"Le vieil homme et la mer" d'Ernest Hemingway
L'histoire: Tu veux ma mort, poisson, pensa le vieux. C'est ton droit. Camarade, j'ai jamais rien vu de plus grand, ni de plus noble, ni de plus calme, ni de plus beau que toi. Allez, vas-y, tue-moi. Ca m'est égal lequel de nous deux tue l'autre.
Qu'est-ce que je raconte? Pensa-t-il. Voilà que je déraille. Faut garder la tête froide. Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson.
E.Hemingway
La critique de Mr K: Au début du récit, nous faisons la connaissance de Santiago, un vieux pêcheur qui ne ramène plus rien de ses parties de pêche. Il a pour seul ami, un jeune garçon qui l'accompagnait lors de ses journées au large. Ses parents, ne voyant pas cela d'un bon œil, le font embarquer sur un autre bateau où la pêche est plus abondante. Au début du roman, c'est donc seul que le vieil homme part après 84 jours de disette poissonneuse. Il va croiser sur son chemin un espadon d'une taille peu commune qui va lui donner du fil à retordre.
Il s'agit ici de la relecture d'un classique qui m'avait marqué lors de ma pré-adolescence. Vingt ans après, le choc est toujours là, même évasion et même réflexion éveillées par cette parabole intemporelle sur l'âge et l'accomplissement de soi. Une plume simple, réaliste au millimètre (on est avec le vieil homme, dans sa barque, dans son quotidien) qui est au service d'un récit universel. On ne peut s'empêcher de voir dans cette histoire une parabole sur l'existence humaine notamment sur l'espoir et le courage qu'il nous faut pour tenter d'approcher nos rêves. La vie humaine est parsemée de défaites et de victoires mais ce qui semble compter le plus ce n'est pas le résultat en lui-même mais l'intensité des efforts déployés pour tendre vers la réussite. Dans cet ouvrage, malgré l'échec total du héros, ce dernier en ressort grandi dans sa dignité d'homme par rapport aux efforts immenses qu'il a fourni pour attraper le fameux poisson. Dans cette lutte longue et âpre, il se crée un lien, un respect mutuel entre les deux adversaires, d'ailleurs le vieux pêcheur s'adresse directement à l'espadon à de nombreuses occasions, façon pour lui de tenir le coup.
Une immense œuvre qui faut avoir lu une fois dans sa vie. Je crois que je vais me remettre à Hemingway dans les mois qui viennent histoire de relire Pour qui sonne le glas et découvrir L'Adieu aux armes.
Babies challenges 2011
Bon, ça n'aura échappé à personne qu'à la maison, nous sommes de gros lecteurs. Je crois que pour passer inaperçus, on a un peu foiré notre coup... Je fréquente quelques forums de lecture et en début d'année, j'ai dégoté des challenges intéressants. Comme je suis une grosse feignasse, je n'ai pas pris le temps jusqu'à présent de signifier ma participation aux 3 babies challenges ci-dessous.
Le but est simple: lire dans l'année le plus de romans possibles présents sur ces listes. Comme certains ne m'intéressent pas, je ne cherche pas à faire le carton plein mais comme j'en ai d'autres dans ma PAL ou ma LAL... why not! Et puis il y a des médailles en jeu, ça rigole pas!
Médaille d'or : 20/20
Médaille d'argent : 16/20
Médaille de bronze : 12/20
Médaille de chocolat : 8/20
Je m'inscris donc au baby challenge "Drame", au baby challenge "Contemporain" et au baby challenge "Thriller" (ça tombe bien hey c'est trois genre que j'aime beaucoup!).
Voyons ça de plus près... Sont portés en gras les romans que j'ai déjà lu et qui seront validés ainsi que les liens vers ceux qui ont été chroniqués ici.
Pour le baby challenge "Drame", je vise la médaille en chocolat (trop la classe!)
1 - Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini
2 - Neige de Maxence Fermine
3 - La voleuse de livres de Markus Zusak
4 - Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee
5 - La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier
6 - La ferme des animaux de George Orwell
7 - Le Vieil Homme et la Mer d'Ernest Hemingway
8 - Le temps n'est rien / De toute éternité de Audrey Niffenegger
9 - Ne t'inquiète pas pour moi de Alice Kuipers
10 - La route de Cormac McCarthy
11 - Le liseur de Bernhard Schlink
12 - Junk de Melvin Burgess
13 - L'attentat de Yasmina Khadra
14 - Le maître des illusions de Donna Tartt
15 - Un secret de Philippe Grimbert
16 - Si je reste de Gayle Forman
17 - Oliver Twist de Charles Dickens
18 - Les yeux Jaunes des Crocodiles de Katherine Pancol
19 - Lolita de Vladimir Nabokov
20 - Parce que je t'aime de Guillaume Musso
Pour le baby challenge "Contemporain", je vise la médaille en chocolat (trop la classe bis!)
1 - Une Prière Pour Owen de John Irving
2 - La Saga Malaussène, tome 1 : Au bonheur des ogres de Daniel Pennac
3 - Le Clan des Otori, tome 1 : Le Silence du Rossignol de Lian Hearn
4 - Entre chiens et loups, tome 1 de Malorie Blackman
5 - Kafka sur le rivage de Haruki Murakami
6 - La porte des enfers de Laurent Gaudé
7 - Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer
8 - Les Thanatonautes de Bernard Werber
9 - Oscar et la dame rose de Eric-Emmanuel Schmitt
10 - L'évangile selon Pilate, suivi de Journal d'un roman volé de Eric-Emmanuel Schmitt
11 - Seul le silence de R.J. Ellory
12 - La vie devant soi de Emile Ajar
13 - Le monde de Sophie de Jostein Gaarder
14 - L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon
15 - La ferme des animaux de George Orwell
16 - L'enfant de Noé de Eric-Emmanuel Schmitt
17 - Ensemble, c'est tout de Anna Gavalda
18 - Les enfants de la liberté de Marc Levy
19 - Cosmétique de l'ennemi de Amélie Nothomb
20 - Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé
Pour le baby challenge "Thriller", je vise la médaille de bronze (on ne m'arrête plus!)
1 - Shutter Island de Dennis Lehane
2 - Le silence des Agneaux de Thomas Harris
3 - La mémoire fantôme de Franck Thilliez
4 - Le chuchoteur de Donato Carrisi
5 - Seul le silence de R.J. Ellory
6 - Robe de marié de Pierre Lemaitre
7 - La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric
8 - Les Rivières Pourpres de Jean-Christophe Grangé
9 - Cul-de-sac (Piège Nuptial) de Douglas Kennedy
10 - Chroniques des vampires, tome 01 : Entretien avec un vampire de Anne Rice
11 - Thérapie de Sebastian Fitzek
12 - La chambre des morts de Franck Thilliez
13 - La Trilogie du mal, tome 1 : L'Âme du mal de Maxime Chattam
14 - L'Evangile selon Satan de Patrick Graham
15 - Le Serment des Limbes de Jean-Christophe Grangé
16 - Dragon Rouge de Thomas Harris
17 - Dead Zone de Stephen King
18 - L'Oeil de Caine de Patrick Bauwen
19 - Le 5e règne de Maxime Chattam
20 - Le Vol des Cigognes de Jean-Christophe Grangé
"À genoux" de Michael Connelly
L'histoire: Le corps du Dr Stanley Kent vient d'être retrouvé au belvédère naturel proche de Mulholland Drive: deux balles dans la nuque, style exécution. Nouvellement affecté à la section Homicide Special, l'inspecteur Harry Bosch découvre vite que le Dr Kent avait accès à des matières radioactives utilisées dans le traitement de certains cancers féminins... et que ces matières ont disparu. Aux yeux de l'agent spécial du FBI Rachel Walling, que Bosch aime encore malgré leur rupture après le fiasco d'Echo Park, ce meurtre et cette disparition risquent fort de marquer le début d'un attentat terroriste à la bombe sale. Donc conflit ouvert et cette fois, Bosch n'est pas sûr d'avoir le dessus: il y a certes de la parano dans les services de la sécurité du territoire, mais la menace islamiste est bien réelle...
La critique de Mr K: Une fois de plus, l'abbé m'a permis d'ajouter une pièce dans ma collection de Connelly et cette fois ci en grand format! À genoux se situe juste après Echo park que j'avais bien apprécié. À tout bien réfléchir, Connelly ne m'a jamais vraiment déçu.
On retrouve ici une Harry Bosch fraîchement muté dans la section spéciale spécialisée dans l'élucidation de meurtres particulièrement retors. Notre inspecteur préféré va être confronté dans cette enquête à un crime de sang froid sonnant comme une exécution. Livre construit comme un compte à rebours (Harry trop fort, résout l'affaire en 8 heures!), des pistes apparaissent rapidement. Véritable course aux indices, on se laisse embarquer immédiatement par les personnages déjà rencontrés dans de précédents ouvrages de Connelly, mention spéciale à l'agent Rachel Welling dont le charme tout naturel ne laisse par Bosch indifférent. Retrouvailles forcées, coups de gueule et petits jeux de séduction ponctuent une enquête trépidante enchaînant révélations et coups de théâtre... du Connelly pur jus et du meilleur crû.
Intrigue bien ficelée, parano ambiante bien rendue (Connelly égratigne au passage l'Amérique et sa psychose de l'arabe terroriste), rythme effréné, la ville de Los Angeles remarquablement rendue une fois de plus, des personnages creusés et complexes... Non ne cherchez plus, le maître a encore frappé!
"La Princesse des glaces" de Camilla Läckberg
L'histoire: Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d'une amie d'enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d'eau gelée. Impliquée malgré elle dans l'enquête (à moins qu'une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l'œuvre), Erica se convainc très vite qu'il ne s'agit pas d'un suicide. Sur ce point - et sur beaucoup d'autres -, l'inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint.
A la conquête de la vérité, stimulée par un amour naissant, Erica, enquêtrice au foyer façon Desperate Housewives, plonge dans les strates d'une petite société provinciale qu'elle croyait bien connaître et découvre ses secrets, d'autant plus sombres que sera bientôt trouvé le corps d'un peintre clochard - autre mise en scène de suicide.
La critique Nelfesque: Depuis sa sortie, j'ai très envie de lire "L'Oiseau de mauvaise augure"de Camilla Läckberg. Oui mais voilà, il fait parti de la saga "Erica Falck et Patrik Hedstrôm" et bien que chaque roman possède une histoire propre, je risquai de passer à côté de nombreux détails composant le fil conducteur de l'ensemble de la saga.
Cette auteur fait beaucoup parler d'elle. Moi qui n'aime pas les modes, je me suis tout de même lancée dans cette lecture parce que j'adore les thrillers, parce que j'aime beaucoup les polars venus du froid (à l'instar de Millénium 1, 2 et 3) et parce que j'adore la collection "Actes noirs" au look sobre et aux tranches noires qui donnent un côté classe à ma bibliothèque.
Bon, mais esthétisme mis à part, que dire de "La Princesse des glaces"? Camilla Läkberg a une écriture très fluide et une fois commencé, il m'a été difficile de lâcher ce roman avant une centaine de pages et l'arrivée de la petite voix dans ma tête me disant d'éteindre la lumière et de dormir. Ce thriller ne révolutionne pas le genre mais reste très agréable à lire. L'histoire est assez classique mais les liens qui unissent les différents personnages accrochent le lecteur. C'est là que se situe pour moi le point fort de ce roman (je ne parle pas de la saga dans son ensemble, je ne veux pas m'avancer avant de les avoir lus). Certains n'ont pas aimé ce roman justement parce que l'auteur s'attache beaucoup à la psychologie de ses personnages, à ce qu'ils pensent, à leurs vies privées... A mon sens, il faut voir cet opus comme une oeuvre pilote. Ici, l'auteur plante le décor (un village suédois), accroche le lecteur sur une trame de fond (l'enquête et la vie privée d'un écrivain et d'un flic local) et personnellement, la perspective de lire la suite des aventures d'Erica Falck et Patrik Hedstrôm me ravit. Il y a pour l'instant 5 tomes traduits en français, donc amplement de quoi faire! J'ai déjà acheté le second tome, "Le Prédicateur".
Ici, nous faisons connaissance avec Erika Falck, auteur de biographies, elle est de retour dans sa ville natale suite au décès de ses parents afin de mettre en ordre leurs "affaires" et la succession qui va avec. Tout en continuant d'écrire la biographie sur laquelle elle travaille, elle s'attelle à une nouveau projet. Cela fait plusieurs années qu'elle songe à écrire un roman et l'heure est venue. Une des premières arrivées sur le lieux de ce qui semble être un crime, elle découvre son amie d'enfance, Alexandra Wijkner, les poignets tailladés dans sa baignoire. Elle va alors se rapprocher de la famille de la défunte qui va lui demander d'écrire la nécrologie de son amie. L'auteur commence alors une "enquête" pour se familiariser avec l'Alexandra d'avant sa mort, elle qui n'a connu cette femme qu'enfant.
Elle va croiser la route de Patrik Hedstrôm, officier de police, qui mène l'enquête officielle. Avec leurs retrouvailles après des années, remontent alors les souvenirs d'enfance et d'adolescence.
"La princesse des glaces" fut une belle découverte pour moi. J'attends de lire la suite pour voir si l'essai est transformé mais, moi qui adore les romans qui s'attachent ainsi à la psychologie et à la vie des personnages, je n'ai pas été déçue.
Real economy malsaine
Strips de Bar tiré de son blog .
Et ça dure depuis si longtemps... Je crois que je vais me revisionner Lord of war moi!
"Fais péter les basses Bruno! " de Baru
L'histoire: L'histoire commence dans un petit village africain. Ousmane Traoré, célèbre footballeur de passage au pays, repère un gamin doué d'un talent exceptionnel balle au pied. Le gamin s'appelle Slimane. Ousmane lui prédit un bel avenir sur les terrains de fouteballe, mais à une condition : qu'il accepte de faire le voyage en Europe. Et voilà comment Slimane se retrouve planqué dans la soute d'un avion, avant de sauter à terre à l'atterrissage et de se mettre à courir pour échapper aux flics. Il court, court, court sans s'arrêter, sur les voies du périph, à travers champs, il court à s'en faire péter le coeur. Et il devient... travailleur clandestin pour de rudes besognes. Pendant ce temps-là, Zizou sort de prison. Zizou ? Non, pas le Zinedine Zidane adulé des foules. Un autre Zinedine, lascar de banlieue coupable de quelques peccadilles. A peine dehors, il s'empresse de régler les affaires courantes : renouveler sa garde-robe et dessouder celui qu'il accuse de l'avoir fait coffrer. Ensuite, il décide de se consacrer à son grand projet : mettre la main sur un fourgon de la Brinks et ses 7 ou 8 millions, sans escorte, car à Noel ils sont en manque de personnel. Son coup ultime, « pour finir peinard, en attendant le cimetière, comme une retraite, quoi ».
Le problème, c'est que Zizou a autant de cervelle que de scrupules. Pour réussir son coup, il a besoin d'aide...
La critique Nelfesque: J'ai beaucoup apprécié cette joyeuse bande de truands à l'ancienne issue d'une époque où la délinquance avait une certaine classe. Chacun a refait sa vie mais l'occasion est trop belle de faire "le dernier coup". Il y a du Lino Ventura, du Michel Constantin, du Bernard Blier dans ces personnages.
Face à ce gang ancienne génération, une bande plus brutale manie le révolver sans hésitation ni état d'âme. Ils sont peut être plus violents dans les actes mais n'arrivent pas à la cheville des "papis". Ils en seraient même risibles. Deux générations de caïds s'affrontent pour le plus grand bonheur des lecteurs.
En parallèle de cette histoire de casse, Slimane, jeune africain arrivé clandestinement en France, galère dans sa vie de sans papier. Il va bientôt arriver comme un cheveux sur la soupe dans le sillage de l'histoire. Le côté "jeune espoir du football" ne m'a pas touchée. Peut être est-ce parce que je n'aime pas particulièrement ce sport... je m'en serais passée. Mais c'est là l'occasion de mettre le doigt sur l'immigration clandestine et les rêves vite déçus des immigrants. En France, Slimane vit dans la crainte des flics, dans l'exploitation par des patrons peu scrupuleux, dans la précarité.
Cette BD se passe dans le milieu rural et ouvrier et on sent une vrai tendresse de l'auteur pour ce monde où les gens sont simples, taiseux et en même temps loyaux. Ils arpentent des décors fait d'usines, de barres HLM de province, de stations essence et de cafés PMU. On est ici bien loin du strass et des paillettes mais on est bien plus près des gens qui se contentent de peu. Baru nous dépeind là toute une société de gens du peuple.
"Fais péter les basses Bruno!" a eu le Grand Prix du Festival d'Angoulême en 2010. Avec son respect pour les anciens, son humour avec des nouveaux "méchants" loin d'être au point et le côté social avec l'histoire de Slimane, il le méritait amplement. Je vous conseille cette bande dessinée.
"Une porte sur l'été" de Robert Heinlein
L'histoire: Il est le meilleur ingénieur de son temps. Il a inventé le robot à tout faire et crée l'usine qui le construit.
Mais le voilà dépossédé de tout par la trahison de son meilleur ami et de la femme qu'il aimait.
Il s'enfuit dans l'avenir au moyen du long sommeil. Avec pour seul compagnon Petronius le Sage, le chat qui sait qu'en faisant le tour de la maison, il trouvera, en plein hiver, une Porte qui ouvre sur l'été.
La critique de Mr K: Retour à la SF aujourd'hui avec un livre de Robert Heinlein, grand auteur dans le domaine avec notamment Starship Troopers ou Révolte sur la Lune. Sorti en 1957, il a été réédité en mai 2010 dans la collection SF du livre de poche. C'est cette version que j'ai pu dévorer après un échange fructueux avec une lectrice virtuelle.
Le postulat est simple, le héros, ingénieur de métier, est trahi par sa fiancée et son meilleur ami. Spolié, il se fait cryogéniser pour 30 ans et se réveille en l'an 2000. Le monde a bien changé, son ressentiment non, il commence alors à échafauder son plan. Beaucoup d'aspects de la vie sont abordés dans ce petit livre (280 pages): l'amour, la trahison, la notion de progrès, le capitalisme libéral. Le tout sans préciosité, dans un style simple et non pompeux. C'est avec plaisir que l'on suit ce héros dépassé par les événements au départ, naïf sur lequel le sort semble s'acharner. J'ai particulièrement apprécié les rapports qu'il entretient avec Petronius (alias Pete) son chat qui lui répond et semble le comprendre instinctivement, tous les amoureux de tigres de salon s'y retrouveront. C'est d'ailleurs ce compagnon à quatre patte qui va l'inciter à trouver cette fameuse porte vers l'été, symbole hautement poétique de la recherche du bonheur dans cet ouvrage.
Je suis sorti touché comme rarement de cette lecture SF. C'est un genre qui m'apporte beaucoup mais qui à part quelques titres comme Des fleurs pour Algernon ou La route reste purement récréatif ou réflectif. Ici, même si des passages s'apparentent à une réflexion sur le progrès (robots ménagers à tout faire, l'abolition de la gravité) ou sur le capitalisme (voir les rapports compliqués et à couteaux tirés avec le directeur marketing de la boîte qui l'emploie en 2000), ce qui m'a le plus marqué c'est la quête du bonheur qu'entretient Dan B. Devis avec notamment une histoire d'amour assez osée pour l'époque, flirtant avec le mythique Lolita de Nabokov. À ce propos, j'ai trouvé que ce roman se situait parfois à la limite de la misogynie avec notamment un portrait bien trop caricatural de son ex-fiancée Belle, personnage exécrable à côté duquel Marine Le Pen se révèlerait fréquentable... c'est dire! C'est pour moi le seul et unique défaut de cet ouvrage.
Je l'ai lu en une journée, impossible de le lâcher avant la fin. Un très bon livre entre SF et une histoire d'amour intemporelle qui a ravi mon cœur de midinette (oui je sais, je cache bien mon jeu). Avis aux amateurs!
Les ramoneurs de menhirs, Fest-noz à Camors, 19-02-11
Hier soir, nous étions à Camors pour voir Les ramoneurs de menhirs, groupe punk qui verse dans la musique traditionnelle bretonne. Un mélange décoiffant qui fait mouche à la première écoute. Je n'aime pas spécialement la bombarde et le binou (le mot est faible) et les musiques folkloriques en général m'ennuient profondément. Seulement, avec Les ramoneurs de menhirs, les choses sont complètement différentes. Ils savent dépoussiérer le style, la rendre beaucoup plus intéressante à mes yeux (je préfère être prudente dans mes propos, je vis quand même avec un breton pur jus!).
Le groupe jouait hier dans un fest-noz organisé par la DIHUN Skol divyezhek Sant-Jili d'Hennebont. Mr K n'est franchement pas fest-noz, n'est pas vraiment danse non plus et du coup, cela fait 4 ans que je vis en Bretagne et jusque là, je n'étais allée qu'à un seul fest-noz aux Interceltiques de Lorient. Souvenir traumatisant d'une soirée assise le cul sur ma chaise, car Mr K ne voulait pas bouger, à regarder des danseurs de cercle très sérieux, sans sourire sur leurs visages et qui ne toléraient aucun faux pas... Dans ces conditions, difficile de faire ses premiers pas de danse...
Mais hier, j'ai vu là l'occasion d'allier un concert sympa avec un groupe que nous aimons tous les deux, à une petite initiation aux joies de la danse bretonne, à faire des rondes et se trémousser à la queue leuleu! C'est donc avec nos voisins et des amis à eux que nous nous sommes rendus sur les lieux. Chose prévisible, les garçons ont réchigné à danser, mais nous les filles, nous nous sommes éclatées. Bon, ok, j'étais la seule à ne pas connaître les pas, mais avec un peu d'attention, certaines danses sont très simples. Je suis vite devenue liquide tant la musique des Ramoneurs de menhirs est rapide et tant il y avait de monde. Nous étions tous serrés comme des sardines mais au moins, là, il y avait une bonne ambiance! Des enfants, des parents, des retraités, des keupons aux crêtes dressées, des djeunes pogotants en blouson de cuir (vu la chaleur, ils ont du perdre trois kilos à la fin de la soirée!)... tout ce petit monde s'est amusé dans le respect des uns et des autres. Ce fut très agréable.
La configuration du public était assez drôle. Devant la scène se retrouvaient les punks et ados qui souhaitaient pogoter au plus près du groupe. Cinq mètres plus loin, les têtes se relevaient en rythme, les danseurs serpentant la salle. Et enfin, derrière la sono, les gens qui ne souhaitaient pas danser et profiter seulement de la musique trouvaient leur place. Loin de la scène, j'ai vite decidé de me mettre à danser pour pouvoir me rapprocher et voir un peu mieux. Résultat, concentrée sur les pas et les mouvements de bras, occupée à relever ma mêche de frange dégoulinante (c'était moi la reine du glamour!) avec mon souffle, je n'ai pas vu grand chose mais j'ai adoré! Finalement, il faut se lancer, aux début on cafouille mais au bout de quelques pas, ça rentre assez facilement. En tout cas, je ne me suis jamais faite engueuler par mes voisins donc j'ai dû passer inaperçue.
Pour Mr K, la soirée a été un peu moins amusante. Certes, il s'est bien entendu avec ses camarades de beuverie (hmmm) mais ne dansant pas, il a eu tout le loisir d'apprécier le concert et ça n'est pas franchement passé comme dans du beurre (salé!). C'est vrai que ce qu'il faut retenir des Ramoneurs, c'est le rythme et la danse endiablée, il ne faut pas trop être à cheval sur les fausses notes... De plus, ce fest-noz avait lieu dans une salle communale, là où l'accoustique a ses limites...
Petit point de fierté: j'ai réussi à faire danser Mr K sur une scottish! "La scottish, je sais la danser" n'arrêtait-il pas de se vanter, là il a eu l'occasion de le prouver! Mieux vaut avoir l'estomac bien accroché parce que ça tourne, ça tourne, ça tourne...
En rentrant, une douche s'impose et le lendemain, les courbatures sont là mais qu'est ce que ça fait du bien! A quand le prochain fest-noz Mr K!?
"Héritages" de Hans et Gourdon
L'histoire:
Je m'appelle Nina.
Je suis une sorcière.
Mon pouvoir ne se voit pas.
Il m'accompagne depuis toujours.
J'en ai hérité.
Mes mains en sont les instruments...
La critique de Mr K: J'ai reçu cette BD en cadeau par notre cher voisin Tinmar (vous savez le papa de Speedou). Ce volume est une histoire complète qui fait partie d'une collection particulière appelée Sorcières: Des récits indépendants pour des destinées de femmes... singulières... Tout un programme! Justement les deux auteurs sont des femmes, chose suffisamment rare pour le signaler (même si elles percent de plus en plus depuis un certain temps notamment grâce à la toile).
Cette BD débute par quelques mots de Sigmund Freud: Au commencement des temps, les mots et la magie étaient une seule et même chose. Une ambiance mystérieuse s'installe et va distiller ses effets pendant tout le récit. Nous suivons Nina, jolie jeune fille indépendante, invitée avec son compagnon Nils à une soirée mondaine par sa meilleure amie Chloé. Dès la première planche, la narratrice nous parle d'un don qu'elle possède depuis toute petite sans nous en révéler la teneur. Sur le retour, le couple a un accident de voiture, Nils meurt. La vie de Nina bascule. L'accident en est-il vraiment un? Qui est cette homme qui la suit? Et cette mystérieuse blonde? Et puis, il y a ses deux grands-mères qu'elle a peu connu et dont personne ne parle dans sa famille... Peu à peu, on s'enfonce avec elle dans le passé familial et l'on sent l'étau se resserrer autour d'elle.
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Avec cette histoire, on se retrouve en plein polar mêlé de fantastique. Rythme plutôt lent au départ, plus on avance, plus les événements s'accélèrent, un peu à la manière d'un bon policier. On a le droit aux fausses pistes, aux révélations de secrets anciens, aux situations inextricables et aux passages de suspens, même si dans l'ensemble on baigne dans le déjà-vu. Je n'ai que rarement été surpris par les méandres d'un scénario finalement conventionnel, c'est le seul défaut de cette œuvre. En effet, les dessins ne ressemblent à rien d'autre que j'ai pu parcourir dans le 9ème art et sont réussis: mélange de dessins classiques avec une petite touche impressionniste pour marquer encore plus l'étrangeté régnante.
En résumé, une bonne BD qui se lit bien et qui mérite d'être découverte.
"Le Prince des marées" de Pat Conroy
L'histoire: Tom, Luke et Savannah ont grandi au paradis, dans le sud faulknérien, sur la petite île de Melrose où leur père pêchait et leur mère régnait par sa beauté. Comment survivre à tant de bonheur et de poésie ? Leur enfance éblouie et perdue préfigure les drames inévitables de l'âge adulte. Parce qu'ils refusent de mûrir, de vieillir, leurs rêves d'art, d'exploits, de justice vont se heurter à la brutalité du monde réel. La géniale et tragique Savannah et ses frères affrontent l'amour, la solitude et la peur de vivre avec une ironie désespérée. De leurs blessures inguérissables naissent des fous rires sans fin et une immense tendresse.
La critique Nelfesque: J'ai acheté "Le Prince des marées" sur un coup de tête, sans en avoir jamais entendu parler, pour la 4ème de couverture qui tombe pile poil dans les "drames" que j'aime: une enfance entre deux eaux avec ses joies et ses peines et le long parcours vers l'âge adulte à l'image de "Le petit copain", "Le secret du bayou", "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" ou encore"Seul le silence". J'ai tenté le coup et ce malgré les 1068 pages de ce pavé. Et oui, j'aime le risque!
Quelle bonne idée j'ai eu là! Je m'attendais à un récit familial chronologique et ce roman est tout autre. Tom, coach de football américain, veut venir en aide à sa soeur jumelle Savannah, aujourd'hui écrivain de talent. Après plusieurs tentatives de suicide, elle est internée dans un hôpital psychiatrique où sa psychologue, admiratrice de ses écrits, veut percer le mystère de son mal-être. Pour ce faire, elle fait appel à Tom pour qu'il l'aide à démêler les fils de leur passé commun. A travers plusieurs séances chez ce spécialiste et diverses conversations privées avec elle, Tom va se mettre à raconter ce qui a fait son enfance: leurs vies sur une île proche du continent, le métier de crevettier de leur père, l'amour particulier de leur mère, les liens de leur fratrie, les drames qui ont eu lieu... Et le lecteur est pris dans un récit passionant mêlant vie de tous les jours, lutte des classes, regards d'enfant et souvenirs poignants.
Tom n'a jamais quitté sa région et se retrouve confronté à la vie new-yorkaise, trépidante et où les habitants sont bien différents de ses relations habituelles. Face à son enfance, face à ses peurs, il va aider sa soeur et s'aider lui-même. L'occasion lui ai donné de tout mettre à plat et de se réconcilier avec son passé.
On alterne donc, un chapitre sur deux, avec les souvenirs de Tom et les rendez-vous chez la psychologue. Les personnages sont fouillés et complexes, les rapports entre eux sont passionnants et c'est avec plaisir qu'on les retrouve à chaque lecture (oui 1068 pages c'est long mais on ne voit finalement pas le temps passer). Entre poésie, drame et humour parfois, on s'attache rapidement à la vie à la dure mais si belle dans cette région des Etats-Unis dans les années 60. Si vous n'êtes pas rebutés par les gros livres, je vous conseille fortement ce roman que j'ai adoré.
"Le Défi des Mille" ayant donné son top départ alors que j'étais en pleine lecture de ce roman, j'ai raccroché les wagons. Ca tombe bien, j'ai encore quelques pavés dans ma PAL!