"L'année de la pensée magique" de Joan Didion
L'histoire: Une soirée ordinaire, fin décembre à New York. Joan Didion s'apprête à dîner avec son mari, l'écrivain John Gregory Dunne - quand ce dernier s'écroule sur la table de la salle à manger, victime d'une crise cardiaque foudroyante. Pendant une année entière, elle essaiera de se résoudre à la mort du compagnon de toute sa vie et de s'occuper de leur fille, plongée dans le coma à la suite d'une grave pneumonie. La souffrance, l'incompréhension, l'incrédulité, la méditation obsessionnelle autour de cet événement si commun et pourtant inconcevable : dans un récit impressionnant de sobriété et d'implacable honnêteté, Didion raconte la folie du deuil et dissèque, entre sécheresse clinique et monologue intérieur, la plus indicible expérience - et sa rédemption par la littérature.
La critique Nelfesque: Nous avons tous connu des périodes de deuil, nous avons tous perdu des personnes aimées. Dans "L'année de la pensée magique", Joan Didion revient sur la perte de son mari et essaye de comprendre ce qui s'est passé dans sa tête durant l'année qui a suivi ce décès.
L'auteur parle là de son expérience personnelle et de la façon dont elle a géré les évènements seule mais ce livre parle à tous les lecteurs, pas seulement les veufs ou les veuves. Car perdre quelqu'un, ça fait mal. Devoir gérer les papiers administratifs, trier les affaires, se faire à la vie sans lui ou elle et continuer malgré tout de vivre, ça fait mal.
Mais Joan Didion ne s'attache pas seulement à exposer sa peine ou ses questionnements, son roman s'appuie également sur des études plus généralistes qui ont été menées (articles, essais...) et, de ce point de vue, l'ouvrage est très intéressant. Loin du larmoyant, elle cherche à comprendre, autant médicalement que sociologiquement ou encore psychologiquement, ce qui provoque un décès et comment les proches réagissent. Plus qu'une remise en question, c'est une étude du deuil qui est exposée. Elle cherche des explications dans tout ce qu'elle voit, dans tout ce qu'elle vit, et au final nous amène un large éventail de début de réponse. C'est simple, c'est sobre, c'est aussi très pudique et je pense que ça peut aider modestement les gens qui traversent cette épreuve et qui ne comprennent pas ce qui leur arrive et pourquoi ça leur arrive à eux.
A ces questions, malheureusement, il n'y a pas vraiment d'échos tranchés mais pouvoir se situer dans un groupe à ce moment là plutôt que d'être seul face à soi même, là est la force de ce livre. Je le conseillerai donc aux personnes qui éprouvent le besoin de comprendre ou de lire une histoire similaire à la leur. Personnellement j'y ai trouvé quelques éléments révélateurs.