"Un monde sans fin" de Ken Follett
L'histoire: 1327. Quatre enfants sont les témoins d'une poursuite meurtrière dans les bois: un chevalier tue deux soldats au service de la reine, avant d'enfouir dans le sol une lettre mystérieuse, dont la teneur pourrait mettre en danger la couronne d'Angleterre. Ce jour lie à jamais leurs sorts...
L'architecte de génie, la voleuse éprise de liberté, la femme idéaliste, le guerrier dévoré par l'ambition: mû par la foi, l'amour et la haine, le goût du pouvoir ou la soif de vengeance, chacun d'eux se bat pour accomplir sa destinée dans un monde en pleine mutation - secoué par les guerres, terrassé par les famines, et ravagé par la Peste noire.
La critique de Mr K: J'avais adoré Les piliers de la terre, au mois d'août juste après notre retour de Thaïlande. Avec ce volume, Follett réédite son coup de maître en nous proposant de nouveau une fresque historique très réaliste et romanesque à souhait. Plus gros roman que j'ai jamais lu dans la collection Le livre de poche, c'est la bagatelle de 1337 pages en un volume que le lecteur dévore et cela sans souci. Heureusement j'ai une compagne compréhensive qui m'a laissé faire mon autiste sans grincer des dents!
Un monde sans fin n'est pas la suite des Piliers de la terre, les personnages principaux que l'on va suivre sont de lointains descendants de Jack le bâtisseur, grande figure du livre précédent. L'action se déroule toujours à Kingbridge mais 200 ans après, pendant la guerre de 100 ans. C'est avec un plaisir non feint que l'on retrouve la bourgade qui depuis s'est muée en grande ville et au détour des 100 premières pages, on se rappelle des lieux et des personnages évoqués dans les Piliers de la terre. Vous l'avez compris, sieur Follett caresse ses aficionados dans le sens du poil.
Quatre destins donc! Quatre destins bien différents qui s'entrecroisent continuellement tout au long de cette volumineuse histoire. Il y a tout d'abord les deux frères: Merthin et Ralph. Merthin désirait plus que tout devenir chevalier, son rêve contrarié, il va être mis en compagnonnage auprès d'un menuisier (Elfric, infect et revanchard à souhait!). Dépassant le maître, il va connaître mille et un déboires avant de pouvoir réaliser son rêve: construire le plus haut bâtiment d'Angleterre! Ralph son frère est un être violent et sans scrupule, il cherche par tous les moyens l'annoblissement afin de laver l'honneur familial. Caris est-elle une femme indépendante, amoureuse de Merthin mais qui ne veut en aucun cas se marier ou avoir d'enfant afin de garder sa liberté. Épris de science et notamment de médecine, elle sera confrontée de près à la Peste Noire. Fille de marchand, puis religieuse, l'histoire d'amour qu'elle vit avec Merthin est complexe et parfois contradictoire. Enfin, il y a Gwenda, fille d"un fieffé coquin, voleuse de son état, désespéremment amoureuse d'un certain Wulfric -fils de riche paysan-. Elle n'aura de cesse de conquérir l'homme qu'elle aime et de le défendre bec et ongles voir plus...
Là-dessus, vous rajoutez une bonne vingtaine de personnages secondaires issus de toutes les sphères sociales de l'époque et vous obtenez un microcosme criant de vérité et une immersion totale dans le monde médiéval du XIVème siècle. On retrouve dans cet opus le souffle épique époustouflant qui m'avait littéralement bousculé et habité lors de ma lecture des Piliers. Difficile de décrocher et ce malgré l'épaisseur, chaque fin de chapitre est propice à l'interrogation et au suspens. J'ai éteint la lumière de mon chevet bien tard certains soirs (Attention: livre chronophage par excellence!). L'écriture n'est jamais lourde, elle se déguste et se digère sans aucun effort. Follett fait une fois de plus preuve de talent et d'ingéniosité pour nous maintenir en haleine. Seul défaut, certains artifices scénaristiques (une trahison, un méchant teigneux comme une teigne, une condamnation en justice...) déjà utilisés dans les Piliers et qui au bout d'un moment ereintent littéralement le lecteur (Vont-ils pouvoir s'aimer tranquille? Va-t-il finir par crever ce salaud? Mais pourquoi tant de haine?). Pour cela, je situerai cet opus un ton en dessous du premier... Mais franchement, cette critique négative n'est que du pipi de chat (pardon Tesfa) comparé aux qualités énumérées ci-dessus.
Un bon, gros et grand livre que je ne saurai trop vous conseiller. Merci Mr Follett!