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Le Capharnaüm Éclairé
30 juillet 2008

Préparatifs d'avant J.O

chine_repressionLe régime chinois n'a cessé de se raidir, ces derniers mois, à l'encontre de dissidents, journalistes et défenseurs des droits de l'homme susceptibles d'embarrasser la Chine à l'approche de ce que celle-ci perçoit comme son grand rendez-vous avec l'Histoire : les Jeux olympiques de Pékin, organisés du 8 au 24 août.

Reflétant ce renforcement de la répression à une huitaine de jours de l'ouverture des compétitions, Amnesty international a publié, le 28 juillet, un rapport très critique contre Pékin, accusant les "autorités d'utiliser les Jeux olympiques comme un prétexte visant à perpétrer, et dans certains cas à intensifier, les politiques et les pratiques en vigueur conduisant à de sérieuses violations des droits de l'homme".

Le nombre de prisonniers politiques ou de conscience en Chine est difficile à établir mais, ces derniers mois, arrestations et condamnations de personnes menaçant de gâcher la grande fête olympique se sont succédé à un rythme soutenu.

Dernier exemple en date de cette répression, celui de Ni Yulan, ancienne avocate et activiste de 47 ans, qui doit être jugée, lundi 4 août, pour avoir pris la défense de Pékinois expulsés de chez eux dans le cadre de la modernisation de vieux quartiers de la capitale à l'approche des Jeux. Mme Ni avait été arrêtée il y a trois mois pour "obstruction à projets officiels", c'est-à-dire pour avoir soutenu les protestations de citoyens en colère contre ces expulsions. Elle avait auparavant été emprisonnée durant un an et ne se déplace plus, depuis, qu'avec l'aide de béquilles en raison des mauvais traitements subis durant sa détention.

"SECRETS D'ETAT"

Un autre défenseur des droits des propriétaires, Ye Guozhu, n'a pas été libéré alors qu'il venait pourtant finir de purger une peine de quatre ans de prison pour avoir demandé la permission d'organiser une manifestation devant réunir une dizaine de milliers de personnes pour protester contre la destruction de leurs résidences. Le motif de la poursuite de sa détention est d'avoir tenté de "provoquer des rassemblements destinés à troubler l'ordre public", a expliqué son frère, Ye Guoqiang, avant d'ajouter : "Je ne vois pas bien comment il aurait pu préparer de tels rassemblements puisqu'il était détenu depuis quatre ans..."

Arrêté depuis le 10 juin, l'activiste Huang Qi, qui faisait campagne pour la défense de victimes du séisme du Sichuan, au cours duquel des milliers de parents ont perdu leurs enfants, tués dans l'écroulement de bâtiments scolaires trop fragiles, a été inculpé le 18 juillet dans la ville de Chengdu. Le motif de son arrestation : "possession illégale de secrets d'Etat", une formule habituellement utilisée par la justice chinoise pour inculper sans preuve des dissidents. M. Huang, 44 ans, fait partie de la liste de sept prisonniers politiques chinois que Daniel Cohn-Bendit vient de remettre à Nicolas Sarkozy, qui assistera à la cérémonie d'ouverture des Jeux, le 8 août à Pékin. Le coprésident du groupe Vert au Parlement européen a demandé au chef de l'Etat de remettre cette liste au président chinois, Hu Jintao, et de lui demander leur libération.

Le 21 juillet, le "cyber-dissident" Du Daobin, 43 ans, a été de nouveau arrêté à Yincheng, dans la province de Hubei, pour "avoir publié plus de cent articles à l'étranger, avoir circulé sur le territoire chinois et hébergé des amis sans autorisation", a indiqué récemment Reporters sans frontières (RSF). Reconnu coupable d'"incitation à la subversion d'Etat", il avait été condamné, le 11 juin 2004, à trois ans de prison assortis d'une période de probation.

En mai, le journaliste Qi Chonghuai a été condamné à quatre ans de prison pour "fraude et extorsion de fonds" dans la province du Shandong. Agé de 42 ans, ce rédacteur du journal Fazhi Zaobao ("Le Matin de la loi") a souvent dénoncé la corruption dans les milieux politiques et des affaires. Il avait été arrêté le 25 juin 2007 après avoir mis en ligne, sur le site Internet de l'agence de presse Chine nouvelle, un article fustigeant des cadres corrompus du Parti communiste. Quant au plus célèbre des dissidents chinois, Hu Jia, il a passé seul, en prison, son 35e anniversaire, le 25 juillet, ni sa famille ni son épouse n'ayant été autorisés à lui rendre visite. Ce défenseur des droits de l'homme et de la démocratie avait été condamné le 3 avril à trois ans et demi de prison pour avoir publié des "secrets d'Etat" sur des sites Internet étrangers. Bertrand Delanoë, le maire de Paris, lui a décerné le statut de citoyen d'honneur de sa ville.

Cette liste n'est pas exhaustive. L'intensification de la répression est clairement due au souci marqué du régime d'écarter tous les gêneurs qui pourraient profiter des JO pour dénoncer le manque de liberté et les abus de pouvoir à un moment où les projecteurs de l'actualité sont braqués sur la Chine.

Bruno Philip, Le Monde.fr, mercredi 30 juillet

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