"Melancholia" de Lars Von Trier
L'histoire: À l'occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la soeur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre...
La critique Nelfesque: Quel film! Autant l'annoncer tout de go et sans fioriture: "Melancholia" est un putain de film! Un des meilleurs Von Trier à mon sens. Laissons de côté la polémique qu'a pu susciter le réalisateur au Festival de Cannes, l'objet cinématographique qui nous est servi ici mérite bien plus de publicité.
La réalisation, le jeu d'acteur, le climax, la photo, la musique, tout est réuni pour captiver le spectateur. Et ce, dès la première minute. Se suivent quelques plans au ralenti composés tels des tableaux qui mettent tout de suite dans l'ambiance. C'est beau, c'est intrigant, ça suscite des émotions, ça ne laisse pas indifférent. On est assis dans notre fauteuil et rien que pour les 5 premières minutes, on est content d'avoir payé nos places, content que de tels productions soient produites.
Ce long métrage se découpe en deux parties. La première partie est centrée sur Justine, le soir de son mariage. Kristen Dunst interprète à merveille ce personnage dépressif et secret. On ne sait si elle est heureuse ou pas, ni ce qui cloche exactement mais on ressent un malaise. Tout est pourtant réuni pour faire un magnifique mariage et le lieu de réception est sublime mais Justine porte en elle un mal-être qui est palpable. Elle mérite amplement le prix d'interprétation qu'elle a reçu pour ce rôle. Autour d'elle, sa famille semble étrange... Son père est du genre coureur, sa mère met les pieds dans le plat et sa soeur est à cheval sur tout. On ne sait pas ce qui se passe dans cette famille mais leur mode de fonctionnement est particulier.
Arrive la seconde partie du film centrée sur le personnage de Claire, la soeur de Justine, interprété par Charlotte Gainsbourg. J'aurai aussi donné le prix d'interprétation féminine à Charlotte Gainsbourg. J'aime énormément cette actrice qui sait tout jouer. Ayant déjà eu ce prix pour "Antechrist" il y a deux ans, avec le même réalisateur aux commandes, on comprend pourquoi elle n'a pas été nommé cette année. Il en faut pour tout le monde! Toujours est-il que son désir de voir sa soeur guérir et sa peur de voir la planète Melancholia heurter la Terre et tout ravager sur son passage sont patents.
Oui parce qu'il est question d'un évènement cosmique et de la fin du monde dans ce film. En même temps qu'une planète flirte avec la Terre et menace son existence, une famille se déchire, essaye de se comprendre et s'aime. Tout est lié. Peu à peu, les rôles s'inversent, Justine s'apaise et Claire semble perdre pied...
Un film magnifique sur la nature humaine, sur les relations fraternelles. Un film qui évoque la fin du monde de manière pudique, dans un huit clos éprouvant, loin des films catastrophes hollywoodiens. Une fin magnifique qui fait écho aux scènes d'intro et nous laisse pantelants face à un écran noir dépourvu de générique. Une belle expérience cinématographique.
La critique de Mr K: 6/6, encore un chef d'oeuvre à mettre à l'actif de Lars Von Trier. J'ai beau cherché, il n'y a aucun de ses films que je n'ai pas au minimum apprécié. Avec celui-ci, j'ai pris une sacré claque. Rassurez-vous, c'est moins "violent" dans le thème et la forme qu'un "Antechrist" mais on retrouve le sens de l'esthétique si admirable chez ce danois pur souche (image, musique et conduite d'acteur parfaites). Alors peu importe ses débordements et son côté antipathique, le cinéaste est remarquable et on aurait tort de passer à côté de cette apocalypse filmée avec maestria.
Après une scène d'ouverture aussi incroyable que magnifique (on est gâté cette année avec le dernier Malick), la première partie du film s'attache à suivre le mariage de Justine (Kirsten Dunst). On retrouve ici le goût de Von Trier pour disséquer les relations qui existent dans une famille qui va mal, avec le personnage central qui devrait être au comble du bonheur mais dont la nature profonde assombrit les festivités. Ajoutez à cela, la menace cosmique qui pèse sur la Terre et vous aurez une vague idée de la tension qui peut prendre le spectateur à la gorge. La seconde partie est centrée sur Claire (Charlotte Gainsbourg) et se situe quelques jours après la cérémonie. Complètement différente de sa soeur, elle a peur et essaie de se rassurer. Son mari a beau l'assurer d'une issue heureuse (Kiefer Sutherland impec), elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter notamment pour son adorable petit garçon (très bon choix au casting).
Les deux actrices principales portent littéralement le film sur leurs épaules. Kirsten Dunst est magnifique (en bonus pour les fans mâles, elle est totalement nue au bord d'une rivière!) et d'une justesse troublante, sa palme est méritée. Pour autant, elle aurait du être partagée avec Charlotte Gainsbourg toujours aussi impressionnante, au jeu calibré à la perfection mais tellement naturel. On est ébloui par la performance livrée mais pas surpris quand on connaît le talent (et la rudeur) avec lequel Von Trier dirige ses actrices (trois palmes d'or d'interprétation féminine cumulées tout de même).
La scène finale est éblouissante et laisse le spectateur pantelant, conscient d'avoir vécu un moment rare du septième art. On est littéralement cueilli et conquis par ce film de SF intimiste et bouleversant. Un grand prétendant pour le film de l'année à mes yeux.