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Le Capharnaüm Éclairé
30 juin 2010

Léger oubli sur les retraites

retraitesParfois au détour d'un interview, une phrase vous frappe: elle touche juste. Elle résume tout. Rappelons brièvement les faits. Après quatre mois, la partie de cache-cache sur les retraites se termine. Le gouvernement a hurlé à la catastrophe (faut réformer de toute urgence!), lâché des petites rumeurs aussitôt démenties (rien n'est décidé, voyons!), testé le degré de mobilisation des syndicats (même pas 1 millions de manifestants selon la police, sont nuls!), montré du doigt les fonctionnaires (salauds de privilégiés!). Et Sarkozy siffle aujourd'hui la fin de la récré. Maintenant, faudra travailler plus pour gagner autant, les gars, c'est pour votre bien, et le premier qui dit que j'ai promis le contraire pendant ma campagne est un menteur.

Interviewé par "La Voix du Nord" (29/5), Michel Delebarre, député-maire de Dunkerque, fait cette remarque: "On veut faire continuer à travailler les plus vieux alors que tant de jeunes ne demandent que cela! C'est tout simplement invraisemblable. Alors que le financement des retraites ne sera solide que s'il y a de l'emploi". Voilà, c'est tout. Et ça suffit.

Les sarkozystes ont juste oublié un détail: les 4 millions de chômeurs. Ceux qui pointent, désespèrent, tournent en rond. Les jeunes, surtout, dont le taux de chômage a récemment battu un record historique: 29%. Ils ne cotiseront pas pour les retraités de demain. A quoi sert de forcer les plus vieux à bosser si de plus en plus de jeunes se retrouvent au chômage et incapables de payer les retraites des futurs vieux? Nos dirigeants ne cessent de faire des projections à l'horizon 2050: mais, l'urgence, ce ne sont pas les retraités de 2050, ce sont les chômeurs d'aujourd'hui! Leur donner satisfaction serait trop simple, évidemment. Vous imaginez un gouvernement qui essaierait de donner du travail aux jeunes et du repos aux vieux? Qui ne prendrait pas la mondialisation pour une nouvelle fatalité devant laquelle il faudrait s'incliner, et dont il faudrait accepter les décisions les plus cruelles et les plus injustes. Qui ne resterait pas les bras ballants devant les délocalisations. Qui ne laisserait pas le tissu industriel s'effilocher. Qui ne continuerait pas à vider les campagnes de ses agriculteurs. Qui essaierait de réorienter cette économie productiviste devenue folle vers une économie plus humaine, sobre, sans faux besoins. Non, voyons: tout cela serait détestable. Permettre aux simples citoyens de redonner du sens à leur travail et à leur vie, ce serait très mauvais, puisqu'ils risqueraient de renoncer à TF1, aux yaourts Actimel, à l'iPad, bref à toutes ces merveilles dont on dit qu'elles font notre bonheur et surtout celui des gens qui nous les vendent, entre autres tous nos amis du Fouquet's.

Laisser le chômage massif s'installer, et donc dézinguer les retraites par répartition tout en prétendant les sauver, voilà qui est nettement plus fortiche...

Jean-Luc Porquet, rubrique Plouf! du Canard enchaîné n°4677, dessin de Bar tiré de son blog.

 

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Commentaires
M
On est mal en tout cas..<br /> Merci pour cet article, il en faut.
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M
Fée paradis: No pasaran!!!! : )
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F
Cet article touche là où ça fait mal. Vive le CAC40 et les paradis fiscaux, et les autres démerdez-vous. Cette réforme des retraites aura au moins réussi à réveiller ma conscience endormie par trop de réformes à la noix. No pasaran !
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V
Le gouvernement en a parfaitement conscience. Il ne cherche pas à te faire cotiser plus longtemps, il cherche à te verser moins de retraite.<br /> Le boulot, tout le monde sait qu'on en aura pas plus à 56 ans qu'à 65. Seulement, on connaitra le chômage,la fin des droits à l'assurance chômage, la vente de la maison pour se nourrir etc...<br /> Le travail, c'est clair qu'il n'y en a pas pour tout le monde.<br /> On dirait bien que cette mesure est hypocrite, non ?
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M
@vincent: Pas con, ça leur ferait pas de mal de faire un séjour au goulag à Pernaud et consorts... ;)
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V
je reviens au communisme, ces temps-ci, sweet utopie..
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