Résumé?
"J'écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n'ont pas envie d'être protecteurs, ceux qui voudraient l'être mais ne savent pas s'y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. Parce que l'idéal de la femme blanche séduisante qu'on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu'il n'existe pas" V.D.
La critique de Mr K:
Hasard du calendrier, je chronique le présent ouvrage le lendemain de la journée de la femme. On ne pouvait mieux faire! Certes Virginie Despentes est dérangeante, déroutante... mais en voilà une qui écrit avec ses tripes et ne mâche pas ses mots. C'est sa qualité première et c'est ce que j'aime! De sa bibliographie inégale, je n'avais pour l'instant retenu comme essentiels que "Baise moi" et "Mordre à travers"... j'y rajouterais celui-ci!
Dans cet essai, l'auteur aborde un thème qui lui est cher: le féminisme. Nous sommes tous touchés par ce thème, hommes autant que femmes, puisque le féminisme parle du rapport entre les deux. King Kong Théorie parle donc des femmes, de toutes celles qui ne trouvent pas leur place, mais aussi des hommes qui refusent celle qu’on leur réserve habituellement. Il n'est donc pas question d'opposer les deux sexes (comme cela a déjà pu être fait) mais bien de réfléchir aux tenants et aux aboutissements des relations hommes-femmes de l'intimité du couple au corps social tout entier.
C'est à travers le prisme de trois réalités qu'elle a vécu ou connu que Despentes écrit ce "manifeste pour un nouveau féminisme" comme le proclame certains et certaines: le viol, la prostitution et la pornographie. À travers ces trois exemples, elle essaie de montrer que la perception traditionnelle de ces trois sujets est profondément ancrée dans nos sociétés et vise à perpétuer la domination du mâle (le dictat de l'apparence, la féminité-putasserie, la morale ambiante machiste, la jouissance sadique du violeur...).
Et le tout... au chalumeau! La langue est malmenée, directe, vulgaire mais oh combien vivante, provocatrice et donc réflective. Personnellement, j'ai trouvé par moment que ce livre ressemblait davantage à une espèce de thérapie dans laquelle veut nous entraîner l'auteur. On la sent bourrée de complexes (elle ne s'aime pas, c'est sûr) et revancharde (violée à 17 ans et prostituée occasionnelle par la suite) mais comme elle le dit si bien au dos: elle écrit pour les laisser pour compte et elle a le sentiment d'appartenir à leur clan. Je n'ai pas été séduit par l'ensemble de l'argumentaire (notamment en ce qui concerne le porno) mais dans les jours qui suivirent je n'ai pu m'empêcher d'analyser les différents programmes que nous avons pu suivre Nelfe et moi sur la boîte à connerie. Bien que conscient du machisme ambiant, j'ai pu mesurer l'étendue des dégâts à sa juste valeur! C'est super d'être un mec et je ne changerais pour rien au monde! Le pire exemple était une émission appelée "Nouveau look pour une nouvelle vie" en deuxième partie de soirée où deux filles de 9 et 14 ans avaient inscrit leur mère qu'elles ne trouvaient plus belle! Grâce à son relooking (comme disent les cakes!), elle allait retrouver sa place dans la société et dans le coeur de ses filles! À vomir! La mère consent et là... j'ai éteint la télé me sentant près à commettre un geste pourtant salutaire pour mon esprit: la balancer dehors!
Mais là, je m'égare... Qu’on soit d’accord ou non avec son propos, King Kong Théorie fait réfléchir et aborde des sujets de société importants sous des angles nouveaux. Il s'apparente à un cri (ou plutôt une bonne gueulante) brisant la démocratie et la pensée molle. C’est surtout avant tout, "un manifeste pour que les femmes soient enfin libres et que les hommes vivent leur masculinité d’une autre manière que celle imposée par la société traditionnelle", et là... y'a du boulot!
I love you Virginie...