"Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois
L'histoire: Un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L'armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, la décision des moines de rester coûte que coûte, se concrétise jour après jour…
La critique Nelfesque: J'ai été bouleversée par ce film. La lenteur de la narration, la simplicité des images, le silence, tout est mis en place pour que le spectateur soit au plus près de ces Moines Cisterciens, au plus près de leur mode de vie. Nous sommes plongés dans un silence contemplatif qui nous fait comprendre le fonctionnement de cette communauté et leurs choix futurs.
Ce film ennuiera sans doute certaines personnes et je suis surprise qu'il ait autant de succès car il baigne dans le "religieux". Les cérémonies tiennent une grande place dans le film, à l'image de leur importance dans la vie de ces moines. Sans doute faut il être un minimum croyant pour adhérer à ce long métrage. Pour ma part ça a été très intense.
Une scène m'a particulièrement touchée: celle du "lac des cygnes". J'ai bien essayé de retenir mes larmes mais je n'ai pas réussi. Les acteurs jouent tous divinement bien, leurs visages reflétant à merveille la compassion et la peur. C'est cette expression mêlant amour et appréhension qui m'a fait versé ma larme plus d'une fois. Comment peut-on donner sa vie, sans réserve, à un dieu, à une communauté, à une cause? Comment peut-on affronter la folie humaine en tendant l'autre joue? Et au final, comment peut-on pardonner? Les dernières paroles de frère Christian, joué pas Lambert Wilson, à ce propos, sont magnifiques. On ressort de la salle triste mais apaisé.
A chacun de voir si il adhère au "concept" mais pour moi ce film restera un grand moment de cinéma pour cette année.
La critique de Mr K: 4/6 un bon film. J'ai particulièrement apprécié la beauté des paysages algériens qui tendent ici vers un Eden perdu mais retrouvé pour un temps par la communauté. Ajouté à cela la bonté des moines et la simplicité des habitants du village placés sous leur "protection". Le métrage dure deux heures et s'attarde beaucoup sur ces rencontres, sur les travaux du monastère (labour, jardinage, recueil du miel, les prières, le coucher, les réunions du collège des moines...). Le rythme est lent, le temps s'égrainant au gré des activités des prêtre réguliers. Pas sûr que ça plaise à tout le monde. Autre grand point, l'interprétation des acteurs à la fois juste et sobre en toute circonstance. Wilson est impeccable comme à son habitude, Lonsdale est touchant à souhait dans le rôle de Luc moine-docteur à la fois drôle, sensible et un peu bourru. La palme à mes yeux revient à Olivier Rabourdin dans le rôle de frère Christophe, incroyable de précision dans le jeu d'acteur, son personnage traverse moultes épreuve dont une crise de foi sévère. Impressionnant de sobriété et une composition admirable. Rarement un acteur ne m'aura autant marqué dans un rôle.
Cependant je suis sorti du film mitigé. Le propos sur la nécessaire tolérance entre les hommes est certes bien mené et même finement mené mais la mayonnaise n'a pas pris. J'ai presque honte en l'écrivant, je ne suis pas sorti "assommé" de la salle de cinoche. Pas de larme, de boule à l'estomac comme pour un "Dancer in the dark" ou un "La route". Juste le sentiment d'avoir vu un bon film comme dit en début de critique, mais "seulement" un bon film. Déçu donc de n'avoir pas pris une bonne claque dans la tronche et pourtant les propos lu ici et là le laissaient supposer... Je ne comprends pas la récompense palmesque non plus, bien que plastiquement et techniquement parfait, le film manque à mon avis de souffle épique, universaliste. Peut-être que cette immersion dans un religieux que je connais mais dont je ne partage pas la vision de vie n'est pas étranger à cela...