Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
22 mars 2012

On the road again avec Boulbar

Boulbar Motor Hotel

J'ai découvert Boulbar en 2009 avec l'excellent album Requiem pour un champion. Un vrai coup de coeur, une galette originale, un univers propre à l'artiste: impossible de résister. C'est deux ans et quelques mois plus tard qu'il nous revient avec Motor Hotel, un autre album concept, un univers propre une fois de plus, toujours autant de talent...

Mettre Motor Hotel dans son lecteur c'est prendre la route pour l'Amérique. Boulbar nous conduit de New York à San Francisco en passant par Nashville, Denver ou encore Goldfield, ville quasi-fantôme de 400 habitants, dans un road movie musical parcourant les Etats-Unis d'est en ouest. C'est en septembre 2010 qu'il est parti pendant un mois aux USA afin de composer un carnet de voyage en musique et en image. Les 12 morceaux qui en résultent sont des petites pépites de réalisme où Boulbar s'est imprégné de l'anti-rêve américain. Nous ne sommes pas ici dans le strass et les paillettes, les starlettes sont absentes, seuls des personnages cabossés et des chambres miteuses perdurent. Tels des instantanés de l'Amérique de Bukowski, Boulbar nous présente ici des personnages à la fois fragiles, attendrissants et hors du temps. Autant de rencontres couchées sur papier dans les chambres de motel de douze villes différentes où Boulbar a posé ses valises.

Sans aucune prétention, si ce n'est celle de décrire ce qu'il voit et ce qu'il ressent à l'instant T, Boulbar part dans une errance où il est bon de plonger avec lui. "Burnsville" est la première claque du voyage avec des textes simples et ciselés. C'est là que Boulbar va trouver l'Amérique qu'il est venu chercher... "500 habitants et pas grand chose à faire à part se marier avec son ami d'enfance, il suffira d'une danse au bal de Sunshine Valley". Tout est dit... Tout se ressent et les poils se redressent sur les bras. Boulbar vient de faire mouche et enchaine avec d'autres titres marquants à l'instrumentation persistantes. C'est le cas de "De Paquebots en épaves", où Paradise City côtoie le désert de Mojaves où les corps se blottissent au creux de la folie...

"Je cherche ta voix", "le désert se déploie, je roule vers ta voix"... On est sur le siège passager d'une vieille Cadillac ou d'une Ford Gran Torino. Arrive "De vent et de poussière" où les regrets prennent place. La ville est dépeuplée, le vieux piano est muet, la vie est partie ailleurs, quelques habitants demeurent dans ce no man's land. "Desert Motel" est un des plus beaux titres présentant l'Amérique des endettés, des floués, des survivants. Un titre vraiment poignant. "Si vous glissez et lâchez prise on vous retrouvera là. Une nuit gratuite par semaine, une semaine par mois, bienvenue à Désert Motel vous ne regretterez pas". Puis le coup de grâce tombe avec "Joe". Boulbar fait la connaissance d'un vétéran oublié du Vietnam, SDF dans les rues de San Francisco. Un texte magnifique, une musique adéquat. "Au prix de mon âme, j'ai fait le boulot", les mots blessent, les mots collent au coeur. Ce fut là sa plus belle rencontre du voyage qui s'achève avec "Dernier jour à San Francisco".

Errance le long des rues, villes désertes, sentiment de solitude, paysages de western, rencontre avec des Navajos, au milieu de nulle part, coupé du monde, routes perdues, nostalgie du temps qui passe... c'est tout cela que nous propose Boulbar dans cet album ovni qui marque l'auditeur au plus profond de lui même. En terminant l'écoute de cet album au concept original et sans concession, on est ébranlé et touché par le talent de cet artiste à part.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité