vendredi 28 janvier 2011

"Mental" de Kââ

kaaL'histoire: Qui donc joue à quoi avec qui? À la fin, qui veut quoi, pour qui? Ce genre de combines ahurissantes mais enrichissantes dans lesquelles on se retrouve contraint de jouer une partie dont les règles vous échappent, comment s'en dégager?

Évidemment, il y a Karola. Et Karola est un atout. Mais est-ce un atout maître?

Et "Mental", c'est quoi? Un état d'esprit, un zombie ou un fou? Ou encore une jolie zone d'obscurité en de grasses combines, combines bien trop voyantes pour que tout cela dure interminablement.

Mais pendant que ça dure...

La critique de Mr K: Cette critique est toute particulière pour moi car je connaissais l'auteur. Kââ (pseudonyme de Pascal Marignac) était mon professeur de philosophie en Terminale L... était, car ce personnage hors-norme est décédé depuis d'une longue maladie. Grand escogriffe à la rhétorique bien trempée et au charisme propre aux esprits inaccessibles, je savais qu'il avait écrit un certain nombre de polars publiés chez de petites maisons d'édition. C'est mon cher ami Vince qui à l'occaz de mon anniversaire (décidemment, j'ai été gâté!) m'a envoyé ce cadeau par le biais du lutin "Plugu le barbu". Je l'ai lu en deux jours, voici mes impressions...

Mental se lit très vite. Court roman, on suit les aventures abracadabrantesques d'un tueur à gage nommé Cinquante qui est contacté pour exécuter un autre tueur qui aurait fait faux bond à l'organisation qui l'aurait engagé. Derrière tout cela, se cache une sombre histoire de manipulation et un mystérieux convoi qui attise les appétits. On voyage beaucoup entre la Suisse et le Morbihan sud (Belle île, Auray, Quiberon... notre coin quoi!). Le héros lui, enchaîne les verres, les clopes et les bastons... C'est craspec, glauque et souvent truculent à l'image de l'auteur qui clopait à l'occasion dans la salle de classe. On retrouve aussi dans ce livre sa passion pour les armes à feu qu'il décrit ici avec un détail et un amour sans pareil (façon duels à la Sergio Léone, l'arme se révelant être la prolongation d'une pulsion, d'une personnalité). On retrouve aussi son goût pour le gore bien dérangeant et les citations de ses philosophes préférés comme Hegel et Nietzsche.

Cependant, cette lecture ne m'a pas pour autant convaincu. Le langage trivial et direct marche un temps mais finit par lasser, ce qui faisait la virtuosité et le charme d'un maître à penser le fait passer ici pour un vulgaire tâcheron. Il m'est très dur de le juger ainsi mais c'est l'impression générale qui se dégage à la fin de ma lecture. Beaucoup de répétitions de termes comme monstrueux, grotesque que l'on retrouve toutes les trois pages, des incohérences au niveau du scénar (les poursuivants sont vraiment trop cons pour bosser pour une société de cette envergure), des personnages d'origine étrangères qui parlent avec des termes trop pompeux... c'est bancal et finalement, ça atténue et neutralise les qualités suscitées.

Ce livre, il faut le prendre comme une série B (une série Z diraient les esprits chagrins), un petit divertissement sans prétention. Dommage que la forme ne suive pas le fond, que l'écrivain ne rejoigne pas le fabuleux maître à penser qu'il a été pour moi. Reste un regard sans concession sur la nature humaine et des fulgurances à la Lautréamont au détour de quelques pages. A chacun de s'y frotter et de juger!

Posté par Mr K à 18:33 - - Commentaires [7] - Permalien [#]
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