"L'univers en folie" de Fredric Brown
L'histoire: 10 juin 1954. La première tentative de lancement d'une fusée sur la Lune se solde par un échec disons... cuisant.
Du moins pour Keith Winston, journaliste dans une revue de science-fiction, littéralement désintégré dans le jardin de son patron par l'explosion du projectile et... réintégré dans un univers parallèle où monstres hideux aux yeux pédonculés et femmes de l'espace en sous-vêtements sexy côtoient le commun des mortels avec le plus grand naturel, sur fond de guerre intergalactique entre Arcturus et la Terre.
Pris pour un espion arcturien, Winston ne devra son salut qu'à sa connaissance de la littérature de science-fiction. Mais trouver son double installé dans votre appartement et votre petite amie fiancée à un autre, découvrir que les machines à coudre peuvent ouvrir la voie de l'hyperespace, voilà de quoi ébranler l'esprit le plus ouvert de vet univers en folie!
La critique de Mr K: Sous les conseils de mon paternel, j'avais lu et adoré lors de mon adolescence un classique de la SF parodique Martiens go home de Fredric Brown, livre que j'adule toujours autant et qui se trouve bien placé dans ma bibliothèque à côté notamment d'H2G2. C'est dans la fabuleuse librairie des mondes imaginaires des Utopiales que je suis tombé par hasard et mal rasé (je me lasse pas de cette expression, désolé!) sur ce volume de Fredric Brown. Ne le connaissant ni d'Ève ni d'Adam, je me suis laissé tenter et je l'ai ramené à la maison. Au final, mon avis reste mitigé sans doute que je m'attendais à autre chose...
En fait, je pensais me retrouver face à un livre à l'humour féroce et dérangeant comme dans Martiens go home. Certes, on est face à une œuvre parodique mais l'humour est ici bien léger et surtout peu corrosif. Il est question d'un univers parallèle où l'Histoire s'est déroulée autrement (un monde uchronique en quelque sorte), où le voyage interstellaire a été découvert par hasard par un scientifique réparant la machine à coudre de sa femme (moment le plus drôle du livre, à lire absolument), une guerre interstellaire gronde contre des habitants d'un monde lointain et la faune que croise le héros est bigarrée au possible. C'est dans ces moments de désorientation d'un contemporain égaré loin de chez lui que l'on sourit le plus: races extra-terrestres extravagantes (à la manière d'un H2G2 d'ailleurs), lecture d'une Histoire modifiée à la manière d'un scénario de pulp... autant de petites touches qui projettent Keith et le lecteur en même temps dans un univers farfelu et cependant cohérent.
Mais voilà, on sourit mais ce n'est pas non plus la franche marade. Le livre peine à décoller en terme de comédie et contrairement à un Martiens go home où l'auteur se lâchait sans limite, ici la critique reste polie et l'humour n'est qu'un aspect mineur d'un récit finalement d'un classicisme ronflant. Ça se lit vite et bien mais il manque le grain de folie qui laisse une marque indélébile dans l'esprit du lecteur, c'est moyen, ça se consomme plus que ça s'apprécie. Dommage... c'est plus un coup dans l'eau qu'autre chose! L'histoire est rondement menée mais ne surprend jamais vraiment et l'écriture bien que fluide reste terre à terre et peu remarquable. Un livre que je conseillerai donc uniquement aux fans absolus de cet écrivain qui reste incontournable dans le genre de par ses autres œuvres.