L'histoire: Et si la solitude devenait impossible? Si, un jour, nous ne pouvions plus nous isoler, fermer notre conscience? Si les pensées, les désirs, les pulsions des autres nous envahissaient à chaque minute, comme des écrans restés allumés? Bremen, un mathématicien, a ce terrible pouvoir de divination. Longtemps, son union avec sa femme Gail, comme lui télépathe, lui a servi de bouclier. Mais Gail meurt d'un cancer, et le voilà seul dans le chaos, livré à la neuro-rumeur du monde...
La critique de Mr K: Retour aujourd'hui à un de mes auteurs de prédilection avec une de ses premières oeuvres L'homme nu. Nous sommes bien loin des univers SF qu'on lui connaît avec Hyperion, Endymion et autres Olympus. Ce n'est pas non plus un thriller à proprement parlé comme Terreur que j'avais adoré en son temps. Ici, le récit se situe à notre époque et on navigue en plein surnaturel.
Le héros entend les pensées des gens un peu à la manière de Sookie, l'héroïne de True Blood (superbe série soit-dit au passage). Dans son malheur (car c'en est un croyez-moi), il n'était pas seul. Sa femme avec ses pouvoirs médiumiques pouvait fabriquer une carapace mentale qui l'empêchait de devenir littéralement fou. Mais voilà... une tumeur au cerveau et Gail disparaît laissant Jeremy désespérement seul et fragile. Commence alors le début d'une errance contre l'oubli et la souffrance. Les voix intérieures deviennent de plus en plus prégnantes et rien ne semble pouvoir les atténuer. Le héros va passer par tous les stades: il brulera son passé, deviendra SDF et alcoolique, garçon de ferme (devenant par l'occasion la cible d'une serial-killeuse particulièrement retorse) et finira par trouver la rédemption.
Le livre est construit de manière étrange. Deux chapitres de suite narrent ce road movies initiatique puis s'enchaine un chapitre où un narrateur omniscient donne des données sur le passé du héros, sa relation en symbiose totale avec l'être aimé mais aussi ses recherches mathématiques concernant son étrange pouvoir. Les passages tournant autour de processus scientifiques abscons m'ont bien ennuyés il faut bien l'avouer, ayant un esprit purement littéraire. Je ne les ai pas trouvé d'un intérêt crucial pour la compréhension générale de l'histoire et je me suis plus attaché à l'histoire d'amour. Dans ce domaine, le livre fait fort en nous montrant une relation passionnelle qui en devient passionnante. J'ai été touché par le personnage de Gail, son caractère mutin et son amour débordant pour un Jérémy entier et fragile. Les passages se passant sur les dunes d'une plage témoin de leurs ébats sont d'une justesse et d'une beauté rare.
Au final, on peut dire que j'ai aimé ce livre tant les personnages sont vivants et attachants. Quelques pages sont difficiles en terme de compréhension comme dit précédemment mais l'ensemble donne une œuvre bouleversante et réflective sur les liens qui peuvent unir deux êtres et sur la manière dont on pourrait réagir à la disparition de l'autre. À découvrir si le cœur vous en dit!
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