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Le Capharnaüm Éclairé
24 novembre 2011

"Gamines" de Sylvie Testud

gaminesL'histoire:

- Qu'est-ce que tu faisais dans la chambre de maman?
- J'ai volé une photo. Une toute petite photo.
- Tu lui ressembles tellement, a dit ma sœur.
J'ai mis la photo dans la poche de mon jean. Je me suis assise dessus pendant trente ans.
- La photo est ressortie de ma poche! j'ai dit à mes sœurs. J'ai vu l'homme de la photo!
- Qui?
- Celui qui porte le même nom que nous, le même nom que moi. Ce n'est pas une photo, c'est un homme!
J'ai donc un père. Que dois-je faire? Trente ans que je réponds: "Je n'ai pas de père. Je n'ai qu'une photo." Devant les mines compatissantes, je réponds depuis trente ans: "Je n'ai pas de père, mais je m'en fiche, c'est comme ça."

La critique de Mr K: On avait beaucoup parlé dans les médias du film tiré du roman-autobiographique de Sylvie Testud, talentueuse actrice française. Au hasard d'une déambulation, ce livre m'a fait de l'œil et je l'ai pris sous mon aile. C'est presque un an plus tard que je me lançai à sa découverte, voici le compte-rendu après quelques heures de lecture intensive.

Pendant les 251 pages de Gamines, on suit l'histoire d'une famille comme il en existe tant. La maman célibataire élève ses trois enfants, ici trois filles très différentes les unes des autres, son compagnon les ayant abandonnées peu de temps après la naissance de la benjamine. Le point de vue adopté est celui de Sibylle, la petite fille intermédiaire au caractère frondeur et indépendant (la rouquine à l'œil au beurre noir sur la couverture). Elle nous présente tour à tour Georgette, la plus petite de ses sœurs au caractère boudeur et très puérile, et Corinne, l'ainée plus sérieuse et protectrice envers les deux autres. Les trois petites et leur mère évoluent devant nos yeux et nous partageons leurs joies et leurs peines à travers la vision crûe et enfantines de Sibylle. Peu à peu s'installe une impression, un vide qui obsède de manière différente chacun des personnage. Qui est ce père parti de la maison?

On passe par beaucoup d'état en lisant cet ouvrage. La plupart du temps, c'est le sourire aux lèvres que j'ai suivi Sibylle dans ses délires de pré-adolescentes, ses rapports parfois houleux avec sa mère et ses sœurs. Mais au fur et à mesure, le malaise grandi et dans le dernier quart du livre quand on retrouve Sibylle à trente ans, le cheminement des trois sœurs va atteindre son apogée dans une scène d'une rare intensité dans une brasserie quelconque de Paris. Autant l'écriture de Sylvie Testud n'a rien d'exceptionnelle (on baigne tout de même dans le banal), autant la force du livre réside dans son côté réaliste, l'auteur décrivant au scalpel les relations entre les différents personnages. C'est sans doute le fait qu'elle mélange allégrement éléments autobiographiques (enfance sans père, origine immigrée et installation de sa famille à Lyon...) et fiction pure et dure qui porte et rajoute de la puissance à ce récit prenant et saisissant.

Gamines est donc un livre que je vous recommande pour sa franchise, sa facilité d'accès en terme d'écriture et le nombre important d'émotions contradictoires que l'on ressent à sa lecture.

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Commentaires
M
@Eninera: une lecture bien sympathique qui détend.
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E
Je vais me laisser tenter par celui-ci. J'étais intéressée quand il est sorti, mais je l'ai oublié depuis. <br /> <br /> A noter =)
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M
@Cachou: Laisse toi tenter! ;)<br /> Pour ma part, je retournerai dans la bibliographie de Sylvie Testud aussi.
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C
J'ai lu deux autres livres de l'actice, aussi très "frais", du coup celui-ci me tenterait bien.
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M
@Marie: Tu te retrouveras toutes ces qualités dans cet opus. On passe un bon moment entre rire et larmes! ; )
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M
j'ai déjà lu un de ses bouquins (Le ciel t'aidera) et j'avais beaucoup aimé. Je trouve agréable sa façon d'écrire assez simple et fluide, et j'aime bien l'autodérision dont elle fait preuve...
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