"Une porte sur l'été" de Robert Heinlein
L'histoire: Il est le meilleur ingénieur de son temps. Il a inventé le robot à tout faire et crée l'usine qui le construit.
Mais le voilà dépossédé de tout par la trahison de son meilleur ami et de la femme qu'il aimait.
Il s'enfuit dans l'avenir au moyen du long sommeil. Avec pour seul compagnon Petronius le Sage, le chat qui sait qu'en faisant le tour de la maison, il trouvera, en plein hiver, une Porte qui ouvre sur l'été.
La critique de Mr K: Retour à la SF aujourd'hui avec un livre de Robert Heinlein, grand auteur dans le domaine avec notamment Starship Troopers ou Révolte sur la Lune. Sorti en 1957, il a été réédité en mai 2010 dans la collection SF du livre de poche. C'est cette version que j'ai pu dévorer après un échange fructueux avec une lectrice virtuelle.
Le postulat est simple, le héros, ingénieur de métier, est trahi par sa fiancée et son meilleur ami. Spolié, il se fait cryogéniser pour 30 ans et se réveille en l'an 2000. Le monde a bien changé, son ressentiment non, il commence alors à échafauder son plan. Beaucoup d'aspects de la vie sont abordés dans ce petit livre (280 pages): l'amour, la trahison, la notion de progrès, le capitalisme libéral. Le tout sans préciosité, dans un style simple et non pompeux. C'est avec plaisir que l'on suit ce héros dépassé par les événements au départ, naïf sur lequel le sort semble s'acharner. J'ai particulièrement apprécié les rapports qu'il entretient avec Petronius (alias Pete) son chat qui lui répond et semble le comprendre instinctivement, tous les amoureux de tigres de salon s'y retrouveront. C'est d'ailleurs ce compagnon à quatre patte qui va l'inciter à trouver cette fameuse porte vers l'été, symbole hautement poétique de la recherche du bonheur dans cet ouvrage.
Je suis sorti touché comme rarement de cette lecture SF. C'est un genre qui m'apporte beaucoup mais qui à part quelques titres comme Des fleurs pour Algernon ou La route reste purement récréatif ou réflectif. Ici, même si des passages s'apparentent à une réflexion sur le progrès (robots ménagers à tout faire, l'abolition de la gravité) ou sur le capitalisme (voir les rapports compliqués et à couteaux tirés avec le directeur marketing de la boîte qui l'emploie en 2000), ce qui m'a le plus marqué c'est la quête du bonheur qu'entretient Dan B. Devis avec notamment une histoire d'amour assez osée pour l'époque, flirtant avec le mythique Lolita de Nabokov. À ce propos, j'ai trouvé que ce roman se situait parfois à la limite de la misogynie avec notamment un portrait bien trop caricatural de son ex-fiancée Belle, personnage exécrable à côté duquel Marine Le Pen se révèlerait fréquentable... c'est dire! C'est pour moi le seul et unique défaut de cet ouvrage.
Je l'ai lu en une journée, impossible de le lâcher avant la fin. Un très bon livre entre SF et une histoire d'amour intemporelle qui a ravi mon cœur de midinette (oui je sais, je cache bien mon jeu). Avis aux amateurs!