"Emily the strange" T1 de Rob Reger
L'histoire: Emily est frappée d'une vilaine amnésie et ne se rappelle même plus son prénom.
Chassée par les policiers de la décharge de Blackrock, elle trouve refuge dans le café El Donjon tenu par Raven, une fille du zinc on ne peut plus bizarre... Là-bas, elle fait la connaissance de joueurs de Calamity poker (qui peut comprendre les règles de ce jeu?), de passage en ville, qui semblent lui cacher des choses. Le monde se serait-il détraqué à son réveil?
Dans ce journal, elle rassemble tous les indices qui pourraient la mener à sa véritable identité. Pour l'instant, la seule chose qu'elle sait c'est qu'elle aime le noir et les chats.
La critique Nelfesque: Bon... Il y a beaucoup d'avis positifs (voir très positifs) sur ce roman mais je préfère vous le dire tout de suite, je ne fais partie de cette catégorie de lecteurs.
Je dissocierai le "contenu" du "contenant". Le livre en lui même est un très bel objet: une couverture avec des arabesques et des chats en vernis sélectif (ça briiiiiille), des illustrations accompagnant le journal avec brio, toujours justes, entre gribouillis de carnet, dessins explicatifs et photo Polaroid. On a vraiment l'impression de tenir un carnet de notes dans nos mains et on suit avec facilité le processus de recherche de son identité par Emily.
Le bas blesse pour moi au niveau du "contenu". J'entends par là l'histoire à proprement parlé et les choix narratifs de l'auteur. Je précise qu'avant de lire ce roman je ne connaissais pas du tout l'univers d'Emily the Strange, j'ai appris par la suite qu'il s'agissait d'un produit merchandising décliné sous forme de roman. J'aurai dû me documenter avant, ça m'aurait évité cette lecture qui ne m'a pas charmée. Quels reproches puis-je faire à ce roman? L'écriture de l'auteur principalement, le choix qu'il a fait du journal, a été pour moi une rude épreuve. On se plaint souvent que les jeunes ne savent pas écrire, qu'ils s'expriment comme des pieds, que leur syntaxe est mauvaise... Et bien ce n'est pas avec ce roman que ça va s'arranger... car il pourront lire les hauts et les bas d'une pré-ado qui écrit comme elle parle, sans sujets à ses phrases parfois, avec des mots familiers, voir vulgaires par moment. Je ne veux pas faire ma prude mais pour moi la littérature, ce n'est pas ça... Cet ouvrage est donc à l'image de la réalité (c'est un parti pris, je comprends l'intention mais je n'adhère pas) avec des codes de langage actuels et une mode "gothique" qui marche à fond les ballons en ce moment. Vous avez du remarquer l'abondance de roman bit-lit sur les étagères des libraires. Pour les adeptes, ce roman est un roman de plus...
Le fond d'"Emily the strange" s'éloigne, lui, de la réalité. Nous sommes là dans un univers fait de mystère, de villes pouvant être soufflées par le vent, où une personne peut acheter jusqu'à la mairie et devenir "le maître du monde", où les serveuses sont des golems et où les chats noirs ont des pouvoirs limite télépathiques. C'est sympa c'est vrai mais dans ce style, j'ai lu 1000 fois mieux.
Vous l'aurez compris je n'ai pas adhéré à ce roman et je ne conseillerai pas sa lecture à un de mes amis ou à un pré-ado (le public jeunesse étant directement visé). Pour eux, j'ai d'autres romans dans ma bibliothèque qui flirtent bien moins avec la facilité et ont pour mérite de ne pas prendre son jeune lectorat pour des décérébrés.