"Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
L'histoire: Par la magie d'un voeu, Dorian Gray conserve la grâce et la beauté de la jeunesse. Seul son portrait vieillira. Le jeune dandy s'adonne alors à toutes les expériences, s'enivre de sensations et recherche les plaisirs secrets et raffinés. "Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais", "il faut guérir l'âme par les sens, guérir les sens par l'âme".
La critique de Mr K: Retour vers un classique de la littérature aujourd'hui avec cet ouvrage d'Oscar Wilde que beaucoup décrivent comme un authentique chef d'oeuvre intemporel. Il m'avait jusque là échappé malgré mon goût prononcé pour le XIXème siècle et ses univers artistiques uniques. En vrac, le symbolisme, le romantisme, l'émergence de l'art moderne pictural et les débuts de l'art déco. Je dois avouer qu'en fin de lecture, c'est un sentiment de déception qui l'emporte malgré des qualités indéniables... La faute essentiellement au temps qui passe, le livre ayant à mes yeux vieilli en terme de forme ce qui risque de rebuter un certain nombre d'entre vous.
L'histoire en elle-même est une vraie réussite. Cette variation autour de l'immortalité et des sacrifices auxquels on doit consentir pour y accéder est un modèle du genre. Le personnage de Dorian est ciselé avec finesse par un Oscar Wilde littéralement "amoureux" de son personnage. Il faut dire que nombre de critiques soulignent la transposition dans cette oeuvre de la vie et des expériences de Wilde. On suit donc ce dandy éternellement jeune dont la figure rappelle celle du vampire. Mais derrière ce masque se cache une vérité bien sombre qui éclabousse le lecteur à la toute fin du roman. Ce livre est aussi l'occasion de participer à une plongée dans l'Angleterre puritaine de l'époque qui est ici décrite avec réalisme et cynisme par un auteur qui a rencontré beaucoup de soucis avec les autorités par ces moeurs considérés comme déviants à l'époque par la société en place. Ce livre peut donc être perçu comme un brulôt anti-réactionnaires si l'on sait lire entre les lignes et surtout, si on a le courage d'aller jusqu'au bout...
Eh oui, au final, j'ai souffert... Et pourtant, tout était réuni pour que je passe un excellent moment mais voilà... Le style est ampoulé et lourd ce qui rend la lecture parfois éprouvante. Oscar Wilde sait qu'il a du talent, s'en satisfait et s'auto-parodie par moment en surchargeant le palais du lecteur qui se retrouve essoufflé à chaque fin de page (les aphorismes ça va un temps). J'ai failli arrêter ma lecture un sacré nombre de fois ce qui m'arrive rarement. Mais bon gré, mal gré, j'en suis venu à bout. On peut rajouter aussi que certains personnages secondaires sont vraiment caricaturaux et rendent superficiels certains éléments secondaires de l'intrigue générale.
Au final, c'est un livre qu'il faut certes avoir lu mais qui m'a déçu. J'espère ne pas m'attirer les foudres des fans intégristes de Wilde! Pour ma part, Goethe et son "Faust", Lautréamont et son "Les chants de Maldoror" restent les maîtres de l'époque aux côtés de l'inénarrable Chateaubriand.