L'histoire: Jeune instituteur dans l’Outback, au coeur de l’Australie, John Grant doit passer la nuit à Bundanyabba avant de s’envoler pour Sydney. Il dépose ses valises à l’hôtel, va boire un verre et jouer dans l’un des nombreux pubs de cette petite ville torride et poussiéreuse, où tout le monde s’ennuie...
"Cinq matins de trop" nous fait vivre le cauchemar éveillé d’un homme ordinaire, qui devient peu à peu accro à l’alcool, au jeu, au sexe, à la violence, jusqu’à l’autodestruction.
La critique Nelfesque: Autant le dire tout de suite, j'ai adoré ce roman! Une écriture fluide, simple, un personnage principal captivant, "Cinq matins de trop" a tous les ingrédients d'un bon livre.
Nous suivons John dans sa descente aux enfers avec l'angoisse au ventre. Que va-t-il lui arriver? Comment va-t-il réagir face aux coups durs? Il n'y a pas de réelles surprises à la lecture de cette oeuvre, on s'attend à ce que toute la misère du monde lui tombe sur les épaules mais on assiste aux déroulements des évènements avec appréhension. Car le plus dur n'est pas ce que va vivre John, ses problèmes d'argent ou son début d'addiction à l'alcool, mais plutôt sa façon de les vivre.
Une scène est particulièrement éprouvante: la chasse aux kangourous. Après diverses "épreuves", John n'est plus le même homme, complètement ouaté dans l'alcool, grisé par la violence de ses camarades de beuvenir, il sombre dans la folie. L'instituteur n'est plus qu'une brute, un fou, un meurtrier...
Comme spectateur de sa propre vie, de sa propre déchéance, il va assister immobile aux épisodes de son destin qui vont radicalement changer sa vie. A chaque moment, il a le choix de poursuivre sa folie ou de mettre un coup de pied à terre pour refaire surface. A chaque fois, il fait le choix de ne pas choisir et sombre peu à peu dans l'ombre de lui-même. Jusqu'où va aller cette descente aux enfers? On s'imagine aisément l'issue de cette histoire mais les dernières pages sont une belle surprise.
"Cinq matins de trop" est une lecture difficile émotionnellement. Elle nous montre que l'homme est faible, qu'il est toujours plus facile de se voiler la face et de se laisser couler que de regarder en face ses erreurs et tenter de redresser la barre. Elle nous montre aussi la misère sociale dans laquelle vit certains êtres humains et donne un début d'explication à qui souhaite comprendre.