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Le Capharnaüm Éclairé
9 mars 2013

"Room" d'Emma Donoghue

roomL'histoire: Sur le point de fêter ses cinq ans, Jack a les préoccupations des petits garçons de son âge. Ou presque.
Il ne pense qu'à jouer et à essayer de comprendre le monde qui l'entoure, comptant sur sa mère pour répondre à ses questions. Celle-ci occupe dans sa vie une place immense, d'autant plus qu'il vit seul avec elle dans la même pièce, depuis sa naissance. Il y a bien les visites du Grand Méchant Nick, mais la mère fait tout pour éviter à Jack le moindre contact avec lui. Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle ne peut pas continuer à entretenir l'illusion d'une vie ordinaire. Elle va alors tout risquer pour permettre à Jack de s'enfuir.

La critique Nelfesque: Je n'avais encore jamais entendu parlé de ce livre. J'ai flashé sur la quatrième de couverture qui présente un enfant en proie à des souffrances morales (conscientes ou inconscientes). Au risque de passer pour une dérangée, j'aime ce genre d'histoires qui mélangent drames familiaux et complexité des sentiments... J'ai donc ouvert la première page de "Room" et j'ai été prise en otage par Emma Donoghue!

J'ai failli dire "kidnappée" mais le mot aurait été mal choisi ici... La jeune femme, maman de Jack, âgé de 5 ans, a justement été kidnappée il y a 7 ans par le Grand Méchant Nick. Depuis, elle vit dans une chambre, La Chambre, dans une cabane au fond du jardin. Une cabane "grand luxe" puisqu'elle est équipée d'une porte blindée, de murs ultra isolés phoniquement, de grillage anti intrusion sous le sol... Une vie entre 4 murs d'où on ne peut s'échapper.

Dans cette pièce, comme dans un tombeau éclairé par une unique lucarne sur le toit, elle va donner naissance à Jack. Son rayon de soleil, sa raison de vivre, sa porte de sortie dans un quotidien fait d'angoisse. Ce petit garçon est comme tous les petits garçons, exception faite qu'il ne connait rien d'autres que son environnement immédiat. Madame Télé lui raconte des histoires, Monsieur Tapis est son aire de jeu, Madame Table protège Madame Araignée qui tisse sa toile dessous. Monsieur Mur Côté Lit et Monsieur Mur Côté Porte sont ses uniques repères. Pour lui, cette vie est normale... Maman lui donne son Doudou-Lait, joue avec lui à la course autour de Monsieur Lit, lui lit des histoires. Tout va bien. Maman est là. Mais un jour, elle lui explique ce qu'il s'est vraiment passé et il découvre qu'un Dehors existe. La chambre n'est pas le monde réel. Ensemble, ils vont mettre au point un plan pour s'évader et Jack va se montrer très "peurageux". Il va alors prendre la réalité de plein fouet.

Ce roman est un bijou et j'ai vraiment été touchée par cette lecture. L'auteur a écrit cet ouvrage avec des mots d'enfants, des raisonnements d'enfants... Dérouté au départ, le lecteur se laisse attendrir par ce petit bonhomme si fort et si fragile. Sa relation avec sa mère, pure et belle, nous rappelle que l'essentiel est là mais n'est pas forcément suffisant. Cette mère, dont on ne connaitra jamais le prénom, a vu sa vie basculer à l'âge de 19 ans et à 26 elle va devoir réapprendre à vivre sans brusquer son petit garçon. S'évader de la Chambre est un pas mais le chemin est encore long vers la libération.

Le roman est contruit en plusieurs parties: "Mes cadeaux", "Pour de vrai", "Mourir", "Après" et "Le dehors". Chaque page qui se tourne est une claque. L'amour filial, le regard d'une mère pour son fils dans l'horreur de l'enfermement, la création d'un monde à part, la découverte de l'inconnu, le réapprentissage de la vie pour l'un et la découverte de la vraie vie pour l'autre sont autant de sujets abordé dans "Room" de façon pudique et poignante.

Je vous conseille fortement cette lecture qui je pense me marquera longtemps à l'image d'un "Des fleurs pour Algernon" de Daniel Keyes (dans un autre genre). C'est le type de romans dont on ne ressort pas indemne, qui fait réfléchir sur la vie et nous incite à la vivre à 100%. Une grosse claque!

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Commentaires
M
C'est joliment dit :)
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N
Tu en parles avec beaucoup d'enthousiasme mais je reste un peu effrayée par le côté glauque de ce genre de choses. Le fait que ce soit vu au travers des yeux d'un enfant rend peut-être la narration plus supportable (comme dans "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur") mais tu dis aussi que c'est une claque à chaque page... Je reste effrayée par ce genre de livre depuis que j'ai lu "Anges" de Julie Grelley, que tu as lu aussi et que tu as apprécié apparemment ; moi il m'avait rendu malade. Je suis trop sensible pour ces choses-là, je pense...
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L
une grosse claque oui!! j'ai adoré!
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F
Tu me donnes très envie de découvrir ce livre !
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V
J'ai adoré "Des fleurs pour Algernon", tu m'as convaincue pour le "Tu verras" de Nicolas Fargues, alors je te suis encore sur ce coup-ci et j'inscris ce titre dans ma LAL !
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