"A bout portant" de Fred Cavayé
L'histoire: Tout va pour le mieux pour Samuel et Nadia : lui est bientôt infirmier et elle, attend son premier enfant. Mais tout bascule lorsque Nadia se fait kidnapper sous l'oeil impuissant de Samuel. A son réveil, son portable retentit : il a trois heures pour sortir de l'hôpital dans lequel il travaille un homme sous surveillance policière. Le destin de Samuel est désormais lié à celui de Sartet, une figure du banditisme activement recherchée par tous les services de police. S'il veut revoir sa femme vivante, Samuel doit faire vite...
La critique Nelfesque: C'est lors de notre séjour périgourdin que nous sommes allés voir "A bout portant" au ciné. J'avais très envie de le voir et j'étais ravie de le retrouver toujours à l'affiche.
Un film efficace, dynamique et qui tient le spectateur en haleine du début à la fin. Roschdy Zem a vraiment la gueule de l'emploi et ici encore son charisme est énorme. Il a très peu de dialogues mais de simples regards sont tout aussi puissants.
Le début d'"A bout portant" m'a fait un peu peur. Même "syndrome" que pour "Ne le dis à personne", l'ensemble me faisait horriblement penser à un téléfilm... Mais très vite l'action se met en place et le spectateur se retrouve pris en otage de la même manière que le personnage de Gilles Lellouche, très touchant en Mr Tout-le-monde qui voit son destin basculer par l'enlèvement de sa femme enceinte (la très jolie Elena Anaya). Certaines scènes sont d'ailleurs très difficilement supportables quand on voit le sort réservé à cette dernière. Les personnages sont crédibles, la police est peut être un peu trop caricaturale mais voir jouer Gérard Lanvin dans un rôle de flic plus centré sur sa carrière que sur l'intégrité, avec sobriété et force, m'a ravie.
Au final un film d'action policière très bien tourné avec une accroche punchy et une réalisation nerveuse. De quoi ravir les spectateurs adeptes de ce genre!
La critique de Mr K: 4/6. Un très bon thriller à la française vu dans la ville des pétrocoriens. Temps pourri, envies d'achats contrariées pour Nelfe... une mauvaise journée. Nous nous sommes donc retrouvé au Cap cinéma pour une bonne séance en salle obscure. Nous voilà projetés à Paris, de nos jours, dans une sombre histoire de meurtre «commandé», de manipulation policière et au centre de laquelle se retrouve un malheureux quidam commun au possible. Le scénario dans son ensemble est convenu mais l'intérêt du film est ailleurs.
Dès les dix premières minutes, le spectateur mord à l'hameçon. On prend fait et cause pour cet aide-soignant à qui on enlève sa femme enceinte de 7 mois. Ce qui fait la force de ce métrage c'est tout d'abord l'interprétation. Gilles Lellouche est parfait en victime des circonstances qui va devoir agir en conséquence pour être à la hauteur de la situation et cela avec finesse et justesse, un très bon comédien. Idem pour Roshdy Zem à la présence toujours aussi charismatique et au jeu millimétré. Lanvin est impressionnant de cynisme dans son rôle de haut gradé corrompu jusqu'à la moële, se débarassant de toutes les personnes susceptibles de le géner. L'ambiance est lourde et le rythme haletant, il sait y faire ce diable de réalisateur! On sort éprouvé de la séance tant la pression est mise sur le héros, la technique est parfaite: climax poisseux et oppressant, cadrage et vitesse des plans nerveux.
Seulement 4/6 à cause du scénario que j'ai percé assez vite et peut-être pour un certain manque de profondeur dans le traitement des motivations des personnages autres que le héros et sa femme. On frise de très près le manichéisme à l'américaine avec notamment des méchants vraiment très très très très méchants... Mais ne boudons pas notre plaisir pour une fois qu'un policier français ne tombe pas dans le plat et l'ennui. A voir!
"Paranoid Park" de Blake Nelson
L'histoire: Bon, c'était la dernière semaine de l'été et on se trouvait dans le centre-ville quand Jared a suggéré qu'on fasse un tour à Paranoid Park, histoire de voir. Sur le coup, je n'ai rien dit. J'avais entendu parler de Paranoid, bien sûr, mais je n'avais jamais songé à y aller. Je me disais que ce n'était pas à ma portée. Mais lorsque j'ai fini par répondre que je ne pensais pas être prêt pour ça, Jared s'est marré et a répliqué un truc du style: "Personne n'est jamais prêt pour Paranoid Park". Et c'est là que tout a commencé.
B.N.
La critique de Mr K: Je poste cet avis suite au partenariat que nous avons obtenu auprès de B.O.B. Ce livre est constitué de plusieurs lettres adressées à une inconnue (la destinataire sera connue à la toute fin) par le héros, jeune skater américain de 17 ans qui tue accidentellement un agent de sécurité. Un cadavre, pas de témoin. Il va devoir affronter ses démons entre désir d'oubli et culpabilité qui ressurgit régulièrement.
Avec ce petit livre de 187 pages, Blake Nelson nous offre un portrait saisissant des affres de l'adolescence. Son style concis et efficace dresse sans fioritures les états d'âme changeants d'un jeune homme en chute libre. Ses parents sont au bord du divorce, il commence à s'intéresser aux filles sans vraiment les comprendre, puis le drame suscité se produit et sonne la fin des repères pour ce jeune américain lambda. Tout autour de lui gravitent des personnages qui sentent bien qu'il commence à glisser mais le héros s'enferme dans sa carapace et il a de plus en plus de mal à se sortir de son désarroi.
J'ai lu cet ouvrage très rapidement. On est vite pris par l'histoire et l'écriture de Nelson est très évocatrice. Le souci, et il est majeur, c'est la petite citation inscrite au début de ce roman: «Jeune homme, reprit-il en se redressant, je crois lire de l'affliction sur votre visage», Fiodor Dostoïevski, Crime et châtiment. J'avais adoré ce roman russe quand je l'ai lu et malheureusement, inconsciemment pendant la lecture de Paranoid Park, je n'ai pu faire autrement que de comparer et franchement, il n'y a pas photo. Certes, l'histoire est menée avec délicatesse et réalisme dans le livre de Nelson mais cela reste pauvre par rapport à la maestria de Dostoïevski. Le personnage du bourreau devenu victime de ses remords est beaucoup plus poussé et plus marquant.
Malgré ce reproche, Paranoïd Park reste une lecture intéressante que je recommande même si, finalement, il n'y a rien de véritablement nouveau dans le contenu, beaucoup de livres traitants du même sujet. Il ne me reste plus qu'à regarder l'adaptation de Gus Van Sant.
La critique Nelfesque: J'ai lu "Paranoid Park" à la suite de Mr K. Petit livre, il fut vite avalé. Effectivement il n'est pas très original mais on se prend d'affection pour le personnage principal de ce roman qui a tout d'un ado ordinaire mais qui voit sa vie bousculée par une "erreur de parcours". On se retrouve presque en lui, ayant toujours en tête l'insouciance et les préoccupations de notre adolescence: s'amuser, draguer, le lycée et les copains.
Le héros est un fana de skate et sa passion le perdra. Un soir comme un autre, il va faire un tour de trop à "Paranoid Park" et ce qui jusque là pouvait s'assimiler à une soirée ordinaire va vite tourner à la catastrophe. S'ensuivent de longues nuits blanches où la culpabilité et les analyses de la soirée tournent dans la tête du jeune homme. Comment bascule-t-il de la banalité de la vie lycéenne à la délinquance? Est-il vraiment délinquant? Comment effacer définitivement cette soirée de sa mémoire?
On suit ce jeune garçon dans la tourmente et le doute, on se demande comment il va pouvoir se sortir de ce mauvais pas et qu'elle fin aura ce cauchemar. Un roman qui se lit très bien et respecte l'univers adolescent sans tomber dans la caricature. Je vous le conseille.
"Sous les vents de Neptune" de Fred Vargas
L'histoire: Une jeune fille assassinée par trois coups de poinçon, un ivrogne qui ne se souvient de rien mais que tout accuse... Pour le commissaire Adamsberg, il n'y a aucun doute: le passé refet surface. Le tueur au trident est de retour. Celui-là même qui avait poignardé la fiancée de Raphaël, le frère du commissaire, des années plus tôt dans leur contrée natale des Pyrénées. Seul hic: l'homme est mort depuis vingt ans...
Se pourrait-il qu'Adamsberg, cet homme rêveur et sensible, coure après un fantôme et perde la raison?
La critique de Mr K: Cette lecture constitue ma deuxième incursion dans l'univers de cet auteur. J'avais particulièrement apprécié cette première expérience entre suspens et humour. Je n'avais qu'entraperçu le héros récurrent de Vargas, le commissaire Adamsberg et vu ce qu'on en dit dans la blogosphère, il me tardait d'être confronté à nouveau à ce personnage pour pouvoir mieux le jauger et le découvrir davantage.
L'histoire fait la part belle au commissaire Adamsberg qui voit ressurgir du passé le monstre qu'il avait poursuivi pendant plus de dix ans lors de ses débuts. C'est l'occasion d'en savoir un peu plus sur ce héros hors du commun et notamment sur ce frère qu'il a perdu: mort, disparu, en fuite? La réponse est dans ce livre. Adamsberg est vraiment unique en son genre: flegmatique parfois jusqu'à l'extrême, doté d'un sens de l'observation aigü, il a des intuitions qui lui permettent d'avoir toujours un coup d'avance. J'ai éprouvé une grande sympathie à son endroit, derrière le commissaire à la carrière exemplaire (quoiqu'ici légèrement menacée!), on découvre au détour de certains paragraphes quelques éléments de fragilité, de faiblesse: sa rupture non digérée avec Camille, ses rapports ambigus avec Danglard son adjoint précieux et ultra-cultivé (cette relation m'a régalé pendant toute ma lecture, confiance ou méfiance?), ses regrets vis-à-vis de son frère... Profondément humain, Adamsberg m'a touché et épaté vu qu'il réussit des prouesses.
La majeure partie du récit se déroule au Canada. En effet, Adamsberg et une partie de ses agents doivent y effectuer un stage sur les nouvelles techniques d'investigation (relevés et traitement de l'ADN, nouvelles technologies de recherches...). J'ai bien aimé ce petit voyage qui m'a rappelé celui que j'avais fait en 2005 quand j'étais allé à Montréal et Québec voir des amis. On retrouve l'ambiance et la beauté des paysages (passage de la visite d'Adamsberg près d'un lac). Dépaysement donc pour le lecteur mais aussi pour le héros qui va vaciller en plein milieu de l'histoire. Parmi les stagiaires, j'ai particulièrement apprécié Retancourt, femme imposante et grassouillette qui semble ne pas apprécier des masses son commissaire. Elle a un rôle clef dans cette histoire et se révèle aussi inventive que vive (le contraire d'Adamsberg). Les seconds rôles sont tout aussi intéressants comme Danglard dont j'ai déjà parlé et les membres formateurs canadiens qui encadrent les français fraîchement débarqués du vieux monde (rancunes contre les français, incompréhensions, amitiés naissantes, soupçons...).
Un livre que j'ai personnellement dévoré. Le style de l'auteur fait merveille une fois de plus. Le parlé québecois est très bien retranscrit et l'on sourit beaucoup à la lecture de cet opus. Vargas ne nous épargne pas pour autant avec une deuxième partie particulièrement haletante dont la conclusion laisse à penser que tout n'est pas encore réglé. Un bon pollar et un personnage principal qui donne envie de creuser davantage dans la bibliographie de Vargas. À lire!
Fermé pour cause de fêtes de fin d'année
Nous partons dans ma famille fêter Noël, le blog sera donc en pause pendant quelques jours.
Profitez bien de la trève des confiseurs (pour le coup, c'est pas celle des chocolatiers), ne gâtez pas trop vos enfants (vous risqueriez d'en faire de futurs ados rebelles de canapé), buvez un verre d'eau après chaque verre d'alcool (pour des lendemains qui chantent), préservez votre foie du gavage annuel (une crise de foi à Noël, ça l'a fout mal) mais surtout éclatez vous parce qu'en 2011 rien n'aura changé...
"La Vouivre" de Marcel Aymé
L'histoire: Derrière la vipère apparut une fille jeune, d'un corps robuste, d'une démarche fière. Vêtue d'une robe de lin blanc arrêtée au bas du genou, elle allait pieds nus et bras nus, la taille cambrée, à grands pas. Son profil bronzé avait un relief et une beauté un peu mâles. Sur ses cheveux très noirs relevés en couronne, était posée une double torsade en argent, figurant un mince serpent dont la tête, dressée, tenait en sa mâchoire une grosse pierre ovale, d'un rouge limpide. D'après les portraits qu'on lui avait tracés et qu'il avait crus jusqu'alors de fantaisie, Arsène reconnut la Vouivre.
La critique de Mr K: Ce livre trainait depuis un certain temps dans ma PAL. Je ne sais pas pourquoi mon coeur ne balançait pas vers lui alors qu'étant plus jeune j'avais adoré Les contes du chat perché dont mes parents m'avait conseillé la lecture. J'ai retrouvé le même plaisir de lecture avec La Vouivre que j'ai lu en trois séances intensives!
Ce conte (et oui!), c'est avant tout la rencontre lors du premier chapitre entre Arsène simple paysan et la Vouivre être pluri-millénaire, haute figure du folklore jurassien. C'est l'histoire d'une fascination, d'une attirance mais aussi par moment d'une répulsion. Drôles de rapports en tout cas entre les deux personnages principaux de l'ouvrage qui sont à l'opposé l'un de l'autre: le mortel et l'immortelle, le frustre et l'être évolué omniscient, le colérique et la douceur... Autant d'éléments de contraste qui brouillent les pistes et empêchent le lecteur de se sentir entraîner dans une histoire déjà lue.
Ce livre est aussi une magnifique étude sociologique sur le monde paysan au début du XXème siècle, le côté chiant en moins! À côté de l'intrigue principale (à savoir la présence de la Vouivre dans les parages), se superpose l'opposition qui existe entre deux familles d'agriculteurs . Voisins depuis des générations, ils sont en bisbilles pour des broutilles et se tirent dans les pattes à longueur de temps: injures, petits pièges, actes de vengeance mesquins... Le frère d'Arsène marchant dans son ombre pour ne pas avoir à l'affronter, le curé de bon conseil, Juliette la fille de la famille rivale de son aimé, l'homme à tout faire de la métairie qui se fait vieux et à qui on va offrir son logis en une nuit (passage très intéressant)... autant de destins qui s'entremèlent, donnent du corps à l'intrigue et nous offrent une vision réaliste et vivante d'un petit village de jadis. Quant à la fin, elle ne cède pas à la facilité et se révèle implacable.
L'écriture de Marcel Aymé reste toujours aussi moderne et agréable à lire: jamais de lourdeurs, des descriptions qui vont à l'essentiel et un sens de la narration hors-pair. Difficile dans ses conditions de lâcher le volume avant d'en avoir parcouru la dernière ligne. Un classique dont j'encourage fortement la lecture.
Dawn of the Ted
Parce qu'en ce moment, nous nageons dans le mièvre et le mielleux. En cette période de Noël, les bons sentiments font légion. Evitons l'overdose et revenons aux fondamentaux!
Je suis quand même raccord puisqu'il y a des morceaux de nounours inside...
Eloignez vos enfants, ça va saigner!
"Les anonymes" de R.J. Ellory
L'histoire: Washington. Quatre meurtres. Quatre modes opératoires identiques. Tout laisse à penser qu'un serial killer est à l'oeuvre. Enquête presque classique pour l'inspecteur Miller. Jusqu'au moment où il découvre qu'une des victimes vivait sous une fausse identité, fabriquée de toutes pièces. Qui était-elle réellement ? Ce qui semblait être une banale enquête de police prend alors une ampleur toute différente et va conduire Miller jusqu'aux secrets les mieux gardés du gouvernement américain.
La critique Nelfesque: Ah! Un nouvel Ellory! Pensez-vous bien que j'ai sauté dessus! J'avais adoré "Seul le silence" au point de le prêter à qui me le demande dans mon entourage et à le conseiller chaudement sur les fora littéraires que je fréquente. J'ai réussi à en convertir plus d'un et j'aurai envie qu'encore plus de lecteurs découvrent cet auteur.
Mais que dire de "Les anonymes"? Bien entendu, je ne peux pas m'empêcher de faire le rapprochement avec "Seul le silence", de chercher les ressemblances ou les sensations ressenties lors de ma précédente lecture. Autant le dire tout de suite "Les anonymes", ce n'est pas "Seul le silence". Nous ne sommes pas là dans le même registre ni dans la même construction d'histoire. Pour autant j'ai aimé ce nouveau roman et tant mieux si ça n'est pas une pâle copie de mon roman préféré de cet auteur!
Nous suivons là l'enquête de l'inspecteur Miller, coéquipier de Roth, dans une enquête qui va les mener bien plus loin que tout ce qu'ils avaient imaginé. Des meurtres surviennent, tout laisse penser qu'un tueur en série est à l'oeuvre mais la vérité est tout autre. Parallèlement à l'enquête, nous faisons connaissance, dès les premières pages, avec le tueur. Nous apprenons son identité mais ce n'est que bien plus tard que nous comprendrons qui il est vraiment par ses révélations et son cheminement vers le but qu'il s'ait fixé. Ces différences de points de vue au niveau de la narration donnent une dimension plus intime à ce roman. Plutôt que de nous servir le tueur sur un plateau, Ellory choisi de nous faire connaitre sa vie, ses craintes, ses doutes et sa vision du monde. Ainsi la même empathie que celle ressentie dans "Seul le silence" pointe le bout de son nez. Cet écrivain est vraiment très fort pour dépeindre les sensations de ses personnages et nous les rendre plus humains que de simples êtres de papier.
Ainsi nous connaissons le fin mot de l'histoire avant les héros de ce roman mais c'est une vraie jubilation de suivre leurs raisonnements et voir Miller approcher la vérité avec stupéfaction. La police piétine, les investigations tournent en rond et la frustration de l'inspecteur est palpable. Le moment où les deux protagonistes se rejoignent marque un tournant dans l'histoire et la marche de Miller vers la vérité est passionnante. D'autant plus que ce dernier est très touchant, pudique, fragile et inébranlable à la fois avec un passé juridique entâché par une affaire encore fraîche. Cette enquête est pour lui un nouveau départ, une occasion de montrer à tout le monde qu'il est un bon flic. Il s'acroche à elle comme à sa vie et ne ménage pas ses efforts.
Mais, malgré tout, qu'est ce qu'un simple flic face à des enjeux politiques? Ce roman nous mène là où on ne voudrait pas aller si notre monde était merveilleux. "Les anonymes" est un thriller à la construction assez classique mais la plume d'Ellory est toujours là, prète à nous cueillir à chaque page. Au final ce roman se révèle être un polar de qualité qui me fait aimer encore plus cet auteur. Et je l'aimais déjà beaucoup...
"J'irai faire Kafka sur vos tombes" série Le Poulpe, Michel Chevron
L'histoire: Le Poulpe chez les vampires.
D'un côté la Muraille de Chine, à Sainte-Croix-des-Eaux, des gens qui ont peur. De l'autre, les Kafkas, ils vivent comme des parias, tenus à l'écart dans une colonie pénitentiaire. Ils ne sortent que la nuit, traqués par la milice de la ville qui leur livre une véritable guerre. Il y a tant de légendes qui circulent sur leur compte... Gabriel est embarqué dans une sacrée galère.
La critique de Mr K: Encore un bon moment passé en la compagnie de Gabriel Lecouvreur alias Le Poulpe. Cette fois ci, il doit enquêter pour le compte d'un ami (Vlad -sic-) travaillant dans le bistrot emblématique de la série: Au pied de porc. Il se rend à Angoulême pour venir en aide à une communauté roumaine un peu particulière, stigmatisée, harcelée voir attaquée par une milice du crû dont la finesse d'esprit des membres n'a d'égal que leur prompte aptitude à tirer sur le moindre "étranger". Vous l'avez compris, les pétoires vont parler!
Le Poulpe resté égal à lui même entre nonchalance, aptitude à l'écoute des petits tracas de chacun et amateur de bonne baston à l'occasion. Le début du récit est hilarant car Gabriel a été mis au régime par sa douce Chéryl. Fini pour lui les demis de blonde et le saucisson! La mission tombe à pique et l'occasion de lever le coude lui sera donnée rapidement. La région où il se rend fait immanquablement penser au Groland profond, peuplés d'êtres aussi bizarres que dézingués. Les personnages secondaires à ce propos sont succulents de bétise et d'inhumanité: gros barriques abrutis fans d'armes à feu et de bière, habitants paranoïaques cloitrés dans leurs maisons dès la nuit venue, des roumains singuliers à priori inoffensif. L'ambiance est lourde et pesante... mais pas seulement.
Au fur et à mesure que le lecteur suit Gabriel dans ses pérégrinations, une drôle d'impression s'insinue petit à petit. On se rapproche des lisières du fantastique "genre non poulpesque". L'écriture de Chevron à cet égard est un modèle du genre entre sous-entendu et verbiage imagé à outrance. Je me suis vu relire une page deux fois pour être sûr d'avoir tout saisi. Vers la fin, on se demande même où l'auteur va mener notre héros... jusqu'à la baffe finale! On ne s'y attend pas mais en même temps ça rassure vu la tournure des événements! Vous verrez le procédé n'est pas original mais l'effet est là. Penaud et heureux tel était mon état d'esprit à la fin d'une lecture rapide et agréable, un Poulpe quoi! Vous reprendrez bien un coup?
"Millénium 3 - La reine dans le palais des courants d'air" de Stieg Larsson
Attention ne lisez pas la 4ème de couv si vous n'avez pas encore lu le tome 2!
L'histoire: Que les lecteurs des deux premiers tomes de la trilogie Millénium ne lisent pas les lignes qui suivent s'ils préfèrent découvrir par eux-mêmes ce troisième volume d'une série rapidement devenue culte.
Le lecteur du deuxième tome l'espérait, son rêve est exaucé : Lisbeth n'est pas morte.
Ce n'est cependant pas une raison pour crier victoire : Lisbeth, très mal en point, va rester coincée des semaines à l'hôpital, dans l'incapacité physique de bouger et d'agir. Coincée, elle l'est d'autant plus que pèsent sur elle diverses accusations qui la font placer en isolement par la police. Un ennui de taille : son père, qui la hait et qu'elle a frappé à coups de hache, se trouve dans le même hôpital, un peu en meilleur état qu'elle...
Il n'existe, par ailleurs, aucune raison pour que cessent les activités souterraines de quelques renégats de la Säpo, la police de sûreté. Pour rester cachés, ces gens de l'ombre auront sans doute intérêt à éliminer ceux qui les gênent ou qui savent.
Côté forces du bien. on peut compter sur Mikael blomkvist, qui, d'une part, aime beaucoup Lisbeth mais ne peut pas la rencontrer, et, d'autre part, commence à concocter un beau scoop sur des secrets d'Etat qui pourraient, par la même occasion, blanchir à jamais Lisbeth. Mikael peut certainement compter sur l'aide d'Armanskij, reste à savoir s'il peut encore faire confiance à Erika Berger, passée maintenant rédactrice en chef d'une publication concurrente.
La critique Nelfesque: Raaaaaa nooooooooon "Millénium" c'est finiiiiiiiiiiii! Voilà à peu près l'état dans lequel j'étais à la fin de la lecture de ce troisième et dernier tome de la saga qui a eu un succès monstre et qui le mérite amplement. Comment ne pas craquer pour Lisbeth!
"La reine dans le palais des courants d'air" fait directement suite au tome 2. On m'avait conseillé, pour le bien de ma santé mentale, d'avoir ce tome à disposition quand j'étais encore plongée dans la lecture du tome 2. Comme d'habitude je me suis laissée prendre par le temps et je n'avais pas encore acheté celui ci quand j'ai terminé le précédent. Et là, ce fut le drame... En effet le tome 2 termine sur une grosse ouverture pour le tome suivant et n'ayant pas bien écouté les conseils, je me suis mangée les doigts! J'exagère à peine... Donc j'en rajoute une couche, si vous lisez le 2, achetez d'urgence le 3 pour pouvoir enchainer directement.
Ici, Lisbeth est encore une fois au centre du roman. Difficile de dissocier les 2 tomes. Autant le premier,"Les hommes qui n'aimaient pas les femmes" peut se lire comme un roman classique, autant les 2 suivants doivent se lire comme un seul et même roman. Pas de problème donc d'adaptation au début de la lecture, chronologiquement on se situe le lendemain du dénouement du tome 2 et l'ensemble des protagonistes est présent. Il faut toutefois s'accrocher avec la meute de flics et d'agents qui enquêtent et gravitent autour des drames du tome 2, ils sont nombreux.
Je ne peux malheureusement pas trop détailler cette oeuvre pour préserver le suspense pour ceux qui ne l'ont pas encore lu. Le suspense, l'acharnement avec lequel on poursuit sa lecture pour comprendre enfin le pourquoi du comment de toute l'histoire, c'est là la force de cette trilogie et de ce tome en particulier. Vous ne verrez pas les heures défiler et les pages se tourner.
Je vous conseille grandement la lecture de l'ensemble de la saga "Millenium". Cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi passionnée par une oeuvre.
A lire également:
Millénium 1 - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
Millénium 2 - La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette