Payer pour offrir son corps...
Comme tout le monde, Jean-Claude avait entendu parler de la "grande misère" de l'université française, mais il n'en soupçonnait pas l'ampleur. Cet habitant de Rochechouart, en Haute-Vienne, s'adresse, début décembre, au laboratoire d'anatomie de la faculté de médecine de Limoges. La perspective de devenir un sujet d'études pour les carabins locaux ne le gênant pas, il propose de léguer, après sa mort, son corps à la science.
Le 7 décembre, il reçoit une aimable lettre de faculté de médecine le remerciant pour "ce très beau geste de solidarité humaine". En revanche, le formulaire joint le laisse un peu rêveur: "Pour prendre en charge les frais de gestion du corps, qui se montent à 610€", l'université lui conseille de souscrire une assurance-épargne funéraire "qui permet un versement unique et définitif".
"Cette situation est désolante, reconnaît le professeur Denis Valleix, président du laboratoire d'anatomie, mais nos charges ne sont pas couvertes par nos crédits de fonctionnement, et nous avons des frais de transport et de crémation du cadavre, après utilisation, que nous ne pouvons pas assumer autrement".
En clair, l'expression "léguer son corps à la science" est totalement obsolète...
Tiré du "Canard enchaîné" n°4552, daté du 23/01/08