"Les piliers de la terre" de Ken Follett
L'histoire: Dans l'Angleterre du XIIème siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent chacun à leur manière pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles... et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.
La critique de Mr K: Quel bon moment j'ai passé en lisant cet ouvrage! Bon, en même temps je ne prenais pas trop de risque: ça se passe au moyen-âge et les avis sur la blogosphère sont en général élogieux. C'est aussi mon premier bouquin depuis notre retour de Thaïlande. Un gros pavé pour préparer la rentrée! Difficile en tout cas de lâcher ce livre tant j'ai été pris dans cette histoire tourbillonnante, d'une densité conséquente et dans l'écriture leste et agréable de Follett. À noter que c'est ma première lecture de cet auteur.
L'histoire tout d'abord. En entrant dans Les pilliers de la terre vous faites le tour des différentes classes de la société médiévale à travers les destins croisés de nombreux personnages. Le Tiers État, représenté ici par Tom le batisseur et sa famille, reflet d'une réalité extrêmement difficile pour tous les travailleurs manuels de l'époque. Le Clergé avec le père Philip confié à Dieu suite au meurtre brutal de ses parents. Enfin, Aliéna et son frère dépossédés de leur comté, ayant juré à leur père moribond de tout faire pour récupérer le bien de leur famille, sont les représentants de la noblesse. Toute autour de ce triptyque, gravite un nombre impressionnant de personnages secondaires tous plus fouillés les uns que les autres, entre rencontres fortuites, rivalités diverses et haines passionnelles. Mention spéciale à William Hamleigh qui décroche la médaille de meilleur méchant de l'année littéraire de Mr K (bon, il reste encore 4 mois!): perfide, possédé, violent, sanglant, rustre, couard... tout pour plaire quoi!
Impossible en quelques lignes de résumer cette oeuvre monumentale. On passe de page en page de scènes intimistes à des discussions de la plus haute importance, de l'échelle locale à des considérations qui auront un impact européen. On cotoie à la fois les gueux et les puissants. Là où Follett est très très fort, c'est qu'on se rend compte que tout ce petit monde se débat pour survivre et résister aux affres du temps, les trahisons, les désirs contrariés quelque soit sa condition sociale. Rajoutez à cela la rudesse des conditions de vie et les lois de l'époque (codes religieux, codes royaux, codes seigneuriaux) et vous plongez avec délice (et parfois dégoût) en plein moyen-âge. Pas un moyen-âge de pacotille ou fantasmé, Le moyen-âge tel qu'il a du se dérouler et que des historiens comme Duby et Le Goff ont étudié toute leur vie. Pour cela, Follett est vraiment à féliciter!
1050 pages! Énorme... et pourtant, ça se lit tranquillement, sans aucun ennui qui pointe le bout de son nez et c'est avec surprise que parfois on relève les yeux et qu'on se rend compte qu'on a passé 2 heures dessus sans s'en rendre compte. Très bien écrit, sans lourdeur, Follett est un maître pour ce qui est de dérouler son intrigue et ménager le suspens. Les rebondissements sont nombreux et les coups de sang (coups de coeur aussi) du lecteur sont nombreux. J'aurais bien réglé son compte à quelques personnages du livre. Vraiment, je n'ai pas pu me détacher de ces différents destins et c'est un peu groggy (mais satisfait) que j'ai tourné la dernière page du livre. Une grande et bonne lecture comme il y en a peu dans le domaine de la littérature historique.
La critique Nelfesque (edit du 07/03/12): Bien qu'ayant vu Mr K adorer sa lecture durant l'été 2010 et ayant entendu beaucoup d'éloges sur ce présent roman, j'ai mis du temps à décider de lire "Les Piliers de la Terre". A cela, il y a plusieurs raisons. La première, et non des moindres, est que le Moyen-Age et moi ça fait 2! Je ne suis pas une fana de cette époque de l'Histoire que j'apparente d'emblée à la crasse et à la saleté. J'aime visiter des sites et des bâtiments moyen-âgeux mais je ne vais pas spontanément me documenter et lire des romans dessus. Rajoutez à cela que cette oeuvre-ci fait plus de 1000 pages et vous comprendrez mon hésitation.
Oui mais voilà, à force d'entendre que "Les Piliers de la Terre, il FAUT le lire" et autres "ralala c'est génial, tu ne dois pas passer à côté", j'ai craqué. Et j'ai bien fait!
Dès les premières pages, Ken Follett réalise un véritable kidnapping! Lever les yeux pour faire autre chose que poursuivre sa lecture? Impossible! Manger? Dormir? Sortir? N'y songeons même plus. J'exagère à peine... Cette oeuvre est une vraie addiction. On suit avec passion le destin de plusieurs personnages auxquels on s'attache très rapidement. Tom le batisseur bien entendu mais aussi le père Philip, Aliéna, héritière dépossédée de ses biens, Jack, le "beau-fils" de Tom... sont autant de personnages que l'on a plaisir à suivre d'année en année. "Les Piliers de la Terre" est une véritable saga avec ses espoirs, ses désillusions, ses obstacles à surmonter, ses gentils et ses méchants. Les méchants, parlons en! Alfred et William sont les pires crevures qu'il m'ait été donné de lire. On se plait à les détester, à vouloir les voir se matérialiser pour leur faire leur fête! Au Moyen-Age, on ne faisait pas dans la dentelle et certains encore moins que d'autres...
Les plus de 1000 pages défilent sans que l'on s'en rende compte. Aucun temps mort, aucun moment de répit pour le lecteur qui peut passer du bonheur à la désillusion en quelques pages. Ces états ne sont pas dus à l'écriture de Ken Follett qui a écrit ici une véritable pépite toujours juste et bien narrée, mais à ce qu'il fait subir à ses personnages. Tant de malheur dans la vie de certains (je pense notamment à Aliéna) pousserait au suicide bon nombre de nos contemporains.
Au final, j'ai été surprise par ce roman. Agréablement surprise. Très agréablement surprise même! "Les Piliers de la Terre", c'est du petit lait pour le lecteur qui est presque déçu de tourner la dernière page et voir arriver le mot "fin". Chapeau Ken Follett!
Ce roman entre aussi dans le cadre du "Défi des 1000" auquel Nelfe participe.