, beaucoup ont le même prix, ce qui est amusant, mais quand on parle de soupe, de viande, etc., ça revient vite cher et j'ai bien 25€ en plus par semaine en mangeant pourtant moins - et mieux). Du coup, pour les céréales, j'ai juste les muesli ou les corn flakes. Moi, je mange des trucs comme les choco pops ou, préférablement, des Clusters (pétales de blé + miel + amandes), des trucs légers dans le bol quoi, et le soir des mueslis croquants "Extra" (les seuls que j'aime, j'en ai testé d'autres) si je mange du yaourt. Je me doute que ces produits ne sont pas idéaux mais c'est le "mieux" que j'ai trouvé (exception faite des choco pops)... <br /> <br /> <br /> <br /> Mais donc, le livre m'intéresse, je l'avais complètement oublié et c'est vrai qu'il colle bien avec mes interrogations actuelles...
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C
Je suis en plein questionnement sur le sujet. Malgré mes (tout) petits revenus, j'essaie de plus en plus de manger bio (d'ailleurs, je n'ai pas résolu la question des céréales du matin, parce que je ne suis absolument pas fan du muesli ni des corn flakes et que je n'ai rien trouvé d'autre en bio), y compris dans la viande (mais comment faire pour la charcuterie? Je n'en mange pas beaucoup, mais l'occasionnel reste problématique). Ce livre rentrerait bien dans cette envie de plus en plus marquée mais j'ai peur du côté culpabilisant de la chose (je déteste qu'on veuille me convaincre en jouant non sur la logique mais sur un sentiment de culpabilité). A voir si j'arrive à mettre la main dessus en bibliothèque... En attendant, j'essaie de lire "Vers la sobriété heureuse" de Rabhi mais pour l'instant, le côté religieux m'agace...
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